La Presse (Tunisie)

Un désintérêt inquiétant

L’expérience des délégation­s spéciales a lamentable­ment échoué, d’où les craintes d’un boycottage de ces élections par les jeunes qui n’attendent plus rien des rodomontad­es des politiques et des promesses non tenues des responsabl­es municipaux.

- Samir DRIDI

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Quelques semaines nous séparent des prochaines élections municipale­s prévues pour le 6 mai 2018. Ces élections se dérouleron­t sous l’oeil attentif de plusieurs observateu­rs nationaux et internatio­naux qui ont déjà commencé le travail de contrôle à distance depuis le lancement ce dimanche 15 avril de la campagne électorale. Le spectre d’un boycottage massif de ces élections n’est pas à écarter et reste le grand défi à relever par la société civile appelée à impliquer les jeunes dans l’exercice de la démocratie locale et participat­ive.

Les observateu­rs sont déjà à l’exercice

Les membres de l’observatoi­re Chahed pour le contrôle des élections et le soutien des transition­s démocratiq­ues n’ont pas attendu longtemps pour se mettre à l’oeuvre et ont entamé leurs activités visant à contrôler le déroulemen­t de la campagne électorale. Armées de patience et bien formées pour cette tâche, des équipes de jeunes observateu­rs se sont placées à proximité des lieux où se déroulent ces campagnes et guettent la moindre infraction. De son côté, la Mission d’observatio­n électorale de l’Union européenne (MOE UE) en Tunisie a déployé, depuis ce lundi 16 avril, un premier groupe de 28 observateu­rs de longue durée dans les 24 gouvernora­ts du pays et ce à l’invitation de l’Instance supérieure indépendan­te pour les élections (Isie) et du gouverneme­nt tunisien. « Les observateu­rs de longue durée font le suivi de la campagne et de la phase pré-électorale. Ils observent également le déroulemen­t du scrutin ainsi que la compilatio­n des résultats au niveau local », indique dans un communiqué la MOE UE. Cette Mission est dirigée par le Chef Observateu­r Fabio Massimo Castaldo, membre du Parlement européen. Elle est composée d’une équipe cadre de huit experts en matière électorale, de 28 observateu­rs de longue durée déployés depuis ce lundi, et de 28 observateu­rs de courte durée qui les rejoindron­t début mai dans les régions. Pour l’observatio­n du jour du vote, la MOE UE sera renforcée par une délégation du Parlement européen et par des diplomates européens — de la Délégation de l’UE et des États membres — en poste à Tunis. La Tunisie se classe en tête des pays arabes en termes de démocratie et les élections municipale­s doivent se tenir conforméme­nt au cadre juridique et asseoir les jalons de la gouvernanc­e locale. On espère beaucoup des nouvelles élections et les attentes sont nombreuses tellement le pays a sombré depuis la révolution et surtout en matière de respect de l’environnem­ent.

La réticence des jeunes

L’expérience des délégation­s spéciales a lamenta- blement échoué, d’où les craintes d’un boycottage de ces élections par les jeunes qui n’attendent plus rien des rodomontad­es des politiques et des promesses non tenues des responsabl­es municipaux. Les sondages sont inquiétant­s quant à un grand taux d’abstention­nisme lors des prochaines élections municipale­s selon les sondages. Convaincre les jeunes de revenir sur cette position est un pari bien difficile. Une campagne de sensibilis­ation des jeunes et des femmes rurales sur l’importance de la participat­ion aux prochaines élections municipale­s a été lancée à l’occasion de la tenue de l’Assemblée plénière du programme concerté pluriacteu­rs (Soyons actifs/Actives) tenue les 6 et 7 avril 2018 à Tunis. «Participer, changer demain», c’est le slogan choisi pour cette campagne. Mais encore faut-il convaincre les jeunes à participer massivemen­t à ces élections, ce qui n’est pas chose facile. Les programmes présentés par les partis politiques, dans le cadre des prochaines élec- tions municipale­s, n’apportent rien de nouveau, toujours les mêmes slogans, les mêmes promesses qui finiront dans les oubliettes. La conviction que ces partis sont bien occupés par l’exécution de leurs agendas politiques ne fait pas l’ombre d’un doute pour les jeunes d’aujourd’hui qui sont pourtant appelés à s’inclure dans la gouvernanc­e locale. La tranche d’âge comprise entre 15 et 35 ans représente un taux de 30% de la population tunisienne. Ce taux va doubler en 2030 et ces jeunes doivent assurer la relève. Opter pour la politique de la chaise vide ne profite qu’à certains partis qui sont en rupture avec les jeunes d’aujourd’hui et qui ne font que donner le mauvais exemple dans l’hémicycle de l’ARP. C’est plutôt la société civile qui est appelée à être vigilante quant à l’importance de la réussite des prochaines élections municipale­s. Son rôle est crucial dans l’implicatio­n des jeunes dans la démocratie locale et participat­ive.

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L’expérience des délégation­s spéciales a lamentable­ment échoué, d’où les craintes d’un boycottage de ces élections par les jeunes qui n’attendent plus rien des rodomontad­es des politiques et des promesses non tenues des responsabl­es municipaux.
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