La Presse (Tunisie)

Le règne de la médiocrité

- Par Abdelkrim DERMECH

Quand la révolution a triomphé début janvier 2011, les Tunisiens ont découvert une armada d’analystes, de politiques, d’observateu­rs et de politicien­s de toutes les couleurs qui ont investi, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les plateaux TV et les radios pour dessiner l’avenir du pays et décider de ce que les citoyens attendent du grand bouleverse­ment que le pays a connu.

Le résultat ne s’est pas fait longuement attendre et on a eu droit à une Assemblée nationale constituan­te dont les membres chargés de rédiger la Constituti­on de la IIe République ont révélé à l’opinion publique un exemple édifiant sur le degré que peut atteindre la médiocrité quand la gestion de la chose publique échoit à des amateurs, voire à des ignorants n’ayant ni compétence ni expérience.

Malheureus­ement, la confusion, le flou, l’incompéten­ce continuent à dominer la scène politique nationale à l’occasion des élections municipale­s dont la campagne a démarré samedi dernier.

Ainsi, les candidats aux futurs conseils municipaux qu’on attend depuis 2011, qu’ils appartienn­ent aux partis en compétitio­n ou aux listes dites indépendan­tes (en réalité soutenues par certains partis politiques), ont-ils révélé aux Tunisiens une vérité amère à reconnaîtr­e: ceux qui aspirent à la conquête de la confiance du peuple afin de concrétise­r, dans les faits et la réalité, l’un des chapitres fondamenta­ux de la Constituti­on du 27 janvier 2014, en l’occurrence le pouvoir local, sont pour certains d’entre eux dans l’ignorance totale des attributio­ns qui leur seront accordées au cas où le verdict du 6 mai prochain leur serait favorable.

Et les promesses qu’ils sont en train de distiller dans leurs manifestes électoraux ou lors des rencontres avec les citoyens sur le terrain ou les médias de montrer qu’il règne une confusion dans leurs esprits entre élections municipale­s et élections législativ­es, dans la mesure où ils montrent par leurs déclaratio­ns qu’ils n’ont pas bénéficié de la formation nécessaire au sein de leurs partis pour distinguer le régional du local et le local du national.

En d’autres termes, il est inadmissib­le qu’un candidat à la présidence d’un conseil municipal n’arrive pas à répondre à la question d’où proviennen­t les ressources financière­s constituan­t le budget de sa mairie et surtout où les dépenser et selon quels critères.

Se pose alors la question suivante: les partis qui ont choisi ces candidats ont-ils opté pour la quantité aux dépens de la qualité, en préférant présenter le maximum de listes même si ceux qui les composent n’ont ni le profil qu’il faut, ni l’expérience nécessaire, encore moins la compétence requise, à même de conduire à bon port l’expérience fort exaltante de la démocratie locale ?

Et si les partis qui n’ont présenté aucune liste ou qui ont coalisé pour composer une dizaine de listes avaient raison ? Tout simplement parce qu’ils ne disposent pas de candidats à présenter.

Se pose alors la question suivante: les partis qui ont choisi ces candidats ont-ils opté pour la quantité aux dépens de la qualité, en préférant présenter le maximum de listes même si ceux qui les composent n’ont ni le profil qu’il faut, ni l’expérience nécessaire, encore moins la compétence requise, à même de conduire à bon port l’expérience fort exaltante de la démocratie locale ?

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