La Presse (Tunisie)

Quand la démesure se fait langage

L’artiste semble aborder ses surfaces récupérées (du bois usé qui raconte les marques du temps et autres cartons) comme l’on aborderait un grand mur offert à nos désirs et à nos envies et sur lequel l’on pourrait inscrire et tracer nos pensées et autres b

- M.M.

La galerie Musk and Amber abrite à nouveau une exposition signée l’artiste Jneïna Messaoudi et intitulée «Disjoncté». Une occasion de découvrir un univers coloré à souhait et spontané où l’artiste met en scène des bribes d’humeurs, sème, à n’en plus finir, une multitude de figures dans différents supports, s’engage dans une folle quête de soi et pose un regard gravement joyeux sur notre condition d’humain. Née le 1er décembre 1983 à Tunis, Jneïna Messaoudi est artiste plasticien­ne. Elle a obtenu son diplôme en arts plastiques à l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis en sculpture et en photograph­ie. Jneïna Messaoudi a exploré l’art sous bien des formes, avant de trouver son mode d’expression favori dans la peinture. Son approche artistique si singulière s’inspire d’artistes, tels que l’Autrichien Egon Schiele et l’Americain Jean-Michel Basquiat. Mélangeant matières et textures, elle peint le plus souvent sur bois, une matière qu’elle a appris à connaître, à dompter et dont elle aime l’aspect résistant et rebelle. Jneïna semble aborder ses surfaces récupérées (du bois usé qui raconte les marques du temps et autres cartons) comme l’on aborderait un grand mur offert à nos désirs et à nos envies et sur lequel l’on pourrait inscrire et tracer nos pensées et autres bouts d’idées surgis instantané­ment. Un grand mur que l’artiste investit selon son humeur et au gré de ses inspiratio­ns et qu’elle remplit avec ses gribouilli­s de personnage­s fantasques et surréalist­es accompagné­s de différente­s inscriptio­ns, en usant de peintures, crayons de couleurs, pastel et autres collages. Ce mur prend l’allure de divers bouts de bois de différente­s dimensions ou des «totems» (sorte de colonnes en carton dur) qu’elle remplit en «all over» avec ses figures naïvement tracées aux traits disproport­ionnés, aux yeux, très souvent, asymétriqu­es et une anatomie comme vue et dessinée par un enfant. Un coup de pinceau (et de crayons) au style «naïf» et enfantin baigné dans la richesse d’une palette vive et exubérante. De la démesure dans cette folle valse picturale avec une pléthore de couleurs et de détails : des cactus, des couronnes, des regards tristes, des grimaces, des crinières bleues, une agora folle, une humanité déchaînée, des simulacres d’êtres entassés qui se chevauchen­t, se bousculent, flottent et s’agitent. Jneïna pose son regard et se situe dans cette folle palette, ce trop-plein de détails, d’ornementat­ions, de mimique, ce langage facial moqueur semblant vouloir masquer un sentiment d’angoisse qui prend de l’ampleur au fil des 60 oeuvres qu’elle expose. «La comédie humaine» façon Jneïna, couchée sur du bois et du carton, dans laquelle elle essaye de décrire la totalité du réel (de son réel) traité en fragments ou dans des plans d’ensemble. A voir jusqu’au 11 mai.

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Les totems de Jneïna
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L’artiste posant devant ses oeuvres

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