La Presse (Tunisie)

La campagne ne décolle pas !

Alors qu’une semaine s’est déjà écoulée depuis le démarrage de la campagne électorale, on attend toujours que les candidats fassent enfin aux électeurs des promesses réalistes et réalisable­s. Entre-temps, les coachs ont beaucoup de travail à faire pour qu

- A. DERMECH

• Alors qu’une semaine s’est déjà écoulée depuis le

démarrage de la campagne électorale, on attend toujours que les candidats fassent enfin aux électeurs des promesses réalistes et réalisable­s. Entre-temps, les coachs ont beaucoup de travail à faire pour que les candidats saisissent ce qui les attend

• Que faut-il faire pour que les Tunisiens se retrempent

dans la merveilleu­se ambiance qui a précédé la journée du 23 octobre 2011, jour de l’élection de l’Assemblée nationale constituan­te ? Ce sont les partis politiques, dont en premier lieu Ennahdha et Nida Tounès, qui sont les mieux indiqués pour répondre à cette question.

Quand on parlait du divorce ou de la rupture entre le discours à travers les médias et les réseaux sociaux des partis politiques et les préoccupat­ions quotidienn­es des citoyens, on répondait aux critiques qu’il fallait attendre les élections municipale­s pour découvrir l’engouement des Tunisiens pour la chose publique dans la mesure où ils vont décider de l’avenir de leurs cités pour la première fois dans l’histoire du pays et que cette fois ils choisiront les candidats qu’ils connaissen­t personnell­ement et à qui ils demanderon­t des comptes sur leur manière de gérer les mairies. Et même si le Code des collectivi­tés locales sur la base duquel seront gérés les futurs conseils municipaux tarde à être adopté par les députés (il est maintenant sûr qu’il ne sera pas adopté avant le 6 mai prochain), on s’attendait à une campagne électorale où les candidats, qu’ils appartienn­ent aux partis en compétitio­n ou qu’ils se présentent en indépendan­ts, vont à la rencontre des électeurs pour leur proposer un débat ouvert où ils écoutent leurs propositio­ns et leurs approches propres à transforme­r leur vécu quotidien. Autrement dit, la campagne électorale des municipale­s était considérée comme un moment de réconcilia­tion du citoyen avec la chose publique et aussi une opportunit­é pour qu’il participe directemen­t à la gestion de la municipali­té de sa ville. En plus clair, les municipale­s, telles que conçues dans le chapitre 7 de la Constituti­on relatif au pouvoir local, offrent aux citoyens, y compris ceux affiliés aux partis politiques, la chance de se libérer de la mainmise de ces mêmes partis et de contribuer eux-mêmes, avec les candidats qu’ils choisissen­t, à dessiner l’avenir de leurs cités. Malheureus­ement, quand le coup d’envoi de la campagne électorale a été donné le samedi 14 avril, on s’est retrouvé face à des candidats (partisans et indépendan­ts) qui développen­t un discours n’ayant aucun rapport avec ce qu’attendent les citoyens d’un conseiller municipal, qui se présentent aux électeurs pour solliciter leur confiance et leurs voix en ayant recours aux procédés datant de l’époque révolue quand on monnayait sa voix à l’électeur et on l’obligeait à voter pour telle ou telle liste. Et les jours de la campagne électorale de passer et de se ressembler dans le sens où les Tunisiens se retrouvent avec des surprises quotidienn­es que les candidats et les partis qui les soutiennen­t ainsi que les listes dites indépendan­tes (tout le monde soutient qu’elles sont des listes écrans pour certains partis politiques) s’ingénient à leur réserver. De la liste des candidats qui s’autorise à masquer les photos de ses membres femmes à la jeune ingénieur tête de liste qui promet «de rapprocher les citoyens de sa commune les uns des autres», à la liste des onze Baâzaoui qui aspirent au nom du Front populaire à remporter la mise à la municipali­té de Cherarda relevant du gouvernora­t de Kairouan, en passant par la liste du Courant démocratiq­ue concourant pour la municipali­té de la capitale qui met en valeur dans son manifeste électoral Samia Abbou, son mari Mohamed Abbou, Mohamed Hamdi et Ghazi Chaouachi, alors que les candidats sont en arrièrepla­n et la promesse faite par les candidats nidaistes à Jebniana de faire en sorte que la délégation accède au statut d’un gouvernora­t. L’impression générale qui se dégage de cette semaine de rencontres et d’animation des rues et des artères des villes est que les élections municipale­s intervienn­ent à un moment inopportun ou sont mal gérées par ceux qui s’y sont portés candidats. Plusieurs observateu­rs considèren­t qu’aux dépassemen­ts commis par les candidats en course et à l’ignorance de la part de ces mêmes candidats des attributio­ns qui leur seront accordées par le code sur les collectivi­tés locales, s’ajoutent le désintérêt que manifesten­t les citoyens à l’égard des candidats et des partis qui les soutiennen­t et la méfiance qu’ils opposent aux promesses folkloriqu­es qu’ils font, ce qui accentue la crainte de voir les électeurs bouder les urnes le jour du vote. Que faut-il faire pour que les Tunisiens se retrempent dans la merveilleu­se ambiance qui a précédé la journée du 23 octobre 2011, jour de l’élection de l’Assemblée nationale constituan­te, et retrouvent l’enthousias­me, la volonté et l’engouement de faire la queue de longues heures pour choisir leurs futurs conseiller­s municipaux ? Ce sont les partis politiques, dont en premier lieu Ennahdha et Nida Tounès, qui sont les mieux indiqués pour répondre à cette question. «Leurs stratèges en communicat­ion et leurs spécialist­es ès élections ont encore plus de 10 jours pour corriger leurs erreurs et ouvrir à leurs candidats la voie qui leur permettra de se faire entendre par les électeurs», souligne un observateu­r «mais à condition qu’ils reconnaiss­ent qu’ils n’ont pas remporté déjà la mise».

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