Vision nouvelle, défis anciens !
Médias et société civile sont impliqués comme partenaires d’avenir
Il y a presque un quart de siècle, le Citet (Centre international des technologies de l’environnement de Tunis) a fini par saisir qu’il n’était pas sur la bonne voie. Pourtant, il a suffisamment de moyens de financement et d’innovation, censé, lui aussi, sensibiliser aux impératifs d’un environnement industriel sain et compétitif. Un objectif qui figure sur la liste des ODD recommandés par les Nations unies depuis bien longtemps. Créé en 1996, suite au sommet de Rio de Janeiro dont la déclaration finale avait, alors, focalisé sur le transfert des technologies écologiquement rationnelles, ce centre s’est vu justement limité à une démonstration de force en termes d’expertise et d’assistance. Alors que la loi le régissant lui a délégué autant d’attributions et des motivations. Une dizaine de chefs se sont succédé à sa tête sans pour autant que le Citet pense à son évolution. Jusqu’à l’accession de M. Salah Hassini, nouveau directeur général, personne n’a pris l’initiative du changement. Par passivité ou par lâcheté ? Pourquoi a-ton agi ainsi, bien que la loi l’ait déjà permis ? Faute d’une volonté politique qui pousse vers ce choix, ou d’une cer- taine gouvernance de mauvaise foi. Dans les deux cas, il y a anguille sous roche ! Entre-temps, l’eau coule sous les ponts. De toute façon, cela revient au nouveau responsable de faire bouger les lignes et séparer le bon grain de l’ivraie. Et ce avant même de s’attaquer à tout projet de réforme. Peu importe l’entreprise, l’administration tunisienne, jugée en partie corrompue, a besoin plus que jamais de se relever et de passer la vitesse supérieure. L’homme a sa propre vision, voire un tournant crucial qu’il voudrait aborder sans reculer. Bref, il vise le transfert des technologies durables, vrai catalyseur de l’économie verte. Pour lui, il est grand temps de rectifier le tir et de se tourner vers l’avenir. « Il s’avère aussi nécessaire de réorienter le Citet pour le faire rayonner à plus large échelle, nationale, régionale et méditerranéenne.. », lance-t-il. Estil en mesure de voler de ses propres ailes ? « Avec ses potentialités actuelles, il sait bien jouer son rôle avec toute l’efficacité requise», estime M. Hassini, plein d’idées et d’ambitions. Leçons du passé Dans son plan d’action, l’écoinnovation est toujours en vedette. Comme s’il voulait rattraper le temps perdu, il s’en tient à faire de son mieux pour y arriver. De son côté, M. Faouzi Hammouda, actuellement directeur de la documentation et de l’information au Citet, met toujours en avant le potentiel humain. Il y a près de dix ans, il était déjà chargé de la formation et du renforcement des compétences, et pourtant il le défend encore, sans voir rien venir. Peut-être qu’il n’a pas eu les mains libres pour mieux faire. Mais, cela n’est pas aussi évident. Communication environnementale mise à mal, sinon on ne l’a pas fait dans la dentelle. Etre responsable, c’est avoir, quand même, un pouvoir de décision. Aujourd’hui, M. Hammouda revient sur ses pas, soulignant l’apport des compétences. Autre question, la concurrence : «On n’a pas bien considéré ce volet», a-til avoué. Maintenant que les dés sont jetés, le Citet s’est trouvé obligé de changer de cap pour reprendre de plus belle. «On vise la pertinence de l’action», affirme-t-il. Penser, produire et améliorer, voilà les trois mots clés qui sous-tendent la prochaine stratégie d’innovation écologique, puisant dans la revalorisation et la durabilité. Et pour cause. Le Citet veut renouer avec un partenariat tripartite le liant avec la société civile, d’une part, et les médias, d’autre part. D’ailleurs, une première rencontre a eu lieu la semaine dernière à son siège à la Charguia, pour jeter les bases de la coopération. M. Hassini le considère comme un point de départ. A vision nouvelle, sang neuf, dit-il, en substance. Mais, de quoi se construit demain ? Un diagnostic du présent état des lieux est d’autant plus propice qu’il aide à cerner les difficultés. Car on ne saura prévoir l’avenir sans regarder en arrière. A priori, deux aspects sont à revoir : le cadre juridique et stratégique. Autrement, penser global et agir localement, ainsi résume, en conclusion, le directeur général du Citet. Bien que laconique et pressé, le débat ouvert aux médias et à la société civile conviés à la manifestation s’est déroulé dans un climat d’échange et de réactivité. Un panoplie de questions ont été, alors, posées : une telle vision, pourquoi maintenant ? Comment va-t-on l’aborder ? Que fera le Citet pour financer l’éco-innovation ? Et quel rôle devrait-il jouer de nouveau dans la promotion de l’économie verte ?