Crise de valeurs
LA grande actualité, c’est bien sûr la grève des enseignants du secondaire. La crainte d’une année blanche et la terrible angoisse au quotidien que vivent depuis des semaines beaucoup de familles tunisiennes, inquiètes pour l’avenir de leurs enfants. Bien sûr, mais voilà que le dénouement de la crise est imminent. L’Ugtt dit — et le répète — qu’elle n’a jamais été pour une année scolaire blanche. Bien au contraire, l’année scolaire sera, soutient-elle, des plus réussies. Le gouvernement n’a de son côté ménagé aucun effort dans ce sens.
Il faudra à ce titre rendre particulièrement hommage au ministre de l’Education nationale qui a su à la fois rester serein et lucide, ferme et pragmatique. Le dénouement de la crise est imminent. Voilà qui est bien. Les familles tunisiennes pourront enfin reprendre leur souffle, leurs enfants aussi. Les fondamentaux sont ainsi préservés.
Toutefois, une nouvelle menace montre déjà le bout de son nez et les familles tunisiennes devront d’ores et déjà l’appréhender. Au nom des fondamentaux et du respect des grandes valeurs dont la société tunisienne est extrêmement soucieuse. Sans pour autant être particulièrement conservatrice, notre société abhorre en effet le délitement des moeurs, la violence, la vulgarité et l’obscénité.
Le mois de Ramadan est à nos portes. Il faudrait espérer que l’offre et la programmation télévisuelle de la grille ramadanesque en sketchs, sitcom et feuilletons nous fassent l’économie de la bassesse et des clichés à deux sous. Au nom de la liberté de création artistique, l’on ne peut tout de même pas tout se permettre et surtout pas prendre la liberté de heurter, en toute impunité, la sensibilité des téléspectateurs. La liberté a pour corollaire la responsabilité. Les chaînes publiques, et donc citoyennes par vocation, devront à cet égard rester particulièrement vigilantes et savoir résister aux tentations du profit commercial facile et aux pressions des cercles d’influence et lobbies quelles qu’en soient la nature et la source. Il y a aussi les jeux télévisuels de hasard qui prospèrent en pareille période. Jeux attrape-nigauds et pernicieux en ce sens qu’ils suggèrent l’argent facile, l’argent à portée de main et qu’ils heurtent en plein les idéaux de valorisation du travail, de l’effort et du mérite..Il faudrait là aussi rester vigilant. Car en somme, la crise en Tunisie, avant d’être politique, économique ou financière, est d’abord une crise morale et de valeurs.
les chaînes publiques, et donc citoyennes par vocation, devront rester particulièrement vigilantes et savoir résister aux tentations du profit commercial facile et aux pressions des cercles d’influence et lobbies quelles qu’en soient la nature et la source