Au bout du suspense
Dans les jours qui viennent, le suspense sera à son paroxysme avec, en haut du tableau, une seconde place qui vaut son pesant d’or et un «tournoi barrage» qui déterminera qui de ses participants restera parmi l’élite.
Le propre des «phases finales» dans une compétition est son verdict, qui ne peut en aucun cas être remis en question par quoi que ce soit. En effet, lorsqu’une compétition est programmée avec des possibilités de rattrapage, les adversaires potentiels gardent toujours l’espoir de profiter d’un éventuel faux pas du vis-à-vis qui s’annonce comme le plus menaçant. Des calculs entrent en jeu et les impondérables ont tout loisir d’agir pour déjouer les pronostics les plus sérieusement émis. Dans les jours qui viennent, le suspense sera à son paroxysme avec en haut du tableau, une seconde place qui vaut son pesant d’or et un «tournoi barrage» qui déterminera qui de ses participants restera parmi l’élite. Ces deux extrêmes mobiliseront de manière totale et entière l’attention de tous. De bout en bout du territoire, les yeux seront braqués sur les différents antagonistes. Les chances de chacun seront pesées et soupesées à l’aune de leurs dernières performances, mais nous savons tous que l’importance de la compétition relance cette envie de dépassement qui est blottie dans le subconscient de chacun de nous. Les compétiteurs, les vrais, se réveillent chaque jour, en éprouvant à chaque instant le désir de prouver qu’ils savent se surpasser et qu’ils sont capables d’être les meilleurs. De toutes les façons, ils n’ont plus le choix : ou ils se dépassent et grimpent au haut du podium et passent du bon côté de la haie d’honneur, ou ils sont recalés et passent à la trappe.
L’ultime sursaut
Dans ce genre de compétitions, c’est la fraîcheur psychologique qui prévaut. Il a été prouvé qu’un individu, même en excellente condition physique, peut se mélanger les pinceaux au moment où il pensait être capable de se dépasser et d’arracher la décision. C’est que sans préparation psychologique, le reste de l’attelage ne suit pas. Des jambes alertes ont besoin d’un esprit conquérant, d’une âme de combattant, d’un désir vorace de bouffer jusqu’aux dernières calories de son corps pour être le meilleur et l’emporter. Les combattants d’élite sont de cette race qui ne baisse jamais les bras et qui sait faire face à l’adversité, aux provocations, aux coups du sort qui parfois le narguent tout au long d’un combat, d’une rencontre pour récompenser à la seconde ultime celui qui a su se dépasser et se hisser au-dessus de bien des contingences. C’est ainsi qu’est fait le sport et si on considère que cette activité est une école de la vie, c’est parce qu’elle mobilise «l’homme» au niveau de toutes ses sensations, de tout son être. Voilà grosso modo ce qui attend ceux qui, en ces dernières semaines de compétitions, auront la lourde charge de prendre à bras-le-corps la destinée de tout un club. Ils seront attendus et dans tous leurs faits et gestes observés. Rien n’échappera à ces milliers de prunelles attentives et souvent sans intention de pardonner quoi que ce soit. On n’exigera tout d’eux et on ne leur pardonnera rien.
Dompter la pression
Sous le joug de cette impitoyable pression, les joueurs ont intérêt à se préparer mentalement, car nous savons que ce genre d’épreuve a besoin de combattants aux nerfs solides, capables de filer et de s’enfermer dans leur cocon de compétiteurs prêts au défi. Nous avons d’ailleurs toujours pensé qu’à part quelques rappels, qui risquent d’être superficiels, les joueurs professionnels savent ce qu’ils font et ce qu’ils ont à faire sur le terrain et, tout en appliquant les directives de leur coach, répondent au quart de tour aux situations exceptionnelles qui pourraient se présenter. Reste que pour faire une compétition qui se respecte et de laquelle on pourra dire sans hésiter qu’elle a été sans reproche, il faudrait être trois : le club avec ses joueurs et ses dirigeants, la fédération (ou la ligue) avec son personnel et ses règles du jeu et… l’arbitrage. Si les clubs ont le devoir d’éviter de faire trop de fautes pour s’en sortir, de préparer leurs joueurs et leurs dirigeants pour être les meilleurs tout en respectant les règles du jeu, en observant un fairplay exemplaire, la fédération ou la Ligue (en fin de compte les deux) se doivent de préparer la logistique et …l’arbitrage. Cela suppose un calendrier et une démarche à respecter avec minutie, où les chances de chacun seront scrupuleusement respectées.
Des chiffres effroyables
A la veille de ces phases décisives, nous avons compté plus d’une centaine de sanctions contre les publics, plus de cent trente matchs arrêtés, près de deux cents blessés sérieux, des dizaines de millions de dégâts dans les stades avec une centaine rien que pour Radès, des milliers d’affaires audevant de la justice pour dépassements, destruction de biens publics, faits divers, une trentaine d’arbitres agressés, plus de quatre cents expulsions chez les jeunes, plus d’une trentaine d’expulsions de responsables d’équipes… Ces chiffres effroyables, qui donnent froid au dos et glacent les volontés les plus affirmées, datent d’il y a quelques semaines et cela suppose que ces «phases finales» ne seront pas de tout repos. On a intérêt à leur accorder toute l’attention souhaitée et à agir pour que la logistique suive à pas fermes, adossée à des décisions énergiques, justes et mettant tous les concurrents sur un pied d’égalité. Les accusations et les réquisitoires, les reproches et les diatribes, qui ont émaillé cette saison, résonnent encore. Les menaces et les critiques sont encore vivaces. Il faut absolument que toutes les parties prenantes s’attellent à la tâche et relèvent le défi. Si toutes les bonnes volontés s’y mettent, cette fin de saison pourrait être exemplaire et pourrait faire oublier bien des misères qui ont gravement altéré le prestige de notre football. Les horaires, la présence des officiels, le respect des protocoles édictés par la réglementation en vigueur, la fermeté des organisateurs et du service d’ordre ne seront pas de trop pour que chacun se sente responsable et agisse avec rigueur et professionnalisme en toute conscience. Celui qui sera second et ceux qui se maintiendront se sentiront beaucoup plus fiers. Leurs adversaires, sans rancune et sans regret, seront les premiers à les féliciter, parce qu’au travers de leur gorge il n’y aura pas ces regrets qui frisent la haine d’avoir été piégés, d’avoir été trahis par ceux-là même qui avaient le devoir d’être impartiaux et justes.
L’arbitrage
Et cela nous amène à l’un des anneaux de cette chaîne de solidarité qui se doit d’être sollicitée pour que l’organisation des ces phases capitales réussissent : l’arbitrage. On en a tellement parlé, qu’il y a toujours un risque de se redire. Les hommes en noir ont cette saison défrayé la chronique. Certains d’entre eux ont eu le privilège d’être à la base de bien des ennuis et personne n’en est fier. Il faudrait que ceux qui ont su jusque-là tirer leur épingle du jeu sachent quoi faire pour mettre un terme à ce doute qui ne manquera pas de tenailler ceux qui auront peur. La peur d’être trahis et de perdre toute confiance dans les valeurs de ce sport qu’ils aiment au point d’en faire leur raison de vivre. Pour résumer, il apparaît que ces deux «phases finales» seront extrêmement importantes pour tous et le meilleur des souhaits serait de les voir se dérouler dans les meilleures conditions possibles, pour atténuer les regrets qu’a laissés une saison dont nous avions attendu la fin le plus vite possible.