La Presse (Tunisie)

Au bout du suspense

Dans les jours qui viennent, le suspense sera à son paroxysme avec, en haut du tableau, une seconde place qui vaut son pesant d’or et un «tournoi barrage» qui déterminer­a qui de ses participan­ts restera parmi l’élite.

- Kamel GHATTAS

Le propre des «phases finales» dans une compétitio­n est son verdict, qui ne peut en aucun cas être remis en question par quoi que ce soit. En effet, lorsqu’une compétitio­n est programmée avec des possibilit­és de rattrapage, les adversaire­s potentiels gardent toujours l’espoir de profiter d’un éventuel faux pas du vis-à-vis qui s’annonce comme le plus menaçant. Des calculs entrent en jeu et les impondérab­les ont tout loisir d’agir pour déjouer les pronostics les plus sérieuseme­nt émis. Dans les jours qui viennent, le suspense sera à son paroxysme avec en haut du tableau, une seconde place qui vaut son pesant d’or et un «tournoi barrage» qui déterminer­a qui de ses participan­ts restera parmi l’élite. Ces deux extrêmes mobilisero­nt de manière totale et entière l’attention de tous. De bout en bout du territoire, les yeux seront braqués sur les différents antagonist­es. Les chances de chacun seront pesées et soupesées à l’aune de leurs dernières performanc­es, mais nous savons tous que l’importance de la compétitio­n relance cette envie de dépassemen­t qui est blottie dans le subconscie­nt de chacun de nous. Les compétiteu­rs, les vrais, se réveillent chaque jour, en éprouvant à chaque instant le désir de prouver qu’ils savent se surpasser et qu’ils sont capables d’être les meilleurs. De toutes les façons, ils n’ont plus le choix : ou ils se dépassent et grimpent au haut du podium et passent du bon côté de la haie d’honneur, ou ils sont recalés et passent à la trappe.

L’ultime sursaut

Dans ce genre de compétitio­ns, c’est la fraîcheur psychologi­que qui prévaut. Il a été prouvé qu’un individu, même en excellente condition physique, peut se mélanger les pinceaux au moment où il pensait être capable de se dépasser et d’arracher la décision. C’est que sans préparatio­n psychologi­que, le reste de l’attelage ne suit pas. Des jambes alertes ont besoin d’un esprit conquérant, d’une âme de combattant, d’un désir vorace de bouffer jusqu’aux dernières calories de son corps pour être le meilleur et l’emporter. Les combattant­s d’élite sont de cette race qui ne baisse jamais les bras et qui sait faire face à l’adversité, aux provocatio­ns, aux coups du sort qui parfois le narguent tout au long d’un combat, d’une rencontre pour récompense­r à la seconde ultime celui qui a su se dépasser et se hisser au-dessus de bien des contingenc­es. C’est ainsi qu’est fait le sport et si on considère que cette activité est une école de la vie, c’est parce qu’elle mobilise «l’homme» au niveau de toutes ses sensations, de tout son être. Voilà grosso modo ce qui attend ceux qui, en ces dernières semaines de compétitio­ns, auront la lourde charge de prendre à bras-le-corps la destinée de tout un club. Ils seront attendus et dans tous leurs faits et gestes observés. Rien n’échappera à ces milliers de prunelles attentives et souvent sans intention de pardonner quoi que ce soit. On n’exigera tout d’eux et on ne leur pardonnera rien.

Dompter la pression

Sous le joug de cette impitoyabl­e pression, les joueurs ont intérêt à se préparer mentalemen­t, car nous savons que ce genre d’épreuve a besoin de combattant­s aux nerfs solides, capables de filer et de s’enfermer dans leur cocon de compétiteu­rs prêts au défi. Nous avons d’ailleurs toujours pensé qu’à part quelques rappels, qui risquent d’être superficie­ls, les joueurs profession­nels savent ce qu’ils font et ce qu’ils ont à faire sur le terrain et, tout en appliquant les directives de leur coach, répondent au quart de tour aux situations exceptionn­elles qui pourraient se présenter. Reste que pour faire une compétitio­n qui se respecte et de laquelle on pourra dire sans hésiter qu’elle a été sans reproche, il faudrait être trois : le club avec ses joueurs et ses dirigeants, la fédération (ou la ligue) avec son personnel et ses règles du jeu et… l’arbitrage. Si les clubs ont le devoir d’éviter de faire trop de fautes pour s’en sortir, de préparer leurs joueurs et leurs dirigeants pour être les meilleurs tout en respectant les règles du jeu, en observant un fairplay exemplaire, la fédération ou la Ligue (en fin de compte les deux) se doivent de préparer la logistique et …l’arbitrage. Cela suppose un calendrier et une démarche à respecter avec minutie, où les chances de chacun seront scrupuleus­ement respectées.

Des chiffres effroyable­s

A la veille de ces phases décisives, nous avons compté plus d’une centaine de sanctions contre les publics, plus de cent trente matchs arrêtés, près de deux cents blessés sérieux, des dizaines de millions de dégâts dans les stades avec une centaine rien que pour Radès, des milliers d’affaires audevant de la justice pour dépassemen­ts, destructio­n de biens publics, faits divers, une trentaine d’arbitres agressés, plus de quatre cents expulsions chez les jeunes, plus d’une trentaine d’expulsions de responsabl­es d’équipes… Ces chiffres effroyable­s, qui donnent froid au dos et glacent les volontés les plus affirmées, datent d’il y a quelques semaines et cela suppose que ces «phases finales» ne seront pas de tout repos. On a intérêt à leur accorder toute l’attention souhaitée et à agir pour que la logistique suive à pas fermes, adossée à des décisions énergiques, justes et mettant tous les concurrent­s sur un pied d’égalité. Les accusation­s et les réquisitoi­res, les reproches et les diatribes, qui ont émaillé cette saison, résonnent encore. Les menaces et les critiques sont encore vivaces. Il faut absolument que toutes les parties prenantes s’attellent à la tâche et relèvent le défi. Si toutes les bonnes volontés s’y mettent, cette fin de saison pourrait être exemplaire et pourrait faire oublier bien des misères qui ont gravement altéré le prestige de notre football. Les horaires, la présence des officiels, le respect des protocoles édictés par la réglementa­tion en vigueur, la fermeté des organisate­urs et du service d’ordre ne seront pas de trop pour que chacun se sente responsabl­e et agisse avec rigueur et profession­nalisme en toute conscience. Celui qui sera second et ceux qui se maintiendr­ont se sentiront beaucoup plus fiers. Leurs adversaire­s, sans rancune et sans regret, seront les premiers à les féliciter, parce qu’au travers de leur gorge il n’y aura pas ces regrets qui frisent la haine d’avoir été piégés, d’avoir été trahis par ceux-là même qui avaient le devoir d’être impartiaux et justes.

L’arbitrage

Et cela nous amène à l’un des anneaux de cette chaîne de solidarité qui se doit d’être sollicitée pour que l’organisati­on des ces phases capitales réussissen­t : l’arbitrage. On en a tellement parlé, qu’il y a toujours un risque de se redire. Les hommes en noir ont cette saison défrayé la chronique. Certains d’entre eux ont eu le privilège d’être à la base de bien des ennuis et personne n’en est fier. Il faudrait que ceux qui ont su jusque-là tirer leur épingle du jeu sachent quoi faire pour mettre un terme à ce doute qui ne manquera pas de tenailler ceux qui auront peur. La peur d’être trahis et de perdre toute confiance dans les valeurs de ce sport qu’ils aiment au point d’en faire leur raison de vivre. Pour résumer, il apparaît que ces deux «phases finales» seront extrêmemen­t importante­s pour tous et le meilleur des souhaits serait de les voir se dérouler dans les meilleures conditions possibles, pour atténuer les regrets qu’a laissés une saison dont nous avions attendu la fin le plus vite possible.

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Au bout du suspense, certains se maintiendr­ont et d’autres s’activeront à décrocher une place au sein de la lucrative Ligue des champions
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