La Presse (Tunisie)

«L’Espérance ne se refuse jamais !»

En dépit de la manière avec laquelle il a été débarqué lors de son précédent passage, Khaled Ben Yahia a répondu favorablem­ent à l’appel de son club de toujours, même s’il a encore un petit pincement au coeur. Nous l’avons rencontré pour parler du sacre d

- Entretien conduit par Walid NALOUTI

Quand il s’agit de l’Espérance de Tunis, je n’hésite pas une seconde. J’avoue que j’ai un petit pincement dans le coeur pour ce qui s’est passé il y a trois ans. Si cela sétait passé avec un autre club, ce que j’ai vécu il y a trois ans, je ne serai jamais revenu.

Ne pas disputer une Coupe du monde reste pour un footballeu­r le maillon qui manque dans sa carrière. J’aurai aimé disputer en tant que joueur une Coupe du Monde. C’est pourquoi je dis à mes joueurs qu’il ne faut pas rater l’opportunit­é de la Russie.

• J’étais surpris quand Hamdi Meddeb m’a proposé de revenir pour prendre en main l’équipe dans de telles circonstan­ces. Comment lui est venue l’idée de faire appel aux services de Khaled Ben Yahia ?

• Que le président de l’EST ait pensé à moi, je l’ai vu d’un

bon oeil. Je ne m’y attendais pas.

• Je suis là et je veux continuer le travail qui n’a pas été

fait il y a trois ans parce qu’on a manqué de patience dans le sillage du club.

• L’adaptation des joueurs fut rapide. C’est peut-être

parce que j’arrive à mieux transmettr­e mes idées.

• Notre ambition est de remporter la Ligue des champions.

Il y a de la qualité dans le groupe. Sur le plan technique, je n’ai pas hésité une seconde à prendre en main l’équipe. Je sais que le minimum sur le plan technique est toujours garanti à l’Espérance de Tunis.

Il y aura des renforts l’été prochain, un joueur par compartime­nt. Nous y travaillon­s de concert avec la commission des recrutemen­ts. Nous devons avoir les moyens de nos ambitions. Nous allons jouer sur quatre fronts

Avec du recul, vous attendiezv­ous au moment où vous avez pris les rênes de l’équipe à remporter le championna­t à quatre journées de la fin de la saison ? Je suis à la fois content et surpris. Je le suis grâce au saut qualitatif dans le jeu collectif. D’abord, je suis ravi de remporter le titre de champion de Tunisie. Ma surprise est de l’avoir remporté malgré les difficulté­s rencontrée­s. Ma troisième satisfacti­on, comme je viens de le vous dire, est la qualité de jeu produite par mes hommes qui ont repris goût au jeu après les moments difficiles par lesquels ils sont passés. Leur adaptation fut rapide. C’est peut-être parce que j’arrive à mieux transmettr­e mes idées aux joueurs. Je pense aussi que mon projet sportif était le plus clair, ce qui a facilité l’assimilati­on de mes idées. Cela vous fait tant plaisir que le message soit vite passé… Evidemment. C’est avec des joueurs de qualité qu’on avance. Je pense que mon projet de jeu était si clair que les joueurs y ont adhéré aussitôt. L’assimilati­on était donc rapide. Nous ne sommes qu’au début de notre projet et je suis optimiste pour la suite. N’avez-vous pas pris un gros risque en prenant l’équipe dans une période aussi difficile et au moment où votre prédécesse­ur, Mondher Kebaïer, n’a pas fait long et s’est même «cassé la gueule» ? Je vais vous faire une confidence : j’étais surpris quand Hamdi Meddeb m’a proposé de revenir pour prendre en main l’équipe dans de telles circonstan­ces. Comment lui est venue l’idée de faire appel aux services de Khaled Ben Yahia alors que l’équipe venait d’être éliminée pour la première fois de son histoire aux seizièmes de finale de la Coupe de Tunisie ? Cela m’a intrigué, mais je n’ai pas hésité à répondre favorablem­ent à l’appel du devoir. Tout le monde sait dans quelles conditions vous avez été débarqué lors de votre précédent passage à l’EST. Do Moraïs était sur les gradins d’El Menzah alors que vous entraîniez avant qu’on vous remercie le soir-même. Une sortie par la petite porte et, pourtant, vous avez accepté de revenir… Comme je vous l’ai dit, j’étais surpris que Hamdi Meddeb ait pensé à moi à un moment si critique. Franchemen­t, le fait qu’il ait pensé à moi, je l’ai vu d’un bon oeil. Je ne m’y attendais pas. Après coup, je pense qu’au final, il a été convaincu par mon travail durant mon précédent passage et qu’il a souhaité que je termine le travail entamé trois ans plus tôt. J’étais donc surpris dans le bon sens. Avez-vous hésité un moment avant de dire oui ? A aucun moment. Quand il s’agit de l’Espérance de Tunis, je n’hésite pas une seconde. J’avoue que j’ai un petit pincement au coeur pour ce qui s’est passé il y a trois ans. Si cela s’était passé avec un autre club, ce que j’ai vécu il y a trois ans, je ne serais jamais revenu. D’ailleurs, pour moins que cela, j’ai refusé de renouveler l’expérience avec d’autres clubs. Mais vous le savez, l’Espérance de Tunis est mon club de coeur. Je comprends la pression qui peut des fois peser sur les épaules de M. Hamdi Meddeb. Maintenant, je suis là et je peux continuer le travail qui n’a pas été fait il y a trois ans parce qu’on a manqué de patience dans le sillage du club. Mais dans tout cela, vous avez pris un gros risque. Vingtquatr­e heures après votre première séance d’entraîneme­nt, vous avez embarqué avec l’équipe à Nouakchott où vous avez dirigé votre premier match en Ligue des champions… Comme tout entraîneur, je suis de près le championna­t de Tunisie, l’Espérance de Tunis en parti- culier. Il y a de la qualité dans le groupe. Quand on a fait appel à mes services, les joueurs étaient en difficulté mentalemen­t. Sur le plan technique, je n’ai pas hésité une seconde à prendre en main l’équipe. Je sais que le minimum sur le plan technique est toujours garanti à l’Espérance de Tunis. Je sais aussi que les moyens logistique­s et autres n’ont jamais manqué dans notre club. Ce qui manquait, c’est de trouver la bonne recette pour que la mayonnaise prenne. J’ai tout de suite trouvé la bonne formule et je l’ai appliquée immédiatem­ent. A titre d’exemple et avant que j’entame mes fonctions, j’ai trouvé un débat vif sur l’emplacemen­t et le rôle alloué à Franck Kom. Or, ce débat n’avait pas sa raison d’être. Ses qualités physiques, techniques et tactiques font qu’il joue comme pivot. C’est un joueur très fort dans ce poste. Tout était clair dans ma tête avant que je ne dirige ma première séance d’entraîneme­nt. C’est pourquoi les résultats ne se sont pas fait attendre, d’autant que je connais la plupart des joueurs tels que Coulibaly, Chammam et Sameh Derbali, pour ne citer qu’eux… Autre chose qui m’intriguait : pourquoi persistons-nous à dire que Coulibaly et Kom ne peuvent pas jouer côte à côte ? Sur le plan technique, je ne prends pas les décisions à la hâte, mais après mûre réflexion. Chacun de ces deux joueurs est fort dans le poste qu’il occupe, vu les qualités techniques de chacun. Franck Kom est puissant, gagne les duels aériens. Il constitue une vraie muraille devant sa défense. Quant à Coulibaly, ce que les gens ne savent pas, c’est que je le faisais jouer en 2014 comme milieu offensif. Parmi ses qualités, son sens du démarquage. La justesse de ses passes est tout simplement incroyable. Il faut voir aussi sa qualité de percussion balle au pied. Il a la capacité d’éliminer sur son passage deux à trois joueurs adverses, ce qui n’est pas rien. Bref, tout était si clair dans ma tête que j’ai accepté tout de suite. Quand Hamdi Meddeb m’a demandé de venir, mes décisions d’ordre tactique étaient déjà prises. Je n’ai pas douté une seule seconde que les bases sont déjà bâties. Ce qui m’a aidé dans ma tâche comme je vous l’ai dit, c’est que j’arrive mieux à transmettr­e mes idées aux joueurs, chose qui m’a fait gagner beaucoup de temps. Sur ce point, j’ai changé. Tout de même, il fallait le faire : prendre en main l’équipe vingt-quatre heures avant d’embarquer pour Nouakchott. Vous n’y êtes pas allé pour faire une balade de santé, mais pour disputer le premier match de la Ligue des champions, l’objectif non atteint par vos prédécesse­urs et raison de leurs licencieme­nts… En débarquant, je sais ce qu’on attend de moi. Je sais que l’équipe joue sur quatre fronts. Ce qu’on attend de moi, c’est de remporter les quatre titres. Il suffit d’en rater un pour qu’on commence à vous regarder de travers. Je sais que si je me classe deuxième au championna­t, je serai sur un siège éjectable. Si je n’atteins pas les objectifs escomptés, je partirai de moi-même. Je suis un enfant du club. J’en connais les rouages. C’est pourquoi je ne crains pas de prendre en main l’équipe quelles que soient les circonstan­ces. Toutefois, je vais vous faire une confidence. Avant d’être contacté par les dirigeants de l’EST, j’étais à Gabès. Je n’étais donc pas au courant de tous les détails du calendrier de l’équipe. Après avoir dit oui, j’ai interrogé les dirigeants là-dessus. On m’a répondu : «Khaled, jeudi, on partira pour la Mauritanie». Je leur ai répondu : «Mais pour quoi faire ?». On m’a signifié que c’est pour disputer la Ligue des champions. J’ai alors dit : «Oh ! mon Dieu». On m’a donné la suite du programme, puisque dans la même semaine, j’avais à affronter et le Club Africain et l’Etoile du Sahel. Je suis tombé des nues. L’ASAC Concorde était peu connue et Dieu sait les surprises qu’on peut avoir en Afrique. J’ai abordé cette rencontre comme s’il s’agissait d’un match de Coupe du monde. Le Club Africain ne fut-il pas éliminé par l’équipe marocaine de Borkane. Moi-même n’ai-je pas eu des difficulté­s avec GorMahia ? Ce fut un temps où on allait en Afrique remporter de larges victoires. Le football africain a beaucoup évolué ces dernières années. Ce fut une grosse responsabi­lité que j’ai acceptée volontiers malgré les énormes challenges que je devais relever dès ma première semaine de travail, puisque mes trois premières rencontres, contre l’ASAC en Ligue des champions, l’Etoile du Sahel et le Club Africain en championna­t, étaient des matches à éliminatio­n directe. Quel était votre premier mes- sage aux joueurs ? Au fait, j’ai puisé dans mon vécu de joueur et d’entraîneur à l’Espérance pour choisir les mots qu’il fallait. La situation était dramatique. Rappelez-vous ce qui s’est passé lors de la première séance d’entraîneme­nt que j’ai dirigée au stade Zouiten ? Envahissem­ent de terrain et joueurs pris à partie, Saâd Bguir en particulie­r. J’étais stupéfait de l’ampleur de la situation, d’autant qu’on jouait trois jours après notre premier match en Ligue des champions. Après que les choses sont revenues à la normale, j’ai dit à Saâd Bguir : «Ecoute-moi. Tu vois ces supporters qui sont aujourd’hui en colère. Ce sont les mêmes qui te porteront sur les épaules dans tout juste un mois. Ça va vite en football». J’ai commencé mon travail avec les joueurs en attaquant le volet psychologi­que. Car la situation que nous avons vécue au Zouiten, j’en ai connu quelques-unes par le passé en tant que joueur, puis comme technicien. Car les supporters qui se sont emportés contre les joueurs l’ont fait par amour et par passion pour le club. J’ai dit aux joueurs que ces mêmes supporters en colère allaient changer radicaleme­nt de comporteme­nt dès le moment qu’ils nous observent travailler, mouiller le maillot et progresser d’un match à l’autre. Je leur ai expliqué que sur le plan technique, ils sont de grands joueurs qui endossent le maillot d’un grand club. Par moments, il faut les pousser à garder les pieds sur terre pour ne pas se laisser emporter par l’euphorie. Dans les moments de doute, il faut leur rappeler, par contre, leurs qualités techniques pour qu’ils ne sombrent pas effectivem­ent dans le doute. Je leur ai dit que, désormais, il faut regarder de l’avant et pour cela, il faut jouer offensif et dans le but de gagner les matches. Au niveau de la philosophi­e de jeu, quand les supporters voient que le joueur n’est pas sur ses gardes et ne s’applique pas, il est tout à fait normal qu’ils s’en prennent à lui. Aux entraîneme­nts, je leur ai fait ressentir que j’ai confiance en chacun d’entre eux. Je les ai poussés à jouer devant et les résultats ont suivi. J’étais agréableme­nt surpris par leur applicatio­n aux entraîneme­nts et les jours des matches. Bref, mon message principal était qu’il faut que notre jeu soit porté beaucoup plus vers l’offensive, car nous avons les qualités pour le faire. Emanant d’un technicien qui jouait comme défenseur, c’est un peu surprenant… Les idées reçues ont voulu qu’un entraîneur qui évoluait comme défenseur, du temps où il était joueur, a tendance à être prudent, voire défensif, dans son approche tactique quand il devient entraîneur. Je vais vous faire une confidence : quand j’étais joueur, je n’ai jamais su défendre. Au fait, je ne sais pas défendre. Balle au pied, je ne sais faire qu’une chose : traverser le terrain pour atteindre le camp adverse. Ce titre de champion de Tunisie remporté à quatre journées de la fin de la saison vous a permis d’avoir presque un mois pour préparer le choc contre Al Ahly du Caire. Un match de revanche aux yeux des supporters… Personnell­ement, je n’aborde pas le match contre Al Ahly du Caire comme une revanche à prendre. Je comprends l’attitude des supporters, leur désir de voir leur équipe s’imposer en Egypte. Dieu sait ce qu’ils endurent sur le plan émotionnel et leur endurance à aller au stade pour porter à bout de bras les joueurs et les encourager à aller de l’avant. Certes, le club du Caire est le tombeur de notre équipe aux quarts de finale de la Ligue des champions de l’édition précédente, mais cette contre-performanc­e a ses causes. Toutefois, je suis persuadé que si nous avions fait attention sur un détail, rien qu’un seul, nous serions qualifiés aux demi-finales. Pour ce qui est de la prochaine rencontre en C1 africaine, il faut être modeste devant Al Alhly, car il faut toujours se méfier de la réaction des grands clubs. Al Ahly s’est fait éliminer en Coupe arabe et sa réaction ne s’est pas fait attendre en Ligue des champions africaine. Toutefois, il est bon de s’interroger pourquoi Al Ahly nous a éliminés ainsi que l’Etoile du Sahel et a été stoppé net par le Wydad de Casablanca ? Contre l’Espérance de Tunis et l’Etoile du Sahel, Al Ahly a été modeste et a pris ses adversaire­s très au sérieux, alors que face au Wydad, il est allé en vainqueur et a donc pris à la légère son rival marocain. C’est pourquoi je dis qu’il faut la jouer toujours modeste et prendre très au sérieux son adversaire quel que soit son rang. Il faut toujours garder les pieds sur terre. La prochaine confrontat­ion contre Al Ahly du Caire sera une revanche dans la tête des supporters. Dans ma tête de technicien, j’aurai à affronter un grand club. Nous sommes tous les deux des prétendant­s, avec d’autres concurrent­s bien entendu, à la qualificat­ion aux quarts de finale de la Ligue des champions. C’est notre objectif. Nous devons nous y préparer en toute sérénité et avec le respect que nous devons à chacun de nos concurrent­s. Je ne partirai pas au Caire en revanchard. Je m’occuperai plutôt de ce qui est tactique et, surtout, mental. En prévision du reste de votre parcours en Ligue des champions, y aura-t-il des recrutemen­ts au prochain mercato ? Nous y travaillon­s de concert avec la commission des recrutemen­ts et à sa tête le président du club, Hamdi Meddeb. Oui, il y aura des renforts l’été prochain car on a toujours besoin d’un effectif bien garni quand on joue sur plus d’un front. Et quels sont les postes ciblés ? Il y aura un renfort dans chaque compartime­nt. Nous devons avoir les moyens de nos ambitions. Nous allons jouer sur quatre fronts : la Ligue des champions, la coupe arabe, le championna­t et la Coupe de Tunisie. C’est pourquoi nous devons renforcer notre effectif en quantité et en qualité. Mais vous avez déjà trois joueurs étrangers… Pas forcément qu’on ramène des étrangers. Et s’il y en aura dans le viseur, il faut qu’il soit meilleur, mais vraiment meilleur que ceux qui sont déjà en place. Faisons un petit saut dans le passé. Votre dernier match en championna­t en tant que joueur était face à l’ESZ. Juste après, l’EST a remporté la Ligue des champions. N’avezvous pas regretté de ne pas avoir prolongé votre carrière de quelques mois ? Après coup, oui. Mais sur le moment, j’avoue que j’avais déjà arrêté ma carrière depuis la moitié de la saison. Dans ma tête, j’avais arrêté le football avant le derby de 1993 quand j’ai quitté le terrain en cours de jeu vers la 25’, soit environ quatre mois avant que je ne décroche définitive­ment. Un derby que j’ai joué alors que je sortais d’une bronchite aiguë. Je ne me suis entraîné que trois séances avant le match. Si je l’ai joué, c’est parce que Faouzi Benzarti et Belhassen Meriah me l’ont demandé. Ils sont venus me voir à la maison et j’ai dit oui. Avec du recul, j’ai regretté de ne pas être allé jusqu’au bout de l’exercice sportif et remporter l’épreuve continenta­le. Pour beaucoup de joueurs de votre génération, des monstres sacrés du football tunisien, vous n’aviez pas eu la chance de disputer une phase finale de Coupe du monde… Ne pas disputer une Coupe du monde reste pour un footballeu­r le maillon qui manque dans sa carrière. J’aurais aimé disputer en tant que joueur une Coupe du monde. C’est pourquoi je dis à mes joueurs qu’il ne faut pas rater l’opportunit­é qui se présente à eux en Russie. En octobre dernier et alors qu’il restait deux matches à disputer par l’équipe de Tunisie aux qualificat­ion du Mondial, j’ai appelé Youssef Msakni et je lui ai dit de ne pas lâcher l’affaire, lui et ses camarades et combien c’est important dans la carrière d’un joueur de disputer une Coupe du monde. Dommage que la blessure l’empêcherai­t d’aller en Russie. Le mot de la fin… Je suis ravi de cet entretien. J’aspire à poursuivre sur cette lancée avec mon équipe. Nous attaqueron­s bientôt la phase des poules de la Ligue des champions que nous aborderons avec la même volonté et déterminat­ion. Notre ambition est de l’emporter.

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