La Presse (Tunisie)

Pour mériter ce bond qualitatif

- Par Kamel GHATTAS Kamel GHATTAS

Les joueurs de l’ASG qui réclament leur dû et menacent de ne pas s’entraîner ; l’entraîneur adjoint du Club Africain Tiouiri qui se retire en raison du départ de Bertrand Marchand. Il a été remplacé par Khaled Souissi ; Marchand qui se fait assister par un huissier et a confié son affaire à un avocat parce qu’il estime que son contrat de résiliatio­n n’a pas été signé et qu’il n’a pas été payé. Cela représente les derniers développem­ents qui ont émaillé la scène sportive à la veille d’un tournant important de la compétitio­n. Pas pour le titre, mais pour la deuxième place et pour le maintient en Ligue 1. Il y en aura peut-être d’autres, mais tout cela, ajouté à la longue liste des sanctions et des incidents qui intervienn­ent de manière régulière, dénote la faiblesse manifeste qui caractéris­e notre football. Des faiblesses qui durent depuis des années. Il aurait été pourtant possible de remédier à cette situation et de mériter amplement ce bond en avant que l’équipe nationale, et non le football tunisien comme on voudrait le faire croire, a fait au classement Fifa.

Nous y trouvons un signe de cesser de gérer des calendrier­s et de s’y mettre sérieuseme­nt pour promouvoir le football. Avec moins de 300 équipes et moins de 30.000 licenciés (et non pratiquant­s effectifs), on ne peut aller loin. Pour un sport roi, il faudrait convenir que cela n’a rien de bien glorieux. C’est le cas d’ailleurs du handball, supposé être aussi populaire que le foot et qui ne compte que 10.000 licenciés.

L’équipe de Tunisie a gagné des points grâce à ses derniers résultats acquis à la faveur de la présence de quelques joueurs de talent, qui ont tiré leurs camarades vers le haut. C’est dire qu’il s’agit, avant tout, non pas de moyens financiers en priorité ou d’infrastruc­tures mais d’hommes.

La Fédération tunisienne de football possède des hommes capables de lancer ce vaste chantier. Ils sont en mesure de remédier, d’abord, à la léthargie de la tutelle qui semble ne pas se soucier de ce profession­nalisme marron qui fausse toutes les données. C’est la tutelle, en effet, qui aurait dû exiger le règlement de ce dossier qui traîne depuis des années. C’est, ensuite, le moment de mettre un terme à ces insuffisan­ces qui freinent et continuero­nt à bloquer toute action tendant à réussir le véritable bond en avant que le football tunisien mérite. La qualificat­ion au Mondial, le classement flatteur, l’afflux des Tunisiens opérant à l’étranger qui sont venus prêter main forte à la sélection, constituen­t des éléments de nature à encourager la mobilisati­on des forces vives de ce sport.

Lorsque le profession­nalisme a été lancé, il a été fait sans préparatio­n et considéran­t la situation économique et financière du pays, on a vite compris que cela ne pouvait qu’aboutir à l’impasse. Cette précipitat­ion n’a jamais alerté ceux qui se sont succédé aussi bien à la tête de la tutelle que de la fédération.

Avec tout ce que le sport tunisien possède comme spécialist­es et hommes de loi, on ne devrait pas trouver des difficulté­s pour mettre en place des statuts, les soumettre à la tutelle pour la mise en forme et leur adoption. C’est donc une volonté qui relève aussi bien du pouvoir fédéral que du pouvoir politique. Algériens et Marocains ont institué le profession­nalisme après nous et ils ne semblent pas s’en plaindre, pour la bonne raison qu’ils ont pris garde d’éviter tout ce qui bloquait l’avancée des Tunisiens. C’est aussi simple que ça !

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