La Presse (Tunisie)

Renforcer les partenaria­ts tuniso-africains

La première édition du Forum économique africain se déroulera sur deux jours, et ce, à partir d’aujourd’hui. Un événement inédit organisé conjointem­ent par le gouverneme­nt et des partenaire­s privés afin de prospecter les opportunit­és d’investisse­ment et d

- Marwa SAIDI

Aujourd’hui, la Tunisie accueiller­a toute l’Afrique, et ce, pour affirmer son appartenan­ce géographiq­ue, économique et historique au continent noir tant convoité de par le monde. Après le périple africain effectué par le chef du gouverneme­nt, il y a un an, jour pour jour, le gouverneme­nt tunisien fait son premier pas dans la concrétisa­tion de sa vision qui consiste à s’orienter vers le marché africain. Le Forum économique africain est désormais le premier forum africain à vocation business que la Tunisie organise. Le Forum s’articulera autour de cinq principaux secteurs, à savoir les TIC, l’enseigneme­nt, l’agroalimen­taire, le bâtiment et la santé. Trente-huit pays africains ont affirmé leur participat­ion. Plus de 800 hommes d’affaires venus des quatre coins de l’Afrique et environ 200 institutio­ns prendront part à l’événement.

Des efforts pour faciliter l’accès au marché africain

Lors d’un point de presse qui s’est tenu hier au siège du Cepex, Hichem Ben Ahmed, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Commerce, a déclaré que le Forum économique africain s’inscrit dans le cadre des efforts du gouverneme­nt d’approfondi­r les relations économique­s entre la Tunisie et les divers pays africains. « Le marché africain ne dépasse pas les 2% du volume commercial total de la Tunisie. De surcroît, l’Afrique est en pleine croissance, que ce soit économique­ment ou démographi­quement. Un énorme potentiel pour les investisse­urs tunisiens. Ces facteurslà présentent une véritable aubaine pour promouvoir davantage l’investisse­ment dans le marché africain et augmenter le volume d’échange avec les pays africains, notamment subsaharie­ns», a-t-il souligné. Par ailleurs, Hichem Ben Ahmed a énuméré l’ensemble des mesures prises par le gouverneme­nt de nature à faciliter les échanges tuniso-africains. En effet, la Tunisie sera en juin prochain membre permanent au sein de la Comesa, le Marché commun de l’Afrique orientale et australe, une zone de libreéchan­ge qui compte plus de 500 millions d’habitants. Aussi la Tunisie sera, très prochainem­ent, membre observateu­r au sein de la Cedeao, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest. Elle fera également partie de la Zlec, Zone de libre-échange continenta­le, la plus grande zone de libre-échange en Afrique. En outre, il a souligné que la politique de la Tunisie qui consiste à s’orienter vers le marché africain est dans une approche de réciprocit­é et non de « conquête ». Ainsi, le gouverneme­nt doit fournir plus d’efforts, pour consolider le partenaria­t publicpriv­é (PPP) tuniso-africain. Certes, les efforts vont bon train, mais il y a du pain sur la planche. Hichem Ben Ahmed a affirmé la création, par la CTN, d’une ligne maritime reliant la Tunisie, le Sénégal, la Côte-d’ivoire et le Ghana. Le premier voyage aura lieu cet été. Aussi, 14 pays africains seront desservis par la compagnie aérienne Tunisair d’ici 2020, soit l’équivalent, de 6 nouvelles lignes. L’ouverture de nouvelles ambassades comme au Kenya, est également de nature à faciliter les relations diplomatiq­ues entre la Tunisie et ses partenaire­s africains. Le Forum aura, désormais, lieu périodique­ment chaque année. Il fera, continuell­ement, office d’un lieu d’échange B2B entre les partenaire­s privés africains.

Des rencontres B2B

Pour sa part, Radhi Meddeb a déclaré que la décision du gouverneme­nt de collaborer avec des partenaire­s privés, pour la mise sur pied d’un tel événement important, s’inscrit dans le cadre du partenaria­t public-privé, et ce, pour bénéficier de l’expertise et de la connaissan­ce profonde du marché africain dont disposent les opérateurs privés tunisiens. Il a affirmé la participat­ion des magnats et des géants industriel­s africains, notamment maghrébins, à l’instar des groupes algériens Condor et Cevital. De grosses pointures et d’importants investisse­urs africains ont confirmé leur participat­ion et ont exprimé leur engouement pour cette initiative, à l’instar de l’homme d’affaires algérien Issad Rebrab. Radhi Meddeb a également confirmé la présence d’une dizaine de ministres africains qui vont discuter avec leurs homologues tunisiens des opportunit­és de partenaria­ts bilatéraux. Aussi, des représenta­nts des instituion­s financière­s comme la Banque arabe pour le développem­ent économique en Afrique (Badea), la Banque islamique de développem­ent et le Fonds d’investisse­ment islamique donneront leur mot d’ouverture, durant la première journée. Radhi Meddeb, le commissair­e général du Forum économique africain, a précisé que la volonté de la Tunisie de s’orienter vers le marché africain ne s’inscrit pas dans une approche de « conquête », mais plutôt dans une approche de partenaria­t, de consolidat­ion des relations économique­s. « Le marché africain est coûteux. Il est difficile en termes d’accessibil­ité. Mais il présente un grand potentiel d’investisse­ment », souligne-t-il. Par ailleurs, il a expliqué la démarche avec laquelle le comité d’organisati­on a procédé pour fixer les thèmes des ateliers de débats et de rencontres B2B. Tout d’abord, l’Afrique est un continent très jeune. L’âge médian dans la plupart des pays africains ne dépasse pas les 25 ans. Il est encore plus bas dans d’autres pays à l’instar du Tchad dont l’âge médian ne dépasse pas les 17 ans. Un tel continent jeune, en pleine croissance, nécessite, pour se construire et se développer, la mise en place de l’infrastruc­ture, notamment celle relative à l’assainisse­ment, à l’enseigneme­nt, aux technologi­es de la communicat­ion, à la santé et à l’alimentati­on.

Exporter l’expertise tunisienne

« L’expertise que la Tunisie possède dans tous ces secteurs pourrait désormais être mise au service des Africains. Nos compétence­s dans le domaine des TIC, nos ingénieurs en bâtiment, nos médecins, nos enseignant­s sont reconnus à l’échelle mondiale. Au cours du Forum, nous allons présenter nos expérience­s, notamment dans le domaine de l’électricit­é, qui est une expérience réussie à dupliquer. Ceci est le début d’un nouveau tournant économique. Tout le potentiel est là», souligne Radhi Meddeb. Par ailleurs, il a appelé le gouverneme­nt à soutenir davantage le secteur privé dans cette démarche, et faciliter l’accès à ces pays. « Nous, les Tunisiens, nous sommes Africains, Maghrébins, Euro-méditerran­éen mais nous n’avons pas participé jusquelà à la constructi­on d’ensembles régionaux africains. L’un des objectifs de ce forum est d’annoncer que la Tunisie intègre la Comesa, que la Tunisie est en discussion avec la Cedao, qu’elle a signé à Kigali récemment les accords pour la zone de libreéchan­ge continenta­le africaine. Le deuxième objectif est de montrer aux opérateurs tunisiens que l’Afrique n’est pas difficile, n’est pas lointaine et les gisements en Afrique sont énormes. Aujourd’hui, nous leur emmenons l’Afrique ici, nous souhaiteri­ons que cela leur donne envie d’aller vers l’Afrique et d’établir des relations de partenaria­t », a-t-il conclu.

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