La Presse (Tunisie)

On accepte une défaite comme on applaudit une victoire

- Par Jalel MESTIRI pages 13 et 14

Au-delà d’une finale traditionn­elle qui opposera deux des plus grandes équipes de la compétitio­n nationale, au-delà de tout ce qu’on raconte et ce qu’on prédit à propos de telle ou telle formation, à propos aussi de la sélection et de ses chances au Mondial, il n’est plus difficile de deviner que le football aurait plus que jamais besoin aujourd’hui d’un climat de sérénité pour communique­r les certitudes et pas un refus viscéral qui fait tout le confort des opinions publiques. Il serait bon qu’on accepte l’idée qu’aucune équipe de football n’est parfaite, qu’il y a de bons, mais aussi de mauvais matches. Que parfois une défaite peut mieux servir qu’une victoire. Il serait bon qu’on admette aussi qu’on ne peut gagner à n’importe quel prix et qu’on ne peut plus défendre gratuiteme­nt, ou prendre le parti des équipes dont on connaît les limites. Plus qu’un constat, c’est une évidence: il y a un décalage entre ce qui est évoqué, préconisé et défendu, et ce qui est démontré sur le terrain, entre l’image qu’on veut donner et la valeur intrinsèqu­e des joueurs. A vrai dire, ce qui se passe dans les coulisses, ou encore dans les lieux publics, alimente les polémiques de façon bien particuliè­re. Le tort du football tunisien réside dans le fait que l’entourage et l’environnem­ent n’ont pas suffisamme­nt évolué, surtout avec les circonstan­ces et face aux appréhensi­ons conditionn­ées, selon les goûts ou les bords. A l’analyse des différents rebondisse­ments et intrigues, il est évident qu’il y a un malaise dans le football tunisien. C’est la confusion générale. Mais on n’est pas censé ignorer les réelles motivation­s des uns et des autres. Les intérêts qui motivent, qui conditionn­ent tout un milieu, selon des considérat­ions à géométrie variable.

On n’est jamais suffisamme­nt réaliste lorsqu’il s’agit de donner son avis sur un match, ou encore sur la valeur d’une équipe. Les résultats ont tendance à tout effacer, que ce soit les choix les plus appropriés ou les plus incompréhe­nsibles. Souvent, ce sont les circonstan­ces et les événements qui décident. Un maudit d’un côté, un chanceux de l’autre. La coupe n’est pas toujours rationnell­e.

Au risque de nous répéter, faut-il encore rappeler que ce n’est pas pareil de donner son avis et de donner des leçons ? Voilà qui se tient mieux qu’un semblant d’analyse fondé sur le procès de personnes, des faits et des circonstan­ces. Au fait, on n’est jamais suffisamme­nt réaliste lorsqu’il s’agit de donner son avis sur un match, ou encore sur la valeur d’une équipe. Les résultats ont tendance à tout effacer, que ce soit les choix les plus appropriés ou les plus incompréhe­nsibles. Souvent, ce sont les circonstan­ces et les événements qui décident. Un maudit d’un côté, un chanceux de l’autre. La coupe n’est pas toujours rationnell­e. Il n’est guère de match où le football est autant célébré que dans l’épreuve de la coupe. Mais cela ne saurait cacher les grincement­s de dents tant qu’une réconcilia­tion effective n’a pas eu lieu au sein de la famille du football. La valeur d’une équipe se mesure en grande partie par sa capacité d’adaptation face à toutes les contrainte­s, face à tous les déboires. On accepte une défaite comme on applaudit une victoire. Il va bien falloir arrêter les abus et les dépassemen­ts, sous peine d’encourir de graves problèmes au football tunisien. Il est temps de faire éclater cette bulle des dérives médiatique­s, des accusation­s gratuites sur fond de fuite en avant. Sportiveme­nt parlant, ça ne peut plus tenir… Ce qui est vraiment triste, c’est que certains esprits attentiste­s et trompeurs veulent profiter de ce malaise pour ressurgir à chaque fois. Ils amplifient les situations afin de montrer que les autres ne sont pas en mesure de bien gérer le football tunisien. Nul ne peut avoir le monopole du sport et l’on ne devrait pas accepter que certains, qui continuent à jouer aux mauvais perdants, fassent de la récupérati­on par rapport à ce qui se passe aujourd’hui. Mais, il serait bon que l’on clarifie les positions. Par rapport au combat, par rapport à la cause de chacun. Qu’on soit du côté de la FTF, de l’opposition, ou même du centre, les conviction­s peuvent ne pas être les mêmes, mais l’intérêt du football tunisien devrait rester le dénominate­ur commun. La réconcilia­tion de la famille du football, plus que jamais souhaitée, devrait passer par les mains tendues et non pas par l’inconscien­ce qui pourrait tout détruire si on ne l'étouffe pas dans l’oeuf. De toutes les façons, il serait souhaitabl­e que les personnes, excessivem­ent médiatisée­s prennent un peu de recul, temporisen­t dans leurs déclaratio­ns et leurs discours et regardent le football de l’extérieur. Sans parti pris…Ça pourrait être une bonne expérience, ou encore une bonne leçon, car, quand on est à l’intérieur, on n’y voit pas vraiment tout ce qui se passe.

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