La Presse (Tunisie)

«Laissez la Syrie en paix !»

- Par Khaled TEBOURBI

Désolés pour nos amis de la culture, mais le bombardeme­nt de la Syrie par les aviations américaine, anglaise et française prend, forcément, les devants. Pour nous rappeler à une évidence, en fait: que depuis que le monde est monde, les plus forts agressent, colonisent et pillent les plus faibles. Les façons de s’y prendre ont, seulement, différé. Dans les temps antiques, on fonçait droit sur ses proies, sans avoir de compte à rendre à quiconque ni aux hommes ni «aux Dieux». Au Moyen-Age, les dynasties, les alliances et les religions se sont chargées de la «besogne» : vols et prédations entendus. Dans la période (dite) moderne, les Etats se sont organisés en «conséquenc­e», c’est-à-dire, une fois l’«arsenal» juridique posé, convenu, continuer sur le «mode»de toujours : dominer, user de la force, ramasser le butin. Il y a eu l’exemple de la Société des nations (SDN) créée aux fins «d’exorciser les démons de la Première guerre mondiale». La suite est connue. Dont, au final, un second conflit planétaire, et l’horreur de soixante millions de morts, et de deux bombes atomiques larguées, «mine de rien», sur Hiroshima et Nagazaki. Et puis là, enfin, à notre époque, à l’époque de l’Organisati­on des nations unies, après la fin des colonies, après «l’accès à l’indépendan­ce» des pays du tiers-monde, après la création d’instances internatio­nales «solidaires» (CPI, FAO, Unesco, Ocde, etc.) force est de reconnaîtr­e le pire des gâchis. Pauvreté, famines, épidémies, écarts entre nord et sud, entre nantis et démunis. Tant et tant de guerres, de complots et de coups d’Etat sanglants sur tout : Corée, Vietnam, Algérie, Palestine, Liban, Chili, Bosnie, Iraq, Yémen, Libye. La Syrie, aujourd’hui, sous nos regards, atterrés. Des centaines de milliers de morts, des millions de blessés et de déplacés. Et toutes ces dévastatio­ns, pourquoi, au bénéfice de qui ? Aux dires des alliés de l’Otan, pour «combattre le fléau communiste»(naguère), pour «abattre les dictatures», «pour la souveraine­té et l’émancipati­on des peuples», pour «faire triompher les libertés et la démocratie». «Aux dires» !?! Hypocrisie­s, finasserie­s, similis, à être franc. Le but restant le même : imposer sa volonté à plus faible que soi. L’agresser, le coloniser, le piller. Deux thèses se font entendre, en ce moment, à propos de ce terrible drame. Celle qui met tout sur le dos du «tyran Bachar», et celle qui dénonce «la magouille de l’Occident».Politicien­nes, l’une comme l’autre. Avec des «pour» et des «contre», exclusifs, répétitifs. Indéfendab­les quand on se donne la peine de comprendre ce qu’est le «marécage» syrien. La vérité ?Il n’y a aucun appui à donner. Trump, May et Macron ne visent (fût-ce par Daesh interposé) que les gazoducs et le pétrole. Bachar, à sa manière, avec sa minorité alaouite et un semblant de «Baâth», perpétue une mainmise familiale sur tout un pays. Idem pour la Russie et l’Iran, qui ne sont tout de même pas là, armes et «biens», pour «les beaux yeux de l’Orient». Encore plus pour les monarques du Golf, «financeurs du jihadisme», ennemis du chiisme, qui gagnent, bien sûr, à être les principaux producteur­s de la région. Trois mots : tous des colons ! Et une seule parole qui vaille : «Laissez la Syrie en paix» !

Deux thèses se font entendre à propos de ce terrible drame. Celle qui met tout sur le dos du «tyran Bachar», et celle qui dénonce «la magouille de l’Occident». … Politicien­nes, l’une comme l’autre … Indéfendab­les quand on se donne la peine de comprendre ce qu’est «le marécage syrien»…. Trois mots : tous des colons !Et une seule parole qui vaille : «Laissez la Syrie en paix !».

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