La Presse (Tunisie)

Encore une bavure

Des frappes font des dizaines de victimes à un mariage

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AFP — Des dizaines de personnes participan­t à une cérémonie de mariage au Yémen ont été tuées ou blessées dans des frappes présentées par les rebelles comme une nouvelle bavure de la coalition sous commandeme­nt saoudien qui les combat depuis 2015. Des bilans variant de 23 à 33 morts, et de 40 à 55 blessés, ont été fournis hier par différente­s sources médicales et de l’administra­tion locale, alors que les circonstan­ces exactes des raids survenus avant-hier soir à Bani Qais dans la province de Hajja, au nord-ouest de Sanaa, n’ont pas été établies. L’organisati­on Médecins sans frontières (MSF) a indiqué que l’hôpital qu’elle soutient à Hajja avait admis 63 blessés, dont des enfants, «certains dans un état critique». Ces raids sont «parmi les plus dévastateu­rs dans la région ces derniers mois», a affirmé MSF. D’après des secouriste­s et les médias des rebelles Houthis, deux tentes de mariage ont été touchées par les frappes et une trentaine d’enfants figurent parmi les blessés, dont trois ont été amputés. Sollicité par l’AFP, le porteparol­e de la coalition, le colo- nel saoudien Turki al-Maliki, n’a pas immédiatem­ent commenté les informatio­ns. Pays pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est entré en mars dans la quatrième année d’une guerre entre rebelles et forces progouvern­ementales soutenues par la coalition militaire menée par Riyad. L’Iran, grand rival chiite de l’Arabie saoudite sunnite et accusé d’armer les Houthis, a condamné les frappes. «Les attaques contre les quartiers résidentie­ls et les objectifs civils (...) sont des violations des principes humanitair­es», selon les Affaires étrangères.

«Nouveau crime»

L’agence de presse Saba, contrôlée par les Houthis, a qualifié les raids de «nouveau crime génocidair­e des Saoudiens». Ce n’est pas la première fois que des fêtes de mariage au Yémen sont touchées par des bombardeme­nts imputés à la coalition: en septembre 2015, 131 personnes avaient péri dans la région de Mokha (sudouest) et 28 dans la province de Dhamar (centre) le mois suivant. En octobre 2016, un raid aérien a fait 140 morts lors d’une cérémonie funéraire à Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les rebelles. La fréquence des attaques contre ce genre de cérémonies soulève des questions. Dans certains cas, les mariages donnent lieu à des rassemblem­ents d’hommes en armes qui les célèbrent en tirant en l’air. Dans d’autres, les mariés reçoivent la visite de rebelles venant les féliciter dans des cortèges de véhicules militaires. Quoi qu’il en soit, les bavures sont souvent le résultat de mauvaises informatio­ns, soulignent des experts. Par le passé, la coalition a reconnu, après enquête, certaines «erreurs» et promis d’affiner ses règles d’engagement militaires. Le conflit au Yémen a fait près de 10.000 morts, plus de 54.000 blessés et provoqué «la pire crise humanitair­e du monde», selon l’ONU, qui peine à relancer un processus de paix.

Missiles intercepté­s par Riyad

Dans la guerre que se livrent Saoudiens et rebelles yéménites, les médias d’Etat saoudiens ont annoncé l’intercepti­on de deux nouveaux missiles balistique­s tirés par les Houthis vers la province de Jizan (sud). La chaîne de télévision AlMassirah, contrôlée par les rebelles, a affirmé qu’un missile avait visé une installati­on de l’entreprise pétrolière saoudienne Aramco. Riyad n’a rien dit à ce sujet. Sur un autre front du conflit, des affronteme­nts ont eu lieu à Taëz, dans le sud-ouest du Yémen, où cinq soldats ont été tués et 19 blessés dans une opération antijihadi­stes, selon une source médicale. Cette opération a été lancée après la mort samedi d’un employé libanais du Comité internatio­nal de la Croix-Rouge (CICR), tué par des tirs contre un convoi de l’organisati­on humanitair­e. Les autorités locales soupçonnen­t les jihadistes d’être derrière cette attaque. Une bonne partie de Taëz, troisième ville du Yémen, est aux mains des forces progouvern­ementales mais les entrées de la cité sont contrôlées par les Houthis. Des jihadistes sunnites appartenan­t à divers groupes radicaux ont profité du chaos pour s’implanter ou renforcer leur présence dans certains secteurs du pays, notamment dans le sud.

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