La Presse (Tunisie)

Une loterie nommée tirs au but

A l’issue d’une rencontre hachée mais digne d’un bon Hitchcock, le tenant passe en finale pour la troisième édition consécutiv­e.

- J.M. Khaled KHOUINI

Et bis-repetita pour le CA. Le détenteur du trophée s’est de nouveau qualifié face au CAB à l’issue d’une séance de tirs au but sous haute tension. Mais que ce fut poussif pour des Clubistes appelés à en découdre avec leur bête noire attitrée de la saison. Tout avait pourtant parfaiteme­nt débuté pour le tenant. Un scénario parfait et un match lancé d’entrée. Tijani Belaid pivote et ne laisse aucune chance à Thamri. Mais c’était sans compter sur la bravoure d’un CAB impliqué, confiant et quasiment déterminé la plupart du temps. Ce faisant, l’âpre bataille a tenu en haleine les puristes. Pour décrocher la timbale, les deux équipes se sont livré une lutte sans merci. Lutte tactique durant plus d’une heure, heureuseme­nt débloquée assez tôt par Belaïd et Bousnina. Et une fin de match saccadée qui a finalement conduit les 22 acteurs en prolongati­on. À ce moment, l’enjeu a repris le pas sur le jeu et sa conséquenc­e inévitable, la loterie des penalties qui en découlait. Et tout talentueux qu’ils sont, Clubistes et Cabistes ont eu par moments le pied d’un cadet ! Ce faisant, le bilan est improbable et il propulse le CA en finale pour la troisième édition consécutiv­e. Pour revenir aux faits saillants de ce grand format de Dame Coupe, il aura fallu attendre un bon quart d’heure pour voir le match prendre de la consistanc­e. Jusque-là, une grosse bataille au milieu de terrain a conditionn­é la rencontre à un bras de fer tactique où les défenses ont régné. Normal, entre deux gros bras à ce jeu-là. Subitement, après l’ouverture du score clubiste, le jeu s’est débridé et on a vu plus de punch et de mordant que depuis le début. Ce sont tout d’abord les Cabistes qui, coup sur coup, ont eu l’opportunit­é de revenir au score. Un coup de billard à trois bandes signé Ounneli. Deux déboulés sur le côté où le remuant Cissé s’est mis en évidence. Un pressing haut de la part du tandem Firas Belarbi-Ouattara. Le CAB n’y est pas allé avec le dos de la cuillère à partir du deuxième quart temps. Sauf que dans la minute qui suit, les Clubistes, qui venaient presque de céder, ont eu à leur tour l’occasion de marquer ! Cependant, les Cabistes regrettero­nt longtemps ce tir sec et croisé qui passe devant le but sans que personne ne puisse détourner la balle ! Cissé était étrangemen­t seul. Il a eu tout le temps d’ajuster sa frappe. Mais il s’emmêle les pinceaux ! Projetons-nous directemen­t vers les prolongati­ons maintenant. Ce ne devait sûrement pas être du goût des deux technicien­s qui avaient beaucoup parlé et misé sur l’endurance et la fraîcheur quelques jours avant ce rendez-vous. Sauf que les défenses en place n’ont pas perdu les pédales. Les deux gardiens, Charfi et Thamri, se sont mis en évidence. Bref, globalemen­t, en ces instants-là, personne n’a réellement pris l’ascendant. Sur ce, lors des temps forts cabistes, on sentait les Clubistes plier parfois, mais ils ont montré que le caractère était une de leurs principale­s qualités. Les «Rouge et Blanc» sont des compétiteu­rs hors pair quand la motivation et la cohésion d’ensemble sont au rendez-vous ! Bref, à l’entame de la 100’ minute de jeu, tout était encore possible pour les deux équipes. Par la suite, un temps égaré, le cadenas est remis sur les débats pendant la fin de la prolongati­on. La suite et la fin se dérouleron­t devant le virage du CAB, celui des Requins du Nord, aux premières loges pour déchanter !

Impassible­s, stoïques...!

Ce dernier carré a donc finalement souri aux tenants et brisé le rêve de milliers de fans cabistes. La séance des tirs au but est passée par là, rendant un verdict cruel et sans appel ! Elle a récompensé l’équipe la moins fragile et sanctionné le onze le plus fébrile à cet exercice. La preuve, suite au premier ratage clubiste, le banc des visiteurs est resté impassible, stoïque. A quelques mètres, les réserviste­s cabistes semblaient quant à eux circonspec­ts, à la limite craintifs. Oui, la loterie des tirs au but n’est le sport favori ni des joueurs ni des technicien­s. Elle est pourtant inévitable parfois. Et que d’équipes ont dû s’y employer et s’y résoudre pour soulever à terme un trophée, du plus prisé au plus valorisant. La règle, tout le monde la connaît et la redoute : un joueur exténué face aux cages, un gardien sur sa ligne de but. Pendant ce temps-là, les coéquipier­s attendent anxieuseme­nt dans le rond central. Et aux puristes de retenir leur souffle et de réagir au rythme des réussites et des échecs de leur équipe ! Cette saison, en Coupe de Tunisie, le CAB a dû s’y employer à quatre reprises face à respective­ment La Palme de Tozeur, le Stade Tunisien, l’US Tataouine et le Club Africain. Quatre rencontres de 120 minutes avec des tirs au but en clôture ! A quatre reprises, les Cabistes ont dû se prêter à l’exercice. Et durant trois tours de Dame Coupe, les adversaire­s du CAB ont goûté à l’amertume d’une séance de tirs au but perdue ! Sauf que face au CA, une histoire de barre transversa­le et d’anticipati­on du portier Charfi a sonné le glas de la joyeuse fratrie cabiste. C’est cruel pour le CAB. C’est forcément savoureux pour le CA !

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Saber Khelifa : un retour payant

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