Une loterie nommée tirs au but
A l’issue d’une rencontre hachée mais digne d’un bon Hitchcock, le tenant passe en finale pour la troisième édition consécutive.
Et bis-repetita pour le CA. Le détenteur du trophée s’est de nouveau qualifié face au CAB à l’issue d’une séance de tirs au but sous haute tension. Mais que ce fut poussif pour des Clubistes appelés à en découdre avec leur bête noire attitrée de la saison. Tout avait pourtant parfaitement débuté pour le tenant. Un scénario parfait et un match lancé d’entrée. Tijani Belaid pivote et ne laisse aucune chance à Thamri. Mais c’était sans compter sur la bravoure d’un CAB impliqué, confiant et quasiment déterminé la plupart du temps. Ce faisant, l’âpre bataille a tenu en haleine les puristes. Pour décrocher la timbale, les deux équipes se sont livré une lutte sans merci. Lutte tactique durant plus d’une heure, heureusement débloquée assez tôt par Belaïd et Bousnina. Et une fin de match saccadée qui a finalement conduit les 22 acteurs en prolongation. À ce moment, l’enjeu a repris le pas sur le jeu et sa conséquence inévitable, la loterie des penalties qui en découlait. Et tout talentueux qu’ils sont, Clubistes et Cabistes ont eu par moments le pied d’un cadet ! Ce faisant, le bilan est improbable et il propulse le CA en finale pour la troisième édition consécutive. Pour revenir aux faits saillants de ce grand format de Dame Coupe, il aura fallu attendre un bon quart d’heure pour voir le match prendre de la consistance. Jusque-là, une grosse bataille au milieu de terrain a conditionné la rencontre à un bras de fer tactique où les défenses ont régné. Normal, entre deux gros bras à ce jeu-là. Subitement, après l’ouverture du score clubiste, le jeu s’est débridé et on a vu plus de punch et de mordant que depuis le début. Ce sont tout d’abord les Cabistes qui, coup sur coup, ont eu l’opportunité de revenir au score. Un coup de billard à trois bandes signé Ounneli. Deux déboulés sur le côté où le remuant Cissé s’est mis en évidence. Un pressing haut de la part du tandem Firas Belarbi-Ouattara. Le CAB n’y est pas allé avec le dos de la cuillère à partir du deuxième quart temps. Sauf que dans la minute qui suit, les Clubistes, qui venaient presque de céder, ont eu à leur tour l’occasion de marquer ! Cependant, les Cabistes regretteront longtemps ce tir sec et croisé qui passe devant le but sans que personne ne puisse détourner la balle ! Cissé était étrangement seul. Il a eu tout le temps d’ajuster sa frappe. Mais il s’emmêle les pinceaux ! Projetons-nous directement vers les prolongations maintenant. Ce ne devait sûrement pas être du goût des deux techniciens qui avaient beaucoup parlé et misé sur l’endurance et la fraîcheur quelques jours avant ce rendez-vous. Sauf que les défenses en place n’ont pas perdu les pédales. Les deux gardiens, Charfi et Thamri, se sont mis en évidence. Bref, globalement, en ces instants-là, personne n’a réellement pris l’ascendant. Sur ce, lors des temps forts cabistes, on sentait les Clubistes plier parfois, mais ils ont montré que le caractère était une de leurs principales qualités. Les «Rouge et Blanc» sont des compétiteurs hors pair quand la motivation et la cohésion d’ensemble sont au rendez-vous ! Bref, à l’entame de la 100’ minute de jeu, tout était encore possible pour les deux équipes. Par la suite, un temps égaré, le cadenas est remis sur les débats pendant la fin de la prolongation. La suite et la fin se dérouleront devant le virage du CAB, celui des Requins du Nord, aux premières loges pour déchanter !
Impassibles, stoïques...!
Ce dernier carré a donc finalement souri aux tenants et brisé le rêve de milliers de fans cabistes. La séance des tirs au but est passée par là, rendant un verdict cruel et sans appel ! Elle a récompensé l’équipe la moins fragile et sanctionné le onze le plus fébrile à cet exercice. La preuve, suite au premier ratage clubiste, le banc des visiteurs est resté impassible, stoïque. A quelques mètres, les réservistes cabistes semblaient quant à eux circonspects, à la limite craintifs. Oui, la loterie des tirs au but n’est le sport favori ni des joueurs ni des techniciens. Elle est pourtant inévitable parfois. Et que d’équipes ont dû s’y employer et s’y résoudre pour soulever à terme un trophée, du plus prisé au plus valorisant. La règle, tout le monde la connaît et la redoute : un joueur exténué face aux cages, un gardien sur sa ligne de but. Pendant ce temps-là, les coéquipiers attendent anxieusement dans le rond central. Et aux puristes de retenir leur souffle et de réagir au rythme des réussites et des échecs de leur équipe ! Cette saison, en Coupe de Tunisie, le CAB a dû s’y employer à quatre reprises face à respectivement La Palme de Tozeur, le Stade Tunisien, l’US Tataouine et le Club Africain. Quatre rencontres de 120 minutes avec des tirs au but en clôture ! A quatre reprises, les Cabistes ont dû se prêter à l’exercice. Et durant trois tours de Dame Coupe, les adversaires du CAB ont goûté à l’amertume d’une séance de tirs au but perdue ! Sauf que face au CA, une histoire de barre transversale et d’anticipation du portier Charfi a sonné le glas de la joyeuse fratrie cabiste. C’est cruel pour le CAB. C’est forcément savoureux pour le CA !