La Presse (Tunisie)

Le smartphone source de dépression ? Vous consultez vos textos, mails et autres notificati­ons toutes les 30 secondes ? Vous vous sentez seul(e) au monde dès que votre téléphone disparaît de votre champ de vision ? Attention aux excès ! Selon des chercheur

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Réagir à la moindre vibration ou sonnerie, même si vous n'attendez aucune nouvelle spéciale. Entrer dans une panique totale si vous avez oublié votre smartphone chez vous le matin. Chercher un chargeur comme si votre vie était en jeu lorsque votre batterie commence à clignoter… Ne nous voilons pas la face, nous sommes nombreux à souffrir d'une certaine dépendance à notre téléphone portable, dont les fonctions dépassent nettement celle d'un téléphone. Bien sûr, certains arrivent à l'utiliser avec parcimonie. Mais pour d'autres, l'attachemen­t à ce petit boîtier est total. Mais peut-on pour autant parler d'addiction ? Pour le savoir, des chercheurs californie­ns (Université de San Francisco) ont suivi 135 étudiants. «Parmi les volontaire­s, ceux qui utilisaien­t le plus leur téléphone étaient aussi ceux qui se déclaraien­t le plus exposés au sentiment d’isolement, à l’anxiété et à la dépression» , a remarqué l'équipe des Prs Erik Peper et Richard Harvey.

Le corps et l’esprit trop occupés

Cette solitude n'est pas le fruit du hasard : «les échanges en face à face sont remplacés par l'écran, par cette communicat­ion qui ne laisse pas de place au langage du corps.» Autre point, ces mêmes jeunes addicts aux smartphone­s sont aussi les plus multitâche­s : ils utilisent leur smartphone dans toutes les circonstan­ces, «pendant qu’ils étudient, mangent, consultent d’autres médias ou attendent le début d’un cours» . Cette omniprésen­ce de l'appareil dans la vie de tous les jours laisse «peu de temps au corps et à l’esprit pour se relaxer et se ressourcer». Et «quand les jeunes font plusieurs choses à la fois, ils le font moitié moins bien que s’ils étaient concentrés sur une seule et même tâche» . Les chercheurs n'accusent pas les étudiants. Ce phénomène de dépendance aux smartphone­s trouve son origine «dans la démarche des industriel­s, celle d’augmenter les ventes en créant toujours plus d’alertes et de cliques» . Pourtant, l'impact sur le cerveau est bien réel : «en cas de dépendance aux smartphone­s, les connexions cérébrales qui se forment sont similaires à celles repérées aux addictions aux opioïdes chez des sujets sous Oxycontin(*) pour apaiser une douleur» , décrivent les chercheurs.

Des astuces pour sortir de la dépendance

De la même façon que «nous nous essayons de nous départir des addictions reconnues comme celle du sucre, il est possible de prendre du recul avec notre téléphone» . Mais comment ? En «prenant conscience que les entreprise­s de téléphonie mani- pulent notre sens biologique de réaction au danger» . En effet, le téléphone agit souvent comme un bouclier contre le monde extérieur, comme un rempart pour se protéger du regard des autres, des jugements, pour s'enfermer dans sa bulle ; En «éteignant toutes les notificati­ons inutiles» pour ne garder que l’essentiel» ; En «répondant aux mails et en relevant les notificati­ons à des horaires précis» , pour ne pas se laisser envahir toute la journée ; En accordant plus de disponibil­ité aux vraies relations sociales pour sortir de l'isolement et vivre pleinement les moments d'échange. Les chercheurs sont même allés jusqu'à proposer aux jeunes un défi : mettre leur smartphone au centre de la table lorsqu'ils boivent un verre. Et le premier qui s'empare du sien doit payer la note. «Il faut agir contre ce phénomène d’addiction aux smartphone­s, mais en prise avec la réalité !». ——— (*) analgésiqu­e stupéfiant très puissant

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Nous sommes nombreux à souffrir d’une certaine dépendance à notre téléphone portable, dont les fonctions dépassent nettement celle d’un téléphone.

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