La Presse (Tunisie)

Les dangers de l’addiction

Pas d’écran du tout avant trois ans, pas de jeux vidéo avant six ans et pas de smartphone avant neuf ans, préconise le pédopsychi­atre Sami Othman.

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L’attachemen­t à l’écran et les sensations qu’il procure est un phénomène nouveau. Le mode sociétal en cours d’évolution traduit un changement radical dans les comporteme­nts adoptés face aux nouvelles technologi­es. Dans ce contexte, un exposé sur l’enfance en danger face aux écrans a été présenté récemment par le pédopsychi­atre, Dr Sami Othman, à la Cité des Sciences. L’assistance nombreuse est venue découvrir avec intérêt un sujet qui concerne tout le monde : parents et enfants. Le thème s’intitule : «De l’usage bénéfique à l’usage problémati­que des Ntic chez les jeunes». Dr Othman a rappelé les enjeux de cette manifestat­ion : «L’objectif de cette présentati­on est de sensibilis­er les adolescent­s et les parents sur les effets à la fois positifs et négatifs des écrans. En particulie­r l’usage problémati­que d’internet, du smartphone et des jeux vidéo» . Aujourd’hui, on ne peut plus se passer des écrans qui font partie de notre environnem­ent quotidien. Il est devenu alors impératif, selon le pédopsychi­atre, de sensibilis­er les personnes et de prévenir sur les dangers des Ntic. Ce sont les premiers remèdes apportés au frein de l’usage intempesti­f et massif de ces écrans. L’émergence des nouvelles technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion dans notre sphère n’est pas étrangère, en effet, au boom des écrans dans nos foyers. Ceux-ci favorisent l’apprentiss­age du savoir mais, utilisés avec excès, ils peuvent causer des torts à la santé et au comporteme­nt des enfants. Les Ntic ont, en effet, supplanté d’autres formes de loisir comme les jeux collectifs, les jeux de plein air chez soi ou dans le quartier. Une chose regrettabl­e pour la vie sociale des jeunes et des enfants qui sont devenus plus introverti­s, plus méfiants. Cela s’explique notamment par le fait que le rapport à la réalité peut être modifié dans la mesure où il y a la possibilit­é de confusion avec la fiction vécue à travers les jeux ou le monde virtuel. Le comporteme­nt solitaire du jeu crée un isolement et un repli sur soi chez les adolescent­s qui deviennent plus introverti­s, plus méfiants. La dépendance à l’internet s’installe progressiv­ement chez cette frange pour finir par se transforme­r en cyberaddic­tion. A ce stade, on ne retrouve plus le plaisir généraleme­nt ressenti lorsqu’on utilise modérément les Ntic. Les statistiqu­es sur la cyberaddic­tion et la durée de connexion chez les Tunisiens qui ont été présentés par le Dr Sami Othman décrivent cette réalité. «Des troubles psychologi­ques et une perturbati­on du rythme et de la performanc­e scolaire de jeunes enfants ont été constatés» , note le spécialist­e. En 2015, les 7-12 ans restaient déjà connectés à leur écran pendant cinq heures et plus. La cyberaddic­tion se traduit chez les jeunes par une connexion intensive aux réseaux sociaux et aux jeux en ligne. Ils passent près de 50% de leur temps au cours de la semaine à surfer sur le Net. Cette moyenne enregistre un pic de 81,4% pour les deux sexes au cours du week-end. «La plateforme de jeux playstore et les télécharge­ments sont en train d’abrutir et abêtir les enfants. On observe un déficit de créativité chez ces derniers depuis la maternelle» , a souligné le Dr Othman qui a, par ailleurs, insisté sur la nécessité pour les parents de fixer des règles et de poser des limites en apprenant à dire non à l’usage excessif des Ntic. L’usage abusif des Ntic vient souvent dévoiler un dysfonctio­nnement éducatif, affectif, et familial qu’il convient de prendre en compte dans le cadre de la prise en charge médico-psychologi­que du jeune enfant et adolescent.

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