Le phénomène Salah
Le travail c’est la réussite. Pareille réflexion est d’autant plus significative qu’elle s’applique tout particulièrement aux sportifs, et notamment ceux du haut niveau. Les joueurs de football sont avant tout des hommes. Leur destin les amène parfois à faire face aux différents défis. Nombreux sont ceux qui ont su trouver la stabilité et les ressources physiques leur permettant de rester au top tout au long de leur carrière. Condition physique aiguisée, cocon familial solide, bouclier «anti-médias», entraînements poussés, telles sont les clés permettant de durer dans le monde du football.
Mais nombreux aussi sont ceux qui, promus à une belle carrière, ont été contraints de jeter l’éponge prématurément ou à mi-chemin. Au moment où tout leur souriait et la perspective d’une belle carrière leur tendait les bras, leur destin a pris une autre tournure. Des choix, souvent inappropriés, les avaient entraînés dans une chute vertigineuse dont ils ne s’en remettraient jamais.
De l’anonymat à la célébrité, Mohamed Salah est devenu en si peu de temps capable de secouer le grand monde, et pas seulement du football. Spécimen au rendement particulier et phénoménal, à un comportement affûté, au jeu à la fois fantaisiste et inspiré. En s’exprimant dans le style qui lui correspond, mais différemment, il est allé bien audelà de ce qu’on pouvait imaginer. Au-delà des normes et des parcours conventionnels. Quelles que soient les époques, on sait que ballon rond et chose capillaire sont intrinsèquement liés chez les footballeurs. Les caméras de télévision ne voient plus que la star de Liverpool. Le phénomène Salah s’est généralisé dans toute la compétition de la Première League. Dans chaque match, le monde du football assiste à des scènes peu ordinaires, voire des fois étranges. Mais Salah n’est pas que cela. Il est aujourd’hui considéré comme une «entreprise» de spectacle. Il est devenu un investissement stratégique, moral et financier, un élément d’affichage d’une puissance footballistique, recherché et admiré par tous les passionnés du foot, les fonds d’investissement, les grands héritiers de ce sport, les élites de la société britannique.
Cela nous amène à évoquer la formation civique et la carrière des joueurs tunisiens et qui devraient être considérées aujourd’hui comme un enjeu collectif et déterminant. Dans les différentes épreuves auxquelles ils sont soumis, la plupart d’entre eux n’ont pas un bagage intellectuel suffisant, même s’ils paraissent des fois comme étant des individus exceptionnels, uniques.
La compétition actuelle semble être à la fois le laboratoire et la fabrique de cette mutation. L’overdose renverse toutes les valeurs, détruit les priorités. Il s’agit d’une usurpation qui entraîne ainsi tout le football et tous les joueurs dans une structure totalitaire. Bref, une déformation généralisée du bon sens. Indépendamment des prérogatives et des attributions de chaque institution, concernée de près ou de loin par le football, nous pensons que les différentes parties prenantes doivent s’engager fermement pour les principes du bon encadrement des joueurs, et surtout afficher une coordination et une harmonisation pas seulement dans le cadre sportif, mais aussi dans tous les autres aspects qui y sont liés. L’on ne saurait, d’ailleurs, adapter les structures et les procédures qu’en fonction de l’évolution des besoins des sportifs et prendre en considération la complexité croissante des fonctions et des activités en présence.
Cela nous amène à évoquer la formation civique et la carrière des joueurs tunisiens et qui devraient être considérées aujourd’hui comme un enjeu collectif et déterminant. Dans les différentes épreuves auxquelles ils sont soumis, la plupart d’entre eux n’ont pas un bagage intellectuel suffisant, même s’ils paraissent des fois comme étant des individus exceptionnels, uniques.