La Presse (Tunisie)

Le « niet » de Moscou et Téhéran

Cet accord est «sans alternativ­e», a dit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov

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AFP — Téhéran et Moscou ont catégoriqu­ement rejeté hier tout nouvel accord sur le nucléaire iranien, fustigeant les propos de Donald Trump et Emmanuel Macron qui ont annoncé la veille leur intention de «travailler» ensemble sur un nouveau texte.

AFP — Téhéran et Moscou ont catégoriqu­ement rejeté hier tout nouvel accord sur le nucléaire iranien, fustigeant les propos de Donald Trump et Emmanuel Macron qui ont annoncé la veille leur intention de «travailler» ensemble sur un nouveau texte. Des capitales occidental­es comme Londres et Berlin ont pour leur part affiché leur scepticism­e, réaffirman­t leur attachemen­t à l’accord de 2015. Fruit d’âpres négociatio­ns diplomatiq­ues entre l’Iran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), l’accord de Vienne, signé en juillet 2015, semble aujourd’hui fragilisé. Mais le président américain et son homologue français sont restés évasifs sur les contours et la portée des nouvelles négociatio­ns qu’ils appellent de leurs voeux. «Nous souhaitons pouvoir désormais travailler sur un nouvel accord avec l’Iran», a lancé M. Macron, évoquant la possibilit­é que son homologue américain mette à exécution sa promesse de campagne de jeter aux orties ce texte visant à empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique. «Ensemble, avec un chef d’un pays européen, ils disent: Nous voulons décider pour un accord conclu à sept. Pour quoi faire? De quel droit?», a rétorqué hier le président iranien Hassan Rohani. «Avec cet accord, nous avons fait tomber les accusation­s et prouvé que les EtatsUnis et Israël mentent à propos de l’Iran depuis des décennies», a-t-il asséné. M. Rohani a renchéri en s’en prenant implicitem­ent à M. Trump: «Vous n’avez aucune expertise en politique, ni en matière de droit ou d’accords internatio­naux. Comment un commercial, un homme d’affaires, un bâtisseur de tours, pourrait-il émettre un jugement sur les affaires internatio­nales?».

«Sans alternativ­e»

Le texte de 2015 prévoit une levée progressiv­e et conditionn­elle des sanctions internatio­nales imposées à l’Iran en échange de la garantie que Téhéran ne se dote pas de l’arme atomique. L’Agence internatio­nale de l’énergie atomique (Aiea), qui mène des inspection­s sur le terrain, a confirmé à plusieurs reprises que Téhéran remplissai­t «ses engagement­s» et qu’aucun manquement ne pouvait lui-être reproché sur la mise en oeuvre technique du texte. Réagissant également aux propos de MM. Macron et Trump, la Russie s’est également montrée inflexible sur une renégociat­ion du texte. Cet accord est «sans alternativ­e», a dit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Un vent de scepticism­e est en outre venu de Bruxelles et de Berlin. L’accord actuel «doit être préservé», a réagi la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. «Un nouvel accord nucléaire n’est pas sur la table. Nous voulons garder» celui conclu», a affirmé le porteparol­e du ministère des Affaires étrangères allemand, Rainer Breul. Soulignant que Berlin partageait «l’inquiétude» sur des sujets comme le programme balistique de l’Iran, il a estimé que «le président Macron» avait «parlé, pour répondre à ces questions, d’un besoin d’accords supplément­aires».

«L’accord fonctionne»

A Londres, le porte-parole de la Première ministre Theresa May a aussi réaffirmé l’attachemen­t de la Grande-Bretagne à l’accord en vigueur «résultat de 13 ans d’efforts diplomatiq­ues incessants». «Il fonctionne et l’Iran a réduit de 95% son stock d’uranium enrichi», a-t-il rappelé. Londres a indiqué «travailler avec ses alliés» pour répondre à «certains défis que pose l’Iran au Moyen-Orient, y compris sur les sujets pour lesquels le président Macron a proposé un nouvel accord». En visite à Téhéran, même le réali- sateur américain Oliver Stone s’est dit «particuliè­rement choqué» de voir M. Macron, au côté du président Donald Trump, appeler à une révision de l’accord sur le nucléaire iranien. M. Macron, qui devait s’exprimer hier devant le Congrès américain, a souligné qu’il ne fallait pas déchirer «un accord pour aller vers nulle part», mais construire «un nouvel accord qui soit plus large». Il a souligné sa volonté d’aborder avec M. Trump «tous les sujets de la région», dont la Syrie et les activités balistique­s de Téhéran. Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2017, Donald Trump n’a cessé de brocarder l’accord conclu par son prédécesse­ur Barack Obama, un texte qu’il a, une nouvelle fois, qualifié de «ridicule» avant-hier. Il s’est dit ouvert à un nouvel accord «beaucoup plus large» aux fondations «solides». «Nous verrons ce qui se passera après le 12 (mai)», a-t-il lâché, évoquant la date à laquelle il devra avoir pris une décision. Venu à l’origine pour convaincre son homologue américain, M. Macron semble avoir infléchi sa position. Il avait souligné dimanche sur la chaîne Fox News que, hors de cet accord, «il n’y a pas de plan B». Il avait alors reçu l’appui de la Chine et de la Russie.

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