Les points de croissance que la Tunisie peut gagner
Pour les Européens, ils ne cessent d’affirmer leur soutien et leur accompagnement de la Tunisie pour la réalisation de la mise à niveau des secteurs concernés par un Aleca. La Tunisie, à son tour, devrait définir les éléments nécessaires pour cette mise à
Les Européens ne cessent d’affirmer leur soutien et leur accompagnement de la Tunisie pour la réalisation de la mise à niveau des secteurs concernés par un Aleca. La Tunisie, à son tour, devrait définir les éléments nécessaires pour cette mise à niveau, et ce, en menant des études d’impact sur divers secteurs.
Alors que la date du prochain round des négociations sur la conclusion d’un Accord de LibreEchange Complet et Approfondi (Aleca) entre la Tunisie et l’UE approche à grands pas, les préparatifs pour ces pourparlers imminents pullulent. Jeudi 19 avril, la présidence du gouvernement a organisé une rencontre avec la société civile en préparation du prochain round des négociations, pour débattre des potentialités de l’accord. Mercredi 18 avril, le Think Tank Solidar Tunisie a organisé à son tour une conférence de presse pour présenter les résultats d’une étude qu’il a réalisée et qui fixe des préalables et des conditions pour un accord, réciproquement, réussi, et qui évite à la Tunisie le scénario semblable à celui de 95, lors de la conclusion de son premier accord d’association avec l’UE. L’étude porte sur les éventualités de l’ouverture du secteur des TIC incarné principalement par les services informatiques. Le Think Tank souhaite, par la présente étude, généraliser cette expérience qui permet un diagnostic et qui dresse un bilan prévisionnel de tous les secteurs concernés par un Aleca, dans le but d’établir un accord juste et qui sied aux aspirations des entrepreneurs tunisiens et européens.
Services informatiques : un secteur à très forte valeur ajoutée
Il est notoire que les prochaines négociations porteront sur les possibilités de l’ouverture du secteur des services en Tunisie. Ce qui dénote l’importance de ces pourparlers. Tout d’abord, le secteur des services ainsi que toutes ses composantes et ses domaines d’activités forment un pilier de l’économie nationale. Il représente environ 70% du PIB national. Parmi l’un des domaines les plus performants, figure celui des TIC qui fait l’objet d’une étude. En effet, le secteur des technologies de la communication et de l’informatique représente, à lui seul, plus de 7% du PIB. Au cours de l’année 2015, le chiffre d’affaires du secteur s’élève à 2 270 millions de dinars contre 2 150 millions de dinars en 2014, soit une augmentation de 5,6%. Les exportations en informatique ont passé de 863 millions de dinars en 2014 à 929 millions de dinars en 2015, soit une augmentation de 7,7%. Les exportations concernent à 84% des services informatiques. Ainsi, l’ouverture d’un tel secteur compétitif et à forte valeur ajoutée nécessite une étude préalable qui définit les impacts de la conclusion d’un accord de libre-échange, mais aussi qui vérifie la concordance entre les objectifs d’un Aleca avec ceux des stratégies nationales établies par le gouvernement tunisien. Une telle étude permettrait, également, d’identifier les possibilités pour booster davantage la croissance du secteur, moyennant un Aleca. L’étude «Aleca et services informatiques : opportunité et préalables à un accord réussi» a tout d’abord souligné le fait qu’un tel accord ne doit pas être étudié globalement, mais par secteurs, et ce, dans le but de mieux identifier les préalables à un accord réussi. Et même si l’UE a réitéré à maintes reprises sa volonté d’élaborer un accord qui prend en considération les asymétries entre les deux parties signataires, l’Aleca, tel qu’il est proposé dans sa version actuelle par l’UE, présente de véritables menaces, notamment dans le secteur des services informatiques qui risquent de mettre en péril la pérennité du secteur.
Menaces ou opportunités ?
Il est notoire que le secteur des services informatiques en Tunisie est désormais ouvert, et ce, selon les divers modes d’exportation des services. C’est ce qui a été affirmé dans le rapport de l’étude. Ce qui pousse à réfléchir qu’un libre-échange dans le secteur des TIC est fortement apprécié. Mais si l’on ne fixe pas des dispositions pour se prémunir contre un éventuel déclin du secteur, la conclusion d’un Aleca pourrait cependant se montrer hasardeuse. En premier lieu, la promulgation du décret n°2014-1039 du 13 mars 2014 supprime la distinction entre les appels d’offres nationaux et internationaux qui était, auparavant, en faveur des opérateurs locaux, mettant ainsi sur la même ligne, les entreprises étrangères et nationales. Depuis l’entrée en vigueur du décret, tous les appels d’offres lancés par des établissements publics sont, désormais, ouverts d’une manière égale aux nationaux ainsi qu’aux européens. Une «injustice» à l’égard des entreprises tunisiennes qui se caractérisent par une taille limitée en comparaison avec les entreprises étrangères. Mais le revers de la médaille c’est que l’Aleca peut s’avérer une véritable opportunité pour les entreprises tunisiennes pour s’internationaliser, surtout que la stratégie sectorielle Tunisie Digitale 2020 permettrait d’atteindre une valeur ajoutée additionnelle égale à 13,5 milliards de dinars avec un chiffre d’affaires export de 6 milliards de dinars, soit l’équivalent de 60 jours d’importation. Toutefois, pour atteindre cet objectif, l’étude a prédéfini des préalables du côté européen qui consiste, essentiellement, à libérer les entreprises tunisiennes des contraintes associées aux paradis fiscaux et au blanchiment d’argent auxquelles ne sont pas soumis les pays européens et à contribuer au financement du programme d’accompagnement des entreprises tunisiennes des services informatiques qui voudraient s’engager dans l’excellence et l’internationalisation.