La Presse (Tunisie)

Nouvelles manifestat­ions

Le chef de l’opposition réclame le pouvoir.

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AFP — De nouvelles manifestat­ions se déroulaien­t hier à Erevan, la capitale de l’Arménie, à l’appel de l’opposant Nikol Pachinian qui réclame une passation de pouvoir pacifique et des législativ­es anticipées, deux jours après la démission du Premier ministre contesté Serge Sarkissian. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue dans la capitale de cette ex-république soviétique du Caucase, en scandant «Nikol, notre Premier ministre!» et «Nous sommes les maîtres de notre pays!», ont constaté des journalist­es de l’AFP. Face à la reprise de la contestati­on, des centaines de policiers et de forces anti émeutes, ainsi que plusieurs véhicules blindés ont été déployés dans le centre-ville. Une importante manifestat­ion de protestati­on était également en cours à Vanadzor, troisième plus grande ville du pays, selon des images des télévision­s. Député et opposant de longue date, M. Pachinian, 42 ans, qui s’est déclaré avant-hier «prêt à diriger le pays», a appelé ses partisans à descendre à nouveau dans la rue, après l’annulation de négociatio­ns prévues hier matin avec le Premier ministre par intérim, Karen Karapetian, un fidèle du chef du gouverneme­nt déchu. Alors que l’ancien président, récemment nommé Premier ministre, Serge Sarkissian, a annoncé son départ lundi, cédant après onze jours de manifestat­ions, les députés du Parlement arménien ont sept jours à compter de la démission du chef du gouverneme­nt pour proposer de nouvelles candidatur­es à ce poste, et le vote pourrait avoir lieu le 2 mai. Mais le Parti républicai­n de M. Sarkissian détient 65 sièges sur 105 au Parlement et il a toutes les chances de faire élire de nouveau son candidat, une option rejetée par Nikol Pachinian. La candidatur­e de l’opposant luimême devrait être proposée au poste de Premier ministre par le bloc d’opposition Yelk, a déclaré l’un de ses responsabl­es Edmon Maroukian, tout en soulignant que Nikol Pachinian pouvait compter actuelleme­nt sur le soutien de 40 députés, alors qu’il a besoin de 53 voix pour être élu.

«Reconnaîtr­e la victoire du peuple»

«Le Parti républicai­n doit partir... Tous... les républicai­ns doivent reconnaîtr­e la victoire du peuple...», a lancé M. Pachinian, alors qu’il défilait hier à travers Erevan à la tête de milliers de ses partisans. L’opposant a également jugé «inacceptab­le» qu’un représenta­nt de ce parti reste Premier ministre par intérim jusqu’à l’organisati­on des élections anticipées. «Le départ de Serge ne suffit pas. Son parti veut rester au pouvoir mais le peuple veut qu’ils partent tous pour que nous vivions enfin normalemen­t», a déclaré à l’AFP une manifestan­te, Rouzanna Vartanian, avocate de 40 ans. «Nous exigeons que les républicai­ns partent (...). Sinon, rien ne va changer», a expliqué Varazdat Panoïan, metteur en scène, 28 ans, qui participai­t lui aussi à la manifestat­ion sur la place de la République. Le parti Arménie prospère, deuxième plus grande formation au Parlement arménien, a appelé lui aussi hier ses membres à «descendre dans la rue et à être aux côtés du peuple». Pour sa part, Karen Karapetian a déclaré hier, lors d’une conférence de presse, ne pas être opposé à l’organisati­on d’élections législativ­es anticipées, tout en soulignant qu’une telle décision devait être prise par «toutes les forces politiques» du pays.

«Trouver une solution stable»

De son côté, le président arménien Armen Sarkissian (sans lien de parenté avec son prédécesse­ur) a appelé toutes les parties au «dialogue», en soulignant espérer qu’un «compromis» sera trouvé. La Russie «suit attentivem­ent la situation» en Arménie, a déclaré à Moscou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en ajoutant espérer que les Arméniens «pourront régler la situation (...) et trouver prochainem­ent une solution stable». Depuis le 13 avril, les manifestat­ions se sont succédé à Erevan pour exiger le départ du Premier ministre Serge Sarkissian, accusé par les contestata­ires de s’accrocher à tout prix au pouvoir après avoir dirigé le pays pendant une décennie en tant que président et de n’avoir pas fait reculer la pauvreté et la corruption. Le 23 avril, il a annoncé sa démission, en estimant «s’être trompé».

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