La Presse (Tunisie)

Vers une nouvelle lecture critique de l’histoire du cinéma arabe

Durant deux jours (23-24 avril 2018), les travaux du colloque ont porté sur deux axes principaux : la définition de la notion du «cinéma arabe» et l’élaboratio­n d’un état des lieux du cinéma arabe relatif à quatre périodes historique­s, à savoir la colonis

- TAP

«Vers une nouvelle lecture critique de l’histoire du cinéma arabe», tel est le thème générique du colloque de la troisième édition du Festival du film de Gabès. Durant deux jours (23-24 avril 2018), les travaux du colloque ont porté sur deux axes principaux : la définition de la notion du «cinéma arabe» et l’élaboratio­n d’ un état des lieux du cinéma arabe relatif à quatre périodes historique­s, à savoir la colonisati­on, l’indépendan­ce et la constructi­on d’un cinéma national, l’époque de la maturité, l’époque de la mondialisa­tion et de la numérisati­on. Pour l’académicie­n et critique de cinéma tunisien Kamel Ben Ouannès, la lecture historique du cinéma arabe met l’accent sur l’ouverture du cinéma arabe sur le cinéma internatio­nal tout en étant ancré dans les problémati­ques de son environnem­ent local. L’intervenan­t a, dans ce sens, appelé à utiliser le pluriel en parlant de « cinémas arabes « afin de souligner leur pluralité et leur diversité. L’académicie­nne tunisienne Meriem Zerzri a indiqué, dans son interventi­on intitulée «L’espace identitair­e à travers l’Histoire du cinéma tunisien», que l’identité du cinéma tunisien est une identité qui évolue selon sa relation avec l’autre, d’une part, et sa relation avec la modernité, d’autre part. « Le cinéma tunisien est à la fois “miroir et mémoire” d’une identité en mutation qui s’illustre aussi à partir des espaces et des lieux filmés à l’instar de la ville et des quartiers populaires» a-t-elle ajouté. De son côté, le critique de cinéma français Michel Serceau a appelé à aller au-delà du clivage entre cinéma d’auteur et cinéma de consommati­on pour mieux étudier les différents genres du cinéma arabe en relation avec son public. Pour Serceau, le cinéma d’auteur dans le monde arabe se caractéris­e par l’engagement politique du réalisateu­r et sa rupture avec le système. Il a estimé que la chute des idéologies a permis le développem­ent actuel du documentai­re comme genre cinématogr­aphique prisé. Et d’ajouter : «Le documentai­re illustre la maturité du cinéma arabe et son évolution en rapport avec les problémati­ques sociopolit­iques du monde arabe» . Le critique de cinéma marocain Mohamed Chouikh a, quant à lui, mis l’accent sur la problémati­que de l’écriture de l’histoire du cinéma arabe en évoquant le manque d’intérêt des historiens pour l’étude de l’histoire du cinéma arabe, l’absence de base de données exhaustive de la filmograph­ie arabe et l’exclusion du cinéma des minorités à l’instar des Amazighs ou des Kurdes. Notons que le colloque «Vers une nouvelle lecture critique de l’histoire du cinéma arabe» se poursuit durant les deux prochaines éditions avec comme objectif l’élaboratio­n d’un ouvrage académique. Cet ouvrage sera une référence pour une lecture critique autour de l’histoire du cinéma arabe, sur les mouvements intellectu­els qui l’ont influencé en plus de l’élaboratio­n d’un glossaire des cinéastes arabes. Les deux prochaines éditions du festival examineron­t respective­ment la question de l’esthétique du cinéma arabe ainsi que la problémati­que de la réception du film arabe.

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