La Presse (Tunisie)

Gouvernanc­e locale : beaucoup reste à faire

- Samir DRIDI

Le transfert de pouvoir de l’Etat central vers les structures locales nécessite du temps. La clé de la réussite demeure tributaire de l’applicatio­n d’une démarche graduelle et des ressources humaines et financière­s mises à la dispositio­n des collectivi­tés locales, déclare le ministre des Affaires locales et de l’Environnem­ent, Riadh El Mouakhar

S’inspirant de l’article 14 de la Constituti­on tunisienne qui dispose que « l’Etat s’engage à soutenir la décentrali­sation et à l’adopter sur tout le territoire national dans le cadre de l’unité de l’Etat » et de l’article 131 consacré au pouvoir local qui est aussi fondé sur la décentrali­sation, le projet du nouveau Code des collectivi­tés locales (CCL) adopté par l’Assemblée des représenta­nts du peuple se présente comme une assise solide et incontourn­able pour la démocratis­ation de la gouvernanc­e locale selon une approche participat­ive qui coupe court avec le monopole des prérogativ­es de l’Etat central d’avant la Révolution.

Le transfert de pouvoir de l’Etat central vers les structures locales nécessite du temps. La clé de la réussite demeure tributaire de l’applicatio­n d’une démarche graduelle et des ressources humaines et financière­s mises à la dispositio­n des collectivi­tés locales, déclare le ministre des Affaires locales et de l’Environnem­ent, Riadh El Mouakhar

S’inspirant de l’article 14 de la Constituti­on tunisienne qui dispose que « l’Etat s’engage à soutenir la décentrali­sation et à l’adopter sur tout le territoire national dans le cadre de l’unité de l’Etat » et de l’article 131 consacré au pouvoir local qui est aussi fondé sur la décentrali­sation, le projet du nouveau Code des collectivi­tés locales (CCL) adopté par l’Assemblée des représenta­nts du peuple se présente comme une assise solide et incontourn­able pour la démocratis­ation de la gouvernanc­e locale selon une approche participat­ive qui coupe court avec le monopole des prérogativ­es de l’Etat central d’avant la Révolution. Toutefois, il y a loin de la coupe aux lèvres. Les textes de loi ne suffiront pas à changer la donne, mais on espère que les municipali­tés prendront leur envol après l’adoption du CCL, a souhaité le ministre des Affaires locales et de l’Environnem­ent, Riadh El Mouakhar, lors d’une conférence de presse tenue hier, lundi 30 avril, à Tunis et qui a été consacrée à la présentati­on du nouveau CCL. La mise en oeuvre et l’applicatio­n de ce nouveau code se feront graduellem­ent et selon une stratégie préétablie. Le transfert de pouvoir de l’Etat central vers le plan local nécessite du temps, c’est pour cette raison que 33 décrets vont être publiés pour bien préciser les modalités d’applicatio­n des articles du CCl. D’ici neuf mois, tous les décrets seront publiés et un grand pas a été déjà franchi dans cette direction, a tenu à rassurer Riadh El Mouakhar. Et d’ajouter que la clé de la réussite demeure tributaire de l’applicatio­n d’une démarche gra- duelle et des ressources humaines et financière­s mises à la dispositio­n des collectivi­tés locales. Le ministre des Affaires locales et de l’Environnem­ent a tenu à calmer certains esprits qui ne cessent de colporter de fausses vérités sur les retombées du CCL et des supputatio­ns infondées et saugrenues, allant de la « décentrali­sation de la corruption » à la menace qui pèse sur l’unité du pays sous l’effet du renforceme­nt du pouvoir local des conseils régionaux. Il a rappelé que la préparatio­n du nouveau CCL a pris plus de trois années et que des experts tunisiens et d’autres étrangers ont collaboré à sa préparatio­n, outre l’approche participat­ive adoptée dans ce contexte. En effet, des représenta­nts de partis politiques, des ONG et de la société civile, des experts à l’échelle nationale et internatio­nale ont tous contribué à l’élaboratio­n du CCL tout en veillant à placer des garde-fous en vue de renforcer la lutte contre la corruption, la mauvaise gestion et bien sûr et surtout préserver l’unité du pays. Le secrétaire d’Etat à l’Environnem­ent, M. Chokri Ben Hassen, a de son côté relevé l’importance des conseils régionaux, municipaux et districts dans le développem­ent socioécono­mique des régions à travers les investisse­ments et la mise en place d’un partenaria­t public-privé. Il a évoqué l’engagement de l’Etat à aider les collectivi­tés locales à atteindre l’équilibre financier et l’autonomie administra­tive et financière effective, moyennant des investisse­ments et crédits accordés par le Fonds d’appui à la décentrali­sation, de péréquatio­n et de solidarité entre les collectivi­tés locales, et ce, en applicatio­n du principe de solidarité. Le nouveau CCL ne traduit nullement le désengagem­ent total de l’Etat, a précisé le M. Chokri Ben Hassen. L’Etat assurera toujours la réalisatio­n des projets nationaux même en cas de refus après consultati­on du conseil municipal. Mokhtar Hammami, président de l’Instance de prospectiv­e et d’accompagne­ment du processus de décentrali­sation, a insisté sur l’importance des ressources financière­s pour les conseils municipaux. C’est le grand défi à relever car sans ces ressources, on ne peut parler d’indépendan­ce ou de démocratie locale.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia