Musique à la Cité :quelles perspectives ?
Le pôle musical de la Cité de la Culture ne se fait pas attendre. Ni prier. En moins d’un mois, déjà, il compte ses «rendez-vous» : soirée opéra de l’ouverture, «Majaless ettarab» et puis, la vraie première, récemment, qui inaugurait le mois du patrimoine, le concert de la troupe nationale de musique avec le maître du malouf, Ziad Gharsa, et l’excellentissime Meherzia Ettouil. Partir, ainsi, sur les chapeaux de roues, est bon signe. Longtemps, la musique a manqué de programmations et de lieux. Elle se rattrape là, ne perd pas, davantage, de temps. La directrice du pôle, Saïma Sammoud, a eu des mots encourageants l’autre jour sur «Nessma TV». Elle a dit(en substance) que «tous les musiciens, toutes les musiques, tous les publics ont, désormais, les scènes et les théâtres les plus performants techniquement à leur portée». Reste que l’on n’en est, toujours, qu’aux débuts. Et que la célérité et l’enthousiasme ne suffisent pas à tout. Les perspectives ne sont peut-être pas ce que l’on croit. Une programmation musicale de cet ordre nécessite d’abord (avant tout… plus que tout !)un vrai potentiel de création. Est-ce le cas à l’heure qu’il est ? A notre avis, non. Pas encore. Nous avons l’exemple des festivals d’été, des JMC aussi. Créations modiques, en général. Peut-être pas en quantité, en qualité, sûrement. Les causes ?Des talents mal identifiés, peu formés, peu suivis. Des musiciens sans moyens, sans statut .Un marketing musical et médiatique qui «rabaisse» les niveaux . Des produits, dans leur grande majorité, bien en deçà des ambitions. Le sentiment, la crainte, demain, est que les musiques ne soient pas à la hauteur de la Cité. Une programmation de cet ordre nécessite, également, de l’argent, énormément d’argent. En a-t-on là ? En aura-t-on assez ? Difficile. La cité ne disposerait pour l’heure que d’un titre (salaires, logistique, entretien), les concerts et autres spectacles dépendraient ou des sponsors ou du quota des troupes publiques (troupes nationales, orchestre symphonique, etc.) sollicitées. Le plus probable est que l’on bouclera la saison 2018 sur ce «mode» .En attendant les prochains budgets. Tout cela pour dire qu’il y a beaucoup à faire encore. Les débuts en trombe et l’optimisme des responsables ne doivent pas nous leurrer. De même que les belles affiches. La Cité ne pourra jamais rien, seule. Sa réussite à court, moyen ou long terme sera, toujours, tributaire du bon fonctionnement de la Culture en général. De la politique culturelle dans son ensemble. De la formation et de l’éducation artistique. De l’initiation des publics. En musique, cela se traduit par un gros travail en amont. Notamment par une coordination entre les différents intervenants de la culture : enseignants de base, prospecteurs, formateurs, diffuseurs, etc. Créer, produire une musique en quantité et en qualité, remplir les théâtres, hisser les niveaux, forger les goûts, découle d’un tout. Indissociable ! A défaut, on le sait d’expérience, les initiatives, les projets, les grandes joutes et les grandes manifestations musicales ne seront, au final, que «voeux «pieux», promesses inabouties, au mieux, des sortes d’événements «isolés». Concrètement, ici, dans le cas de la nouvelle Cité, le programme de concerts, avenue Mohamed V, risque de connaître le même sort que celui des festivals, ces deux dernières décennies. S’essouffler à la longue, ressasser le peu qu’il y a, pour ne plus ressembler, ensuite, qu’à un vaste défilé de «cafés chantants».
Le pôle musical de la Cité de la culture part sur les chapeaux de roues. C’est bon signe… Reste que l’on n’en est toujours qu’aux débuts… il y a beaucoup à faire encore… Une programmation de cet ordre nécessite un potentiel de création… de l’argent… Et un gros travail en amont… Les perspectives ne sont peut-être pas ce que l’on croit.