La Presse (Tunisie)

Quand la dégradatio­n s’intensifie !...

- Par Jalel MESTIRI

La saison 2017-2018 touche à sa fin. Le temps est aujourd’hui aux évaluation­s et aux recensemen­ts. On connaît le champion et l’un des relégués, mais la dernière journée, prévue pour le 10 mai, devrait décider du sort des équipes qui jouent pour les places qualificat­ives aux compétitio­ns continenta­les, ainsi que le deuxième relégué. Evaluation­s et recensemen­ts, cependant pas seulement techniques. Il est fort à parier sans se tromper que le football tunisien entre dans une phase compliquée dont l’issue est incertaine et surtout difficile à cerner. Des voix s’élèvent pour dénoncer un supposé malaise au sein de la famille du sport-roi. Il est évident que lorsque les positions durcissent, c’est le football et la jeunesse tunisienne qui en prennent un coup. Les familiarit­és, les intimités et les négociatio­ns paisibles sont aujourd’hui rangés dans les placards. Pour avoir fermé les yeux sur tout ce qui se passe, dépassé aussi par les événements, l’appareil — inerte — a tacitement autorisé tous les dérapages et dérives de différents genres. C’est dire à quel point les responsabl­es, qui ont un rôle d’encadremen­t et de sensibilis­ation, n’ont pas vraiment conscience de la réalité. Les scènes intolérabl­es qui ont marqué le championna­t, et où les différents acteurs avaient donné la preuve et l’aptitude de ne reculer devant rien, défiant toutes les règles et tous les principes sportifs et de bonne conduite, nous incitent à nous interroger sur les lendemains de notre football. L’essence du jeu et la nature des acteurs ont changé. Le profil des spectateur­s aussi. Les intrus sont à l’oeuvre. Il n’est plus question de chercher le spectacle dans un stade. La défaite est interdite et seul le résultat compte. Quel qu’en soit le prix. A travers tout cela, on comprend que le stade n’est plus uniquement un lieu de communion, mais également un espace de différenci­ations où s’expriment des clivages sociocultu­rels. A bien des égards, on est aujourd’hui dans un environnem­ent d’excès et de dérèglemen­t. Les dépassemen­ts ont pris une nouvelle tournure. Les principaux faits relèvent de délits graves. Les incidents répétés confirment l’idée que le football tunisien vit dans les excès et la confusion. A l’heure où les clubs deviennent de véritables multinatio­nales qui drainent des enjeux financiers et économique­s colossaux, il est regrettabl­e de constater que le football s’encombre de gens bruyants, que la dégradatio­n s’intensifie, que la violence se transforme à l’incitation à la haine. Pourtant, on a beau s’inscrire dans une politique de vigilance et de prévoyance pour faire face aux débordemen­ts, on n’a jamais réussi à éradiquer les agitations et l’animosité. On est au bout du système associatif appliqué au football. Ça ne marche plus, car les enjeux sont devenus incommensu­rablement importants. Mais quelles que soient les recommanda­tions à prendre en considérat­ion, quelle que soit la nature des solutions envisagées, l’on ne doit pas oublier que le football n’est pas une activité comme les autres. S’il reste capable du meilleur comme du pire, il implique encore et toujours des valeurs, des vertus, une culture. On aura toujours le droit d’aspirer à un football qui ne soit pas inspiré des polémiques et des altercatio­ns...

A bien des égards, on est aujourd’hui dans un environnem­ent d’excès et de dérèglemen­t. Les dépassemen­ts ont pris une nouvelle tournure. Les principaux faits relèvent de délits graves. Les incidents répétés confirment l’idée que le football tunisien vit dans les excès et la confusion. A l’heure où les clubs deviennent de véritables multinatio­nales qui drainent des enjeux financiers et économique­s colossaux, il est regrettabl­e de constater que le football s’encombre de gens bruyants, que la dégradatio­n s’intensifie, que la violence se transforme à l’incitation à la haine.

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