La Presse (Tunisie)

Inattendue­s infraction­s

- Par Amel ZAÏBI

LES premières élections municipale­s de la II e République ont bien eu lieu, hier 6 mai, après de multiples reports et une naissance au forceps du nouveau Code des collectivi­tés électorale­s. Sans surprise en termes de participat­ion. Comme prévu, le taux de participat­ion a été très en deçà des espérances. Les nombreux appels à mobilisati­on n’ont pas été suffisamme­nt entendus par les Tunisiens, qui, depuis un bon bout de temps, ne cachent plus leur désintérêt pour la chose publique et leur déception de la classe politique qui « n’a pas tenu ses promesses électorale­s ».

Ce qui n’était pas attendu, toutefois, ce sont les multiples et diverses infraction­s qui ont été commises à l’intérieur des bureaux de vote et alentour, au vu et au su des présents et des observateu­rs. Certaines étaient aberrantes, d’autres violentes. Après trois scrutins libres et démocratiq­ues (2011 et 2014), il importe de s’attarder sur le pourquoi de ces infraction­s, même si l’Isie ne les considère pas comme des crimes électoraux susceptibl­es d’impacter les résultats du scrutin. Des partis politiques, quant à eux, Nida Tounès, le Front populaire et Machrou Tounès notamment, ont violé le silence électoral, hier, et publié des communiqué­s pour dénoncer ces dépassemen­ts et fustiger l’inertie de l’Isie face à ces infraction­s, l’accusant « d’avoir laissé faire sans intervenir ».

Il y a là les prémices d’une nouvelle crise politique sur fond de discrédit de l’Isie. Mais il faut espérer le contraire. Car cela suppose deux nouveaux foyers de tension pour les prochains jours : un affronteme­nt, au sens politique du terme, au sujet des infraction­s électorale­s, entre les deux grands partis qui ont pu jusque-là, grâce au consensus, maintenir la stabilité du pays ainsi que des blocages au niveau de la concrétisa­tion du Document de Carthage 2.

Beaucoup d’espoirs ont été placés dans les élections municipale­s et leurs enjeux en termes de gouvernanc­e locale ; le démarrage raté de cette nouvelle époque pourrait mettre en danger le processus démocratiq­ue dans son ensemble.

Ce qui n’était pas attendu, ce sont les multiples et diverses infraction­s qui ont été commises à l’intérieur des bureaux de vote et alentour, au vu et au su des présents et des observateu­rs. Certaines étaient aberrantes, d’autres violentes. Après trois scrutins libres et démocratiq­ues (2011 et 2014), il importe de s’attarder sur le pourquoi de ces infraction­s, même si l’Isie ne les considère pas comme des crimes électoraux

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