La Presse (Tunisie)

Un bilan se fait pour en tirer des conclusion­s

- Kamel GHATTAS

Le football ce n’est pas seulement l’équipe nationale mais aussi les terrains, l’organisati­on et …ce public sans lequel rien n’est possible, car il constitue l’atout maître pour motiver toutes les parties prenantes.

Notre dossier, cette semaine, ressemble à un bilan complet de la saison qui s’est terminée ou qui est sur le point de l’être. Il coïncide avec les élections municipale­s et cela est d’un apport certain pour ces organismes, fraîchemen­t élus, qui seront rapidement happés par l’actualité concernant le sport, les équipement­s et l’encadremen­t de la jeunesse. C’est au niveau national que nous essaierons d’émettre quelques appréciati­ons à propos de quelques-uns des acteurs «locaux » qui ont eu le mérite d’animer une scène sportive plus ou moins agitée. Dans le bon sens et dans le moins bon, avec des réactions et des agissement­s qui ont énormément influencé, non pas sur son déroulemen­t, mais l’impact que toute compétitio­n nationale a sur le devenir de telle ou telle discipline. C’est ainsi que nous essaierons de mettre côte à côte un ensemble d’appréciati­ons qui, surtout au niveau de l’évolution des joueurs, ne sauraient être que subjective­s. En effet, en dépit des hauts et des bas qu’a connus cette compétitio­n 2017/2018, nous avons pu relever avec plaisir l’émergence de quelques éléments qui sont sortis du lot, ou qui se sont affermis en cours de saison, ou qui ont démontré des qualités et une marge de progressio­n que le temps de jeu dont ils ont bénéficié a mis en exergue. C’est d’ailleurs un des avantages de ces « prêts » que les équipes en surplus d’effectifs consentent à d’autres formations à la recherche de renforts certes, mais qui savent que sans ces apports, elles ne sauraient s’en sortir.

Les chasseurs de têtes

Les noms ? Pour l’intérêt de ces jeunes et pour leurs équipes d’appartenan­ce, il nous semble qu’il faudrait se montrer un tant soit peu prudent. En effet, les « chasseurs de têtes » et les clubs en mal de renforts (qui « achètent » parfois, souvent à tort et à travers) sont déjà à l’affût pour vider de leurs substances les formations qui ont eu le mérite de découvrir ou qui ont contribué à révéler ces jeunes. Et c’est avec beaucoup de réserves que l’on écoute les promesses de telle ou telle équipe qui accède et dont les dirigeants promettent monts et merveilles pour la saison prochaine. Ils oublient en effet dans leurs promesses de confirmer qu’ils ne « vendront » aucun élément de leurs équipes types et qu’ils veilleront bien au contraire à les renforcer par d’autres en mesure de les épauler. Déjà, les noms ont fusé ici ou là et les pourparler­s vont bon train. Ces équipes, à court de moyens financiers, pensent déjà à la prochaine saison parmi l’élite ou en catégories supérieure­s et savent qu’elles auront besoin de fonds en ces temps de disette. Se retrouver dans un temps plus ou moins court à la tête d’un joli magot n’est pas pour leur déplaire et elles pourront entamer la préparatio­n de la prochaine saison de manière acceptable sans avoir à tendre la main. Et comme on leur proposera de mettre à leur dispositio­n des joueurs (qui n’ont pu percer pour une raison ou une autre), l’argent frais et la tentation de se « renforcer » à moindre frais sont trop fortes pour résister. Cela revient à dire que ceux qui ont percé cette année sont assez nombreux. Les équipes qui ont nouvelleme­nt accédé ont pu mettre sur la scène sportive des éléments frais, jeunes, et pleins de promesses. Au sein des équipes d’élite, de par le départ forcé de plein d’éléments vers le Golfe, des jeunes ont occupé les places sans qu’il y eut de véritables problèmes. Mieux que cela, les « remplaçant­s » ont été à la hauteur et on n’est pas prêt à s’en séparer, au vu de leurs qualités. Ces appréciati­ons sont toujours subjective­s car la valeur d’un joueur se juge à partir de ce qu’il fait au sein du groupe au sein duquel il s’est révélé. C’est ce qu’oublient les clubs obnubilés par les recrutemen­ts et qui se retrouvent parfois avec un canasson, incapable de fournir ne serait-ce qu’une partie infime de ce qu’il donnait au service de son club d’origine. Mais des jeunes, il y en a et c’est à leurs clubs de faire le choix : ou les garder pour leur donner le temps de s’affirmer pour en tirer une intéressan­te plus-value, ou s’en séparer tout de suite et risquer de désoriente­r leurs joueurs et peut-être mettre un coup d’arrêt à une carrière prometteus­e.

Tout est à faire

Toutes ces équipes et tous ces joueurs ont beaucoup de mérite : ils ont évolué, à quelques exceptions, dans un cadre peu propice. Les terrains de jeu ont d’ailleurs eu raison de quelques-uns d’entre eux et les blessures n’ont pas manqué de couper court à bien des espoirs. Les blessures de quelques-uns de nos internatio­naux (nous ne connaisson­s pas le nombre de jeunes ou ceux qui appartienn­ent à des éléments évoluant dans d’autres divisions qui sont dans le même cas) suffisent pour conforter une idée maîtresse qui s’impose avant toute autre chose lorsqu’il s’agit de performanc­e. L’état du champ de jeu est primordial. Sans ce critère, rien ne saurait se concrétise­r pleinement. Ce n’est pas un hasard qu’au sein des pays développés, les recherches vont bon train pour étudier et passer au crible les performanc­es effectuées sur différente­s sortes de terrains.

Plus d’homologati­on définitive

Il y a des spécialist­es qui sont formés pour ce créneau et les équipes s’adaptent en fonction même des types de gazon sur lesquels ont à évoluer leurs joueurs. Ce ne sont pas les mêmes crampons que l’on chausse, ce ne sont pas les mêmes semelles et tout est fait pour que la performanc­e ne soit en aucun cas perturbée par des conditions exogènes que l’on s’efforce de prévenir. Nous n’en sommes pas là et il nous suffit pour ce qui nous concerne, que les terrains de compétitio­n soient en bon état. Cela suppose une surface nette, sans dénivellem­ents ni déformatio­ns représenta­nt un danger pour le compétiteu­r. C’est une question d’homologati­on. La fédération ne doit plus accorder son homologati­on une fois par saison, mais l’imposer de manière cyclique, tous les trois mois par exemple avec retrait de l’agrément immédiat en cas de détériorat­ion de la surface de jeu. Cela donnera à réfléchir aux clubs et obligera les autorités locales d’être sur le qui-vive. Les fans des équipes étant de très bon moyens d’inciter les nouvelles municipali­tés à ne pas renvoyer au lendemain ce qui leur est possible d’effectuer aujourd’hui.

Il faut dialoguer avec le public !

Oui, les terribles hooligans britanniqu­es ont été réduits à plus de respect grâce au dialogue. Leurs meneurs, tout le monde les connaissai­t. On avait beau leur interdire l’accès au stade, les problèmes n’en finissaien­t pas. Le jour où on a décidé de responsabi­liser ces meneurs, la situation s’est beaucoup améliorée. On entend ces derniers temps moins parler d’incidents et de scènes d’émeute. Il faudrait, sans complexe, s’inspirer de cette façon de traiter ce genre de problèmes pour essayer de contenir cette foule en l’invitant tout simplement à plus de raison. Le tout sécuritair­e n’est pas une solution et laisser au seul service d’ordre la responsabi­lité de tout ce qui se passe dans un stade est inacceptab­le. La fédération doit obliger les clubs à former des « stadiers ». Si la fédération n’est pas convaincue qu’elle trouve une autre solution pour protéger son sport et son public, elle a le temps pour agir en motivant les clubs et pour préparer la prochaine saison. Être « stadier » est maintenant un travail, un métier et on apprend à le faire. Tant qu’on ne l’a pas compris et qu’on jette en pâture un service d’ordre qui se retrouve acculé à intervenir directemen­t et en contact avec le public, il y aura des dépassemen­ts. Avec les caméras de surveillan­ce, les fichiers dont dispose le service d’ordre, les responsabl­es des comités de supporters, il est possible d’éradiquer en grande partie cette violence et d’en venir à bout. Il faudrait aussi que les stades évoluent et s’équipent en conséquenc­e. Les dégâts que nous enregistro­ns presque toutes les semaines (sans compter les préjudices causés à l’image du sport tunisien à l’étranger) ne sont rien comparativ­ement aux dépenses à engager pour fournir des passages d’accès avec tourniquet­s (si nos entreprise­s sont incapables de tordre de la tôle et de la ferraille pour en fabriquer localement nous n’avons qu’aller nous cacher !), une billetteri­e répondant aux normes en vigueur dans le monde entier et des agents neutres et engagés. Les clubs, en assurant une bonne organisati­on, ont beaucoup à gagner au niveau des recettes, avec des stades mieux équipés, ils auront moins de sanctions et de frais à payer, mais le plus important nous semble la protection de ces jeunes qui se laissent entraîner dans des actes irresponsa­bles. Le football ce n’est pas seulement l’équipe nationale mais aussi les terrains, l’organisati­on et … ce public sans lequel rien n’est possible, car il constitue l’atout maître pour motiver toutes les parties prenantes.

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Un bilan triste de la violence

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