La Presse (Tunisie)

«C’est la soupe à la grimace!»

«L’intensité a pris le pas sur la discipline».

- K.KHOUINI

«L’Espérance est un OVNI en Tunisie»

«Je pense qu’il faut, avant tout, multiplier les initiative­s pour séduire le public le plus large possible. Après, l’on pourra apprécier le niveau de notre Ligue 1. Les caisses du club, la magie du football, l’engouement, c’est important en football. Montrer des fans en liesse, c’est le propre même du sport-roi. Notre championna­t est de plus en plus médiatisé. Mais pas toujours pour les bonnes raisons. L’objectif est qu’il prenne une toute autre envergure. Audelà du fait qu’il n’y a pas eu de passage de témoin cette saison, avec le sacre de l’Espérance de Tunis. Il ne faut cependant pas s’emballer ni tirer des conclusion­s hâtives. Je note juste que l’EST est un ovni dans le cadre de la Ligue 1 tunisienne. On le sait, chaque championna­t a ses périodes de gloire et ses années noires. Idem pour les clubs. Parfois, c’est la soupe à la grimace pour les uns ou pour les autres. Tantôt c’est serré, de temps à autres, c’est déséquilib­ré. Moi, je rêve d’un championna­t tunisien où tous les stades sont bondés et tous les matchs sont difficiles. Même dans le fond du classement, on doit avoir des matchs sublimes. Concernant notre L1, mon constat est le suivant : l’intensité a pris le pas sur la discipline».

«Les caractéris­tiques ne sont pas comparable­s»

«Je trouve aussi qu’il faut des profils particulie­rs pour jouer dans chaque championna­t. En Tunisie, les coachs sont très à cheval sur le placement tactique. Or, combiner technique et vitesse d’exécution est important. Nos voisins marocains et algériens jouent, quant à eux, très offensifs. Et on y retrouve aussi énormément d’espace. Chez nous, tantôt, c’est très fermé et très tactique par contre. Sauf que je ne suis pas toujours d’accord quand on dit que notre championna­t n’est pas homogène. Juste que les caractéris­tiques ne sont pas toujours comparable­s. En Tunisie, il y a une culture de la mise en place tactique. Par contre, pour moi, l’argent mis sur la table, est disproport­ionné par rapport au niveau réel du championna­t».

«C’est besogneux»

Maintenant, quelle action, quel spectacle, quelle rencontre? Comme par le passé, les puristes veulent vivre des ins- tants magiques sur les terrains de football. Le quatuor de gros bras peut se montrer très compétitif tantôt, sans aucun doute. Mais une fois ouvert ce magnifique écrin et mis de côté le Big Four, c’est le vide avec des entraîneur­s de type consommabl­e, un style de jeu sans fondement tactique, fidélité envers le «kick & rush» pour la plupart et des défenses portes ouvertes, c’est pas vraiment pro tout ça. Généraleme­nt, nos clubs sont besogneux avec tantôt des solistes se débrouilla­nt comme ils peuvent. Je penses que pour évoluer, il doit y avoir cette volonté de produire du jeu tout en restant fidèle à une certaine rigueur tactique. A l’avenir, il y a de quoi se faufiler dans le dernier carré de la C1 africaine. En attendant, il faut s’en donner les moyens humains. En Tunisie, le football est une question d’orgueil. Comme son peuple, le football tunisien est à fleur de peau, chaud et sentimenta­l ! Quand le huis clos n’est pas décrété ou les quotas ne sont pas instaurés, dans les tribunes, les supporters sont fous et entonnent des chansons émouvantes. Une défaite ou une victoire a le don de changer leur semaine ! Regarder un match chez nous, c’est aussi l’assurance d’un spectacle vocal, d’un festival de superlatif­s ou au contraire d’un silence de mort en cas de but de l’adversaire ! Sur le terrain, pas pire, ou pas mieux. Les rivalités sont exacerbées, la tension palpable. Les clubs ont une vraie identité qui se transmet à chacun de ses joueurs»!

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