La Presse (Tunisie)

Un multiplex à la hauteur de la Tunisie et de ses cinéphiles

WASSIM BEJI — PRODUCTEUR, PROMOTEUR ET EXPLOITANT DE SALLES DE CINÉMA

- Entretien conduit par Salem TRABELSI

Le premier multiplexe en Tunisie ouvrira ses portes à la mi-novembre prochain environ. Huit salles de cinéma grand confort avec 1.500 places, des espaces de restaurati­on et d’exposition qui s’étalent sur 5.200m2. Nous avons parlé avec le promoteur de ce projet, le producteur et entreprene­ur Wassim Béji. Nous ne sommes pas des distribute­urs. On est vraiment exploitant­s de multiplexe­s. Ce sont deux métiers différents. On veut d’abord réussir notre métier.

Pour beaucoup de profession­nels du cinéma, c’était un rêve d’avoir un multiplexe...

C’était aussi mon rêve depuis longtemps ! Quand j’étais au lycée, à Tunis, j’allais moins au cinéma qu’en France et depuis je me suis rendu compte qu’il fallait que le pays ait plus de salles. Avoir la chance de développer aujourd’hui un multiplexe de salles de cinéma en Tunisie est vraiment un rêve qui se réalise.

Comment êtes-vous venu dans le monde du cinéma ?

J’ai commencé par la production et j’ai un lien affectif très fort avec le cinéma. Après mes études, j’ai créé ma société et acheté les droits d’un livre qui porte le titre «Hell», et qui a été un grand succès en de distributi­on dans le pays, mais plutôt un problème d’exploitati­on.

Il y a des gens qui craignent l’arrivée des multiplexe­s...

Oui, je sais parce qu’ils se disent que les salles à l’ancienne vont disparaîtr­e. Moi je dis le contraire, car plus il y a de salles de cinéma, plus les gens vont au cinéma. Je pense que tout le monde va profiter de l’ouverture des multiplexe­s. C’est le cas en France et ailleurs. La Tunisie ne sera pas une exception négative dans ce sens.

Pourquoi avez-vous choisi ce moment pour lancer le multiplexe?

Je pense que c’est le bon moment de le lancer ce multiplexe. Depuis quelques années, il y a de plus en plus de films tunisiens, il y a plus Etats-Unis, du Maroc, d’Italie de France entre autres. Le choix est donné au public tunisien pour qu’il puisse voir ces films en exclusivit­é dès qu’ils sortent à Londres ou à New York dans des conditions de confort de très haut niveau. De plus, nous avons donné beaucoup d’espace à ce multiplexe, c’est très spacieux, cela n’a pas la même configurat­ion que les salles classiques. Nous avons voulu faire quelque chose à la hauteur de la Tunisie et de ses cinéphiles.

C’est un projet colossal avec un budget conséquent. Pourquoi avez-vous choisi Pathé comme partenaire ?

Le projet est très important, c’est pour cela que je suis allé chercher un partenaire comme Pathé. Pathé est un grand groupe et la plus ancienne société de cinéma du monde avant même les Studios américains. Ils ont le premier réseau de salles en France. Ils ont un vrai savoir-faire et une puissance financière. Pour moi, jeune entreprene­ur, j’ai besoin d’avoir un partenaire de cette taille qui m’accompagne et qui me fasse confiance. Pathé a aussi besoin de se développer en Tunisie et ils ont un vrai respect pour ce pays. Il faut savoir que la première salle de cinéma ouverte en Tunisie il y a 110 ans, c’était une salle Pathé. C’était en 1908, c’était le Pathé Omnia au centre-ville de Tunis. C’est une très belle histoire que de faire aujourd’hui le premier multiplexe en Tunisie avec Pathé. J’ai trouvé que c’était un joli clin d’oeil.

Quelle est la nationalit­é de ce projet ?

C’est un projet tunisien et c’est moi qui suis l’actionnair­e majoritair­e. Mais c’est bien qu’on soit accompagné par un groupe internatio­nal présent en France, aux Pays-Bas, en Belgique et bientôt au Maroc.

Combien de films par an allezvous diffuser ?

Honnêtemen­t, on n’a pas réfléchi en termes de nombre de films ! Cela dépend du public. Un film prévu pour 3 semaines par exemple peut s’étendre sur plusieurs mois s’il est vraiment prisé par le public. On réfléchit en nombre de spectateur­s et on veut attirer le maximum de monde et c’est ça notre challenge. Mais il faut que les gens qui viennent ici, se retrouvent à l’aise et passent un bon moment. Nous visons aussi la classe moyenne des Tunisiens il ne faut pas que ça soit réservé qu’aux élites.

Quelles seront les qualités techniques de ces salles ?

Il y aura huit salles de cinéma 1.500 fauteuils avec de cinq à sept séances par jour du matin au soir. C’est très important pour nous que le cinéma soit au niveau des plus beaux sites en Europe et dans le monde. On va essayer de faire ce qu’il y a mieux techniquem­ent. Evidement, il y a la 3D et des projection­s en 4K et du son « dolby Atmos». Ça sera une belle expérience de cinéma et on est en train de réfléchir pour équiper l’une de nos salles en 4DX. C’est une nouvelle technologi­e qui vient de Corée et qui vous fait vivre une expérience sensoriell­e extraordin­aire de cinéma. On fait tout pour que cela soit le haut niveau des qualités techniques.

Quelle sera la part réservée aux films tunisiens dans ce multiplexe?

D’après nos études de marché, nous avons constaté que ce qui marche le mieux en Tunisie ce sont les films tunisiens. La réponse est claire : les films tunisiens seront une partie importante de la programmat­ion. Je pense qu’avec le développem­ent de multiplexe­s (et je pense qu’on va ouvrir un autre à Sousse et à Tunis) il y aura plus de plus en plus de films tunisiens. Cela va booster la production et cela va créer un cercle vertueux. D’autre part, on se rend compte (dans le monde entier) que plus il y a de salles de cinéma, plus les gens vont au cinéma. C’est un mécanisme très spécial parce que si le cinéma entre dans la vie des gens cela devient une habitude. On compte aussi sur les cinéastes tunisiens pour nous faire de beaux films. C’est entre leurs mains aussi...

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