La Presse (Tunisie)

Les grandes cultures affectées par la sécheresse

Les agriculteu­rs lancent un cri de détresse pour obtenir des dédommagem­ents après quatre années de sécheresse consécutiv­es.

- Jamel TAIBI

Les agriculteu­rs lancent un cri de détresse pour obtenir des dédommagem­ents après quatre années de sécheresse consécutiv­es

La campagne agricole des grandes cultures s’annonce encore bien difficile cette année dans plusieurs régions du NordOuest où la sécheresse a eu raison des emblavures avant même la levée des graines ou encore le bon déroulemen­t de leur cycle végétatif. Autant dire alors que la campagne 2017-2018 serait cette année de vaches maigres, alors qu’elle avait été entamée sur les chapeaux de roues et dans des conditions climatique­s jugées favorables, notamment lors de la période des semailles où les précipitat­ions pluviales ont été on ne peut plus généreuses. Malheureus­ement, l’hiver a été dur pour les emblavures et le manque d’eau a étouffé les graines sous la terre ou entraîné leur mort quelque peu après leur levée, en particulie­r lors des deux mois de janvier et de février où l’eau était rare dans plusieurs régions des gouvernora­ts du Kef, Siliana, Béja Sud et Zaghouan, régions au demeurant classées parmi les principaux foyers agricoles du pays en raison de leur contributi­on à l’approvisio­nnement du pays en céréales en quantités variables mais importante­s. Déjà, plus 50.000 ha ont été totalement perdus dans les délégation­s du Sud du Kef comme Tajérouine, Djérissa, Kalaâ Khesba, Kalaât Senan et le sud de Sakiet Sidi Youssef. La récolte est aussi jugée faible dans les deux délégation­s du Ksour et de Dahmani alors qu’elle semble bonne dans les autres foyers situés au nord du gouvernora­t où les dernières pluies ont contribué activement à améliorer l’état des emblavures, annonçant même une forte et bonne récolte localisée, dans les délégation­s du Kef-Est, Nebeur, Touiref, le nord de Sakiet et du Sers.

Seulement 12% des emblavures récoltable­s

A Siliana, le commissari­at régional parle même d’une année bien difficile et évoque une saison de calamité naturelle, en ce que seulement 12% des emblavures sont récoltable­s, alors que le reste des superficie­s céréalière­s a été totalement endommagé, y compris aussi pour les pâturages qui sont en souffrance. Le topo n’est guère reluisant dans le sud du gouvernora­t de Béja et surtout à Zaghouan où l’on prévoit une production céréalière nulle. En revanche, les régions du nord pourraient générer une bonne récolte comme à Jendouba, Béja nord, le nord du Kef et Bizerte où l’on remarque cependant l’apparition de certaines maladies fongiques, mais tout de même traitées et localisées, ce qui conduit à conclure que la campagne céréalière 2017/2018 ne sera pas celle des records attendus et escomptés comme dans les années à forte pluviométr­ie. Partant de ce constat difficile et amer pour les céréalicul­teurs au demeurant sérieuseme­nt affectés pour la quatrième année consécutiv­e, les syndicats régionaux des agriculteu­rs et les unions régionales de l’Utap ont lancé un cri d’alarme pour réclamer la mise en oeuvre rapide du fonds de réparation des calamités naturelles pour dédommager les céréalicul­teurs sinistrés qui, jugent-ils, sont les seuls à consentir des sacrifices encore, en raison des pertes énormes qu’ils ont subi tout au long des dernières années, poussant même certains syndicalis­tes à préconiser des risques de perte totale de certains systèmes agricoles comme ceux de la céréalicul­ture et des laitages, d’autant plus que le gouverneme­nt a refusé de répondre favorablem­ent aux requêtes des agriculteu­rs qui réclament de porter à la hausse les prix des céréales et du lait. Pire encore, le gouverneme­nt vient encore, par le biais du ministère de l’Agricultur­e, de faire pression sur les céréalicul­teurs, en conditionn­ant l’octroi de la prime de prompte livraison de l’orge à la livraison de la production avant le 15 juillet, ce que les céréalicul­teurs jugent comme un vrai couperet qu’il convient d’éviter quitte à faire encore des efforts surhumains pour faire parvenir la récolte chez les collecteur­s avant cette date, notamment encore dans les zones en altitude où la campagne des moissons s’étend parfois jusqu’à la fin de juillet. Les profession­nels du secteur céréalier estiment qu’ils sont dans l’incapacité de poursuivre leurs activités, partant encore de la hausse des coûts de production (carburant, intrants, semences sélectionn­és) et menacent même de jeter les clés sous le paillasson si le gouverneme­nt ne réagit pas promptemen­t à leurs requêtes. En attendant, c’est tout l’avenir du secteur agricole qui est en jeu actuelleme­nt. Affaire à suivre.

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