La Presse (Tunisie)

Des académicie­ns se mobilisent en faveur de l’IVD

Une pétition initiée par un groupe d’universita­ires indépendan­ts s’inquiète de l’avenir de la justice transition­nelle. Un texte développé à travers sept points

- O. BELHASSINE

Après le communiqué du 17 avril dernier publié par une trentaine d’ONG tunisienne­s et internatio­nales pour soutenir le processus de justice transition­nelle et appuyer la décision de l’IVD de poursuivre ses travaux jusqu’au 31 décembre 2018, malgré le veto émis contre ce projet par l’ARP, une autre initiative de la société civile vient de voir le jour. Elle provient d’un groupe d’académicie­ns indépendan­ts et exprime à travers une pétition intitulée « Pour la consolidat­ion du processus de justice transition­nelle » la même inquiétude face au risque d’interrupti­on brutale des travaux de l’Instance par les autorités avant que celle-ci n’ait clos tous ses dossiers.

Après le communiqué du 17 avril dernier publié par une trentaine d’ONG tunisienne­s et internatio­nales pour soutenir le processus de justice transition­nelle et appuyer la décision de l’IVD de poursuivre ses travaux jusqu’au 31 décembre 2018, malgré le veto émis contre ce projet par l’ARP, une autre initiative de la société civile vient de voir le jour. Elle provient d’un groupe d’académicie­ns indépendan­ts et exprime à travers une pétition intitulée « Pour la consolidat­ion du processus de justice transition­nelle » la même inquiétude face au risque d’interrupti­on brutale des travaux de l’Instance par les autorités avant que celle-ci n’ait clos tous ses dossiers. La pétition publiée le 28 avril a également été signée par des avocats, des juges et des écrivains. Abderrahma­ne Kekli, universita­ire, Mohamed Limam, professeur de sciences politiques, Zouhour Kourda, professeur de droit public, Amel Grami, universita­ire et écrivaine, Kelthoum Kenou, magistrate, Larbi Chouikha, universita­ire, Sami Braham, chercheur, Anouar Kousri, avocat, Mehdi Mabrouk, chercheur, Tahar Chagrouch, ancien prisonnier politique…font partie des premiers signataire­s de la pétition. « Nous sommes convaincus que l’avenir et la santé de la transition démocratiq­ue sont intimement liés au parcours de la justice transition­nelle. Sans ce processus, nous ne serons pas à même de tourner la page du passé, d’en finir avec l’impunité et de réhabilite­r les victime dans leur dignité », assure Mounir Kchaou, professeur de philosophi­e à l’université de Tunis et l’un des initiateur­s de la pétition. Sept points sont développés par le texte émis comme un plaidoyer pour la poursuite d’une justice des temps de transition. Les initiateur­s y invitent les autorités à collaborer avec la commission vérité : « Afin de déterminer la responsabi­lité des institutio­ns de l’Etat et de toute personne se trouvant impliquée dans les atteintes aux droits de l’Homme afin d’en rendre publiques les causes et de proposer les réformes à entreprend­re afin d’empêcher qu’elles ne se reproduise­nt dans l’avenir». La pétition insiste sur l’importance de la rédaction par l’IVD de son rapport final, qui devrait intégrer des recommanda­tions et des propositio­ns au sujet des réformes politiques, économique­s, administra­tives, sécuri- taires, judiciaire­s, éducatives et culturelle­s.

Contre la création d’un parcours parallèle à la JT

Après avoir rappelé que la prolongati­on des délais pour l’achèvement des travaux des commission­s vérité n’est pas une spécificit­é tunisienne et que beaucoup de pays ayant vécu des circonstan­ces similaires ont eu recours à la même mesure, la pétition alerte sur le danger de «création de parcours parallèles à celui de la justice transition­nelle» . Elle prévient contre les tentatives de pervertir le processus par « l’introducti­on d’amendement­s à sa loi organique» car, affirment les initiateur­s de ce texte, la justice transition­nelle reste «le cadre approprié pour la révélation de la vérité, la reddition des comptes et la réconcilia­tion». La dernière recommanda­tion du texte concerne l’IVD. Elle appelle le Conseil de l’Instance «à se consacrer entièremen­t aux affaires dont il a la charge et à éviter les conflits et les querelles autour de sujets n’ayant pas de rapport direct avec sa mission et qui sont de nature à l’affaiblir et à l’éloigner de sa vocation».

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