Sans les jeunes
Le discours politique truffé de fausses promesses ne convainc plus les jeunes
Les derniers résultats du scrutin municipal n’ont fait que confirmer les prédictions. Le fort taux d’abstention avoisinant les 70% est venu refléter les espoirs déchus et les rêves fissurés des jeunes. Mais au fait, il n’y a eu ni vainqueur ni vaincu. Le résultat est bon pour le moral pour un parti et une leçon pour un autre. Les jeunes avaient l’esprit ailleurs ce dimanche 06 mai 2018. Le derby catalan, pourtant sans enjeu, entre le Real et le Barça, joué dans la même soirée de cette journée, avait exercé plus d’attrait sur les jeunes qui se sont rués vers les cafés. Le nombre des inscrits âgés de 18 à 35 ans est de 1.753.788, selon l’Isie, mais on n’a vu, en majeure partie, que des personnes âgées devant les bureaux de vote. Tous les spots publicitaires et les campagnes de sensibilisation menées par les candidats visant à inciter les gens à aller voter massivement lors de ces élections sont tombés dans l’oreille d’un sourd. Le discours politique truffé de fausses promesses ne convainc plus. Jeunes et moins jeunes ne font plus confiance aux partis politiques qui sont tombés dans le discrédit. Les sentiments d’exclusion et de marginalisation, l’augmentation du taux de chômage, la détérioration du pouvoir d’achat, l’inflation qui confirme son trend haussier ont impacté la participation des jeunes en perte de repères et déçus, mais de plus en plus révoltés. Mais là où le bât blesse, c’est que les partis politiques, vainqueurs et vaincus, ne se soucient guère du grand taux d’abstention et du gouffre les séparant des citoyens. Seuls les résultats comptent. Demain sera un autre jour. Certains responsables au pouvoir font sortir l’artillerie lourde lors des colloques. Ils ne parlent que de stratégies et de plans d’action se rapportant à l’insertion des jeunes, de la démocratie participative que les clivages partisans ne font que reléguer aux calendes grecques, comme en témoigne la longue liste des réformes qui tardent à se concrétiser dans diffé- rents secteurs, notamment celui des caisses de sécurité sociale. La gouvernance locale, la décentralisation et le renforcement des pouvoirs municipaux sont un long processus à mettre en oeuvre, ce qui va prendre beaucoup de temps. L’essentiel est de franchir la conjoncture actuelle par laquelle passe le pays et impliquer davantage les jeunes, loin des clivages et des tiraillements politiques et penser à demain en toute indépendance, loin, autant que possible, des ingérences étrangères. Par ailleurs, on a peur que nos partis ne soient encore sous l’emprise de la nostalgie de temps révolus.