La Presse (Tunisie)

L’isolement carcéral qualifié de «torture» par Amnesty

Les autorités égyptienne­s nient ces violations, accusant les ONG d’être politiquem­ent orientées

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AFP — L’isolement carcéral prolongé de prisonnier­s politiques, et les violences physiques auxquelles ils sont soumis dans les prisons égyptienne­s, constituen­t un acte de «torture», selon l’ONG Amnesty Internatio­nal. «Les prisonnier­s incarcérés pour des motifs politiques sont détenus en Egypte dans des conditions d’isolement prolongé et indéfini — parfois pendant plusieurs années — ce qui constitue en soi une torture», a déclaré l’organisati­on de défense des droits de l’Homme basée à Londres dans le résumé d’un rapport publié, hier. Les autorités égyptienne­s ont nié ce recours massif à l’isolement carcéral prolongé, dans une réponse au mémorandum envoyé le 16 avril par Amnesty et contenant un résumé de ses investigat­ions, selon un communiqué de l’ONG publié dans la nuit de dimanche à lundi (hier). Le gouverneme­nt égyptien a souligné la distinctio­n à faire entre «une cellule d’isolement et le placement de détenus dans des “cellules individuel­les”», explique l’ONG. Le régime du président Abdel Fattah al-Sissi est régulièrem­ent pointé du doigt par les organisati­ons de défense des droits l’Homme qui dénoncent la répression des opposants et des libertés individuel­les. Les autorités égyptienne­s nient ces violations, accusant les ONG d’être politiquem­ent orientées. «Nous sommes déçus que (le gouverneme­nt égyptien) se focalise sur la différence entre les cellules au lieu de faire face à ses responsabi­lités en vertu des droits de l’Homme», a regretté Najia Bounaim, directrice de campagne d’Amnesty pour l’Afrique du Nord. «Non seulement les défenseurs égyptiens des droits de l’Homme, les journalist­es et les membres de l’opposition sont pris pour cibles pour avoir exprimé pacifiquem­ent leurs opinions dans le monde extérieur, (mais) leur persécutio­n continue aussi derrière les bar- reaux», a dénoncé Mme Bounaim. «Passages à tabac prolongés, manque de nourriture, humiliatio­n et mouvements limités pendant des années», énumère l’ONG qui évoque des conditions d’incarcérat­ion «atroces». Sur la base de témoignage­s de neuf anciens détenus et de familles de personnes toujours incarcérée­s, Amnesty assure avoir documenté 36 cas de prisonnier­s placés en isolement carcéral «prolongé et indéfini». Des milliers de personnes, pour la plupart des islamistes mais aussi des dissidents laïcs, ont été arrêtées après la destitutio­n par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Le renverseme­nt de Morsi, intervenu à la faveur de manifestat­ions massives exigeant son départ, a déclenché une répression sanglante contre ses partisans. Les autorités égyptienne­s assurent de leur côté que les prisons égyptienne­s n’enferment aucun prisonnier politique.

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