La Presse (Tunisie)

L’impasse s’éternise

Deux mois après les élections législativ­es, les consultati­ons sont au point mort

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AFP — Les forces politiques italiennes défilaient une dernière fois hier dans le bureau du président de la République, Sergio Mattarella, qui menace de nommer un gouverneme­nt technique alors qu’aucune majorité politique ne se dessine, deux mois après les élections législativ­es. Après deux mois de tractation­s, les positions exprimées en fin de matinée semblent confirmer l’impasse entre la coalition de droite, arrivée en tête avec 37% des voix et menée par la Ligue (extrême droite), le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystèm­e), premier parti avec plus de 32%, et le Parti démocrate (PD, centre gauche), tombé à 19%. Reçu en premier, Luigi Di Maio, chef de file du M5S, s’est dit à nouveau prêt à renoncer à briguer le poste de chef du gouverneme­nt pour favoriser un accord avec la Ligue. «Je suis disposé à choisir un Premier ministre tiers qui ferait un contrat de gouverneme­nt (avec la Ligue, ndlr) contenant impérative- ment trois éléments: une loi anticorrup­tion sérieuse, le revenu de citoyennet­é (le cheval de bataille du M5S, ndlr) et l’abolition de la loi Fornero» reculant l’âge de la retraite, a déclaré M. Di Maio. Il a assuré que le M5S se refusait en revanche à soutenir un gouverneme­nt technique qui serait «là uniquement pour boucler des comptes». Si aucune majorité ne se dessine, «il faut retourner aux urnes», a-t-il martelé. Le chef de la Ligue, Matteo Salvini, qui cherche lui aussi à éviter un gouverneme­nt technique, s’est déclaré prêt, après l’entrevue avec le président Mattarella, à «donner vie à un gouverneme­nt qui commencera­it à résoudre les problèmes du pays». La coalition vise ainsi à la création d’un gouverneme­nt minoritair­e, assurant pouvoir trouver dans les rangs des autres formations les quelques dizaines d’élus qui lui manquent pour obtenir la confiance au Parlement. Selon les médias italiens, il est improbable que le chef de l’Etat donne à M. Salvini le mandat pour former un gouverneme­nt sans la certitude que ce dernier dispose d’une majorité parlementa­ire.

Gouverneme­nt technique

Le président italien se prépare plutôt à nommer un gouverneme­nt technique sur le modèle de celui de l’économiste Mario Monti (2011-2013). Il serait chargé de gérer le pays, de lui rendre la voix qu’il a perdue ces derniers mois sur la scène internatio­nale et de tenir au moins jusqu’à l’adoption du budget. M. Mattarella veut en confier la direction à une personnali­té neutre mais compétente, peut-être une femme. La presse se perd en conjecture­s et aligne les noms, tous inconnus du grand public, sans qu’aucun ne sorte du lot pour l’instant. Quelqu’un d’«un peu pop» et convaincan­t, assure cependant Il Messaggero. Le chef par interim du PD, Maurizio Martina, reçu en fin de matinée, a déclaré que son parti soutiendra­it l’initiative du président. Mais M. Di Maio avait prévenu avant-hier qu’un tel gouverneme­nt n’aurait «pas assez de voix» au Parlement. Le président «n’a pas beaucoup d’options», a noté Lina Palmerini, experte politique du quotidien Il Sole 24 Ore. «Si le Parlement rejette le gouverneme­nt du président, la situation sera très difficile». Selon Lorenzo Pregliasco, cofondateu­r de l’agence d’analyse politique Quorum/YouTrend, «selon les sondages, il est peu probable que de nouvelles élections changent les rapports de force. Et nous avons fait des simulation­s avec d’autres systèmes électoraux comme celui en Espagne: personne n’aurait eu la majorité». Vendredi, le comique Beppe Grillo, fondateur et gourou du M5S, a brouillé un peu plus les cartes en relançant l’idée d’un référendum sur une sortie de l’euro, pourtant officielle­ment enterrée par le mouvement sous l’égide de M. Di Maio. «Grillo a toujours été un esprit libre», a tenté d’expliquer ce dernier.

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