Rencontre avec Ibrahim Al Kouni
Une rencontre, qui s’est déroulée vendredi 4 mai à la salle Omar-Khélifi, a placé les problématiques liées au roman arabe face aux mutations qui s’opèrent sur le plan social et politique dans tout le monde arabe.
« Nous suivons vos propos comme s’ils étaient une prière », c’est en ces termes que l’une des intervenantes à la rencontre avec le grand écrivain libyen a clôturé cette manifestation qui s’inscrit dans le cadre du Forum du roman arabe, organisé par la Maison du roman de la Cité de la culture du 3 au 5 mai. Cette rencontre qui s’est déroulée vendredi 4 mai, à la salle OmarKhélifi, a placé les problématiques liées au roman arabe face aux mutations qui s’opèrent sur le plan social et politique dans tout le monde arabe. A cet égard, le romancier Ibrahim Al Kouni a évoqué plusieurs questions liées à cette thématique, dont la précarité de l’écrivain arabe voué à son sort sans aucun soutien. L’écrivain a rappelé que le but ultime de l’écriture est de démontrer que l’existence humaine est tributaire de notre conscience de soi et que la vérité prend ses racines en chacun de nous. L’écrivain n’écrit donc pas pour changer la réalité, mais pour prouver son existence. Pour Al Kouni, plus l’auteur est distant par rapport à lui-même, à son environnement et à son pays, plus il est inventif et créateur. Il s’agit là de la somme de toute son expérience éditoriale et l’aboutissement de son parcours en tant qu’écrivain qui a vécu l’exil et l’éloignement de son pays qu’il n’a jamais trahi. Pour Al Kouni, l’exil ne se traduit pas par l’éloignement par rapport à la terre natale. L’exil est aussi le recours forcé à l’usage d’une langue dès l’âge de 12 ans. Bien qu’il soit une liberté, l’exil demeure douloureux, car l’exilé ne fait pas partie de ce monde, une métaphore qu’Al Kouni a utilisé dans son ouvrage autobiographique Adouss Assara dans lequel il invite le lecteur dans un voyage à travers le labyrinthe mythologique de la mort et sa course dans les sentiers minés de la vie. Dans ce même ouvrage, l’écrivain a gravé en lettres d’or sa fameuse citation devenue célèbre : « Dieu a honoré les romanciers en leur attribuant la faculté de l’intuition » .