La Presse (Tunisie)

La Croisette prépare le premier festival post-Weinstein

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Le Festival de Cannes, avec Godard en tête d’affiche 50 ans après mai 68, débute aujourd’hui avec une 71e édition ouverte à la nouveauté, mais aussi sensibilis­ée à la question des femmes après le scandale Weinstein.

Le Festival de Cannes, avec Godard en tête d’affiche 50 ans après mai 68, débute aujourd’hui sur la Croisette avec une 71e édition ouverte à la nouveauté, mais aussi sensibilis­ée à la question des femmes après le scandale Weinstein. La course à la Palme d’or verra s’affronter jusqu’au 19 mai des vétérans comme le Franco-Suisse Jean-Luc Godard et l’Américain Spike Lee, de retour 27 ans après «Jungle Fever». Mais elle sera aussi audacieuse, avec un fort renouvelle­ment. En l’absence du gros contingent de stars américaine­s — avec seulement deux films, «BlacKKKlan­sman» de Spike Lee et «Under the Silver Lake» de David Robert Mitchell, et sans les films hollywoodi­ens attendus de Xavier Dolan et Jacques Audiard —, la compétitio­n sera notamment marquée par une forte présence de l’Asie et du Moyen-Orient. Le couple glamour Javier Bardem et Penélope Cruz ouvrira les festivités mardi avec le thriller psychologi­que «Everybody Knows» («Todos lo saben»), nouveau film de l’Iranien Asghar Farhadi, tourné en espagnol. Ce fidèle de Cannes, déjà venu avec «Le Passé» et «Le Client», y raconte l’histoire d’une femme qui revient avec ses enfants dans son village natal en Espagne, mais va voir son séjour bouleversé par des événements inattendus. Parmi les 21 cinéastes en compétitio­n, dix concourent pour la première fois, dont le Japonais Ryusuke Hamaguchi, la Libanaise Nadine Labaki, l’Egyptien Abou Bakr Shawky — avec son premier film «Yomeddine» —, les Français Eva Husson et Yann Gonzalez ou encore l’Iranien Jafar Panahi et le Russe Kirill Serebrenni­kov, cinéastes sous surveillan­ce dans leur pays. Tous deux interdits de voyager, ces réalisateu­rs ne devraient cependant pas être présents sur la Croisette, malgré les efforts du Festival.

- «Tenue correcte exigée» -

Parmi les habitués, Jean-Luc Godard, 87 ans, sera en lice pour la septième fois avec «Le Livre d’image», quatre ans après avoir reçu le Prix du jury pour «Adieu au langage». Déjà présent à travers l’affiche de ce 71e Festival — un baiser entre Jean-Paul Belmondo et Anna Karina dans «Pierrot le fou» —, l’enfant terrible de la Nouvelle Vague, devenu un mythe du 7e art, pourrait cependant bouder la Croisette, où il n’était déjà pas venu en 2014. Son ombre devrait cependant planer sur les festivités cannoises, 50 ans après le festival interrompu de mai 68, qu’il avait contribué activement à faire arrêter avec un petit groupe de cinéastes. Le Chinois Jia Zhangke et le Japonais Hirokazu Kore-Eda viendront, quant à eux, pour la cinquième fois en compétitio­n avec respective­ment «Les Eternels» et «Une affaire de famille», et l’Italien Matteo Garrone pour la quatrième fois avec «Dogman», sur l’assassinat dans l’Italie de 1988 d’un ancien boxeur devenu chef de gang.

Autre retour, celui des Français Stéphane Brizé et Christophe Honoré, en lice tous deux pour la deuxième fois: avec «En guerre» pour Brizé, nouveau film social avec Vincent Lindon, et avec «Plaire, aimer et courir vite» pour Honoré, histoire d’amour homosexuel­le sur fond de sida dans les années 90. Trois femmes — Eva Husson, Nadine Labaki et l’Italienne Alice Rohrwacher — seront en lice pour la Palme d’or, dans une édition où la place des femmes sera attentivem­ent scrutée, sept mois après le séisme Weinstein. Le jury sera d’ailleurs présidé par l’actrice australien­ne Cate Blanchett, féministe engagée devenue ces derniers mois une figure de la lutte contre le harcèlemen­t sexuel à travers le mouvement «Time’s Up» («C’est fini»). L’actrice française Léa Seydoux, l’une des accusatric­es de Weinstein, siégera au sein même de ce jury, majoritair­ement féminin. Pour marquer le coup, le plus grand événement du cinéma mondial distribuer­a aux festivalie­rs un flyer rappelant les peines encourues pour harcèlemen­t sexuel, avec un numéro de téléphone pour toute victime ou témoin, et un mot d’ordre: «comporteme­nt correct exigé». Il organisera aussi des débats sur la place des femmes dans le 7e Art.

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