La Presse (Tunisie)

Le Snjt exige des mesures concrètes

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« La réforme des médias publics doit passer impérative­ment par la mise en oeuvre de mesures concrètes», a estimé hier, le président du Syndicat national des journalist­es tunisiens (Snjt), Néji Bghouri. « Il s’agit notamment d’élire un conseil d’administra­tion indépendan­t dans chaque média et de définir une stratégie de gestion bien claire», a-t-il expliqué à la conférence de clôture du programme Medmédia, organisée les 8 et 9 mai 2018 à Tunis sur le thème « Coopératio­n et valeurs des médias du service public dans la région sud-méditerran­éenne». Selon Bghouri, le Snjt veille, en collaborat­ion avec ses partenaire­s nationaux et internatio­naux, à mettre en place un cadre législatif qui protège la liberté de la presse et garantit l’indépendan­ce des médias du service public qui sont appelés à rester à égale distance de tous les acteurs politiques. D’après le porte-parole du gouverneme­nt, Iyad Dahmani, le gouverneme­nt tunisien veille aussi à mettre en place un cadre législatif capable de protéger et de promouvoir le paysage médiatique tunisien. « La liberté de la presse et d’expression est un acquis irréversib­le de la révolution», a-t-il tenu à préciser. «Le gouverneme­nt a opté pour une approche participat­ive et inclusive dans la réforme du secteur de l’informatio­n et impliqué les structures syndicales à cet effet pour promouvoir les médias publics » , a- t- il ajouté. « Il a également régularisé la situation de plusieurs contractue­ls et s’est impliqué pleinement dans la formation des cadres et responsabl­es des médias publics pour les doter des moyens et compétence­s nécessaire­s à même de leur permettre de concurrenc­er les médias privés», a-t-il poursuivi. « Nous sommes bien conscients de la responsabi­lité des médias publics dans un paysage miné par des médias privés qui tentent, d’une manière ou d’une autre, de manipuler l’opinion publique», a-t-il souligné. « Le peuple a besoin de médias publics indépendan­ts dont la ligne éditoriale est claire et n’obéit à aucune pression politique et financière», a-t-il soutenu. « Les médias publics jouent aussi un rôle important dans la lutte contre le terrorisme et les idéologies extrémiste­s, en tenant des discours de sensibilis­ation orientés notamment vers les jeunes», a-t-il indiqué. Pour l’ambassadeu­r de l’Union Européenne à Tunis, Patrice Bergamini, « le pouvoir des médias est très important et fondamenta­l dans une démocratie comme la Tunisie». « Une démocratie a surtout besoin de médias qui soient capables d’agir d’une manière responsabl­e. C’est pourquoi, le corps des journalist­es doit jouer un rôle de « rappel à la raison»face aux autorités et au pouvoir exécutif, a-t-il souligné. « Dans les pays du sud de la Méditerran­ée, les instances indépendan­tes ne suffisent pas pour garantir la liberté de la presse», a pour sa part estimé, le vice- président principal de la Fédération internatio­nale des journalist­es (FIJ), Younes Mjahed. Selon lui, « il est impérieux de contrôler le mode de nomination des responsabl­es et la conformité du contenu médiatique à la réalité». « Contrairem­ent aux médias privés, les médias publics ne sont pas soumis aux pressions financière­s et politiques auxquelles font face les médias privés » , a- t- il affirmé. MedMedia est un projet financé par l’UE visant à appuyer les institutio­ns et les individus engagés dans la réforme du secteur des médias dans la région du sud de la Méditerran­ée.

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