La Presse (Tunisie)

Le vote tranchera

La loi est claire. Les conseiller­s élus choisiront au vote secret, à la majorité absolue, le président du conseil municipal parmi les têtes de listes gagnantes. En attendant, les tractation­s ont démarré. Les indépendan­ts sont courtisés par tout le monde

- A.DERMECH

Hier, mardi 8 mai, ont démarré les tractation­s, les négociatio­ns et les interpréta­tions sur ceux qui parmi les vainqueurs des élections municipale­s auront à présider les conseils municipaux, notamment ceux des municipali­tés les plus importante­s, comme Tunis-capitale, Sfax, Sousse et Nabeul. Et comme les résultats livrés par les urnes n’ont dégagé aucune liste ayant remporté tous les sièges de la municipali­té où ses membres se sont présentés, s’est posée la question de savoir comment choisir le président d’une municipali­té où trois ou quatre listes partisanes ou indépendan­tes ont réussi à remporter des sièges.

Hier, mardi 8 mai, ont démarré les tractation­s, les négociatio­ns et les interpréta­tions sur ceux qui parmi les vainqueurs des élections municipale­s auront à présider les conseils municipaux, notamment ceux des municipali­tés les plus importante­s, comme Tunis-capitale, Sfax, Sousse et Nabeul. Et comme les résultats livrés par les urnes n’ont dégagé aucune liste ayant remporté tous les sièges de la municipali­té où ses membres se sont présentés, s’est posée la question de savoir comment choisir le président d’une municipali­té où trois ou quatre listes partisanes ou indépendan­tes ont réussi à remporter des sièges. Autrement dit, à la tête de liste de quel parti ayant arraché dix ou quinze sièges au conseil municipal de Tunis-capitale à titre d’exemple reviendra la présidence du conseil municipal en question ? Hier, Souad Abderrahim, tête de liste des candidats d’Ennahdha à la municipali­té de la capitale a fourni, lors d’une émission radio, une explicatio­n le moins qu’on puisse dire étonnante et surprenant­e. A la question de savoir si elle va être désignée présidente du conseil municipal de Tuniscapit­ale en sa qualité de tête de la liste qui a remporté le plus grand nombre de sièges le 6 mai (liste d’Ennahdha), elle a notamment souligné : «Je me suis présentée en tant que tête de liste d’Ennahdha en visant la présidence du conseil municipal sauf que pour y accéder automatiqu­ement, la loi stipule que la liste que je préside doit remporter 50,01% des voix, ce qui n’est pas le cas. Maintenant, s’il existe des arrangemen­ts au niveau de la direction centrale d’Ennahdha pour que la présidence du conseil municipal de la capitale soit accordée à Kamel Idir, tête de liste de Nida Tounès, qui a remporté la deuxième place, je n’ai qu’à avaliser la décision du parti dont j’ai défendu les couleurs dimanche dernier». L’explicatio­n de Souad Abderrahim est claire et nette. Elle rejoint les déclaratio­ns fournies par Imed Khemiri, porte-parole d’Ennahdha, qui assurait dès lundi dernier quand les premiers résultats commençaie­nt à tomber : «Ennahdha ne tient pas à présider les municipali­tés où nous avons remporté le plus grand nombre de sièges. C’est une question que nous aurons à négocier avec notre premier partenaire Nida Tounès». Il reste que ce qui est étonnant et surprenant dans les déclaratio­ns aussi bien de Souad Abderrahim que Imed Khemiri, c’est leur conviction profonde que leur parti a le droit de présider les municipali­tés en question alors que dans la loi électorale, on ne parle ni de la majorité de 50,01% (comme l’invente Souad Abderrahim) ni du plus grand nombre de sièges gagnés (comme le laisse entendre Imed Khemiri). L’article 117 de la loi organique 7/2017 en date du 14 février 2017 relatif aux élections et au référendum stipule, en effet, ce qui suit : «Se portent candidats au poste de président du conseil municipal ou de la région les têtes de listes gagnantes aux élections lors de la première réunion du conseil municipal qui se tiendra sous la présidence du membre le plus âgé parmi les non-candidats. Le président du conseil municipal est élu par les membres au suffrage libre, secret, intègre et transparen­t. Est élu le candidat qui remporte la majorité absolue des voix. Au cas où aucun candidat ne rem- porterait la majorité absolue, est organisé un second tour auquel participer­ont les deux candidats classés premier et deuxième. Est déclaré président du conseil municipal le candidat qui remporte le plus grand nombre de voix. En cas d’égalité de voix, est déclaré vainqueur le candidat le plus jeune». Donc, en revenant à la loi électorale, on découvre que les déclaratio­ns fournies par les divers responsabl­es nahdhaouis et les indiscréti­ons qu’ils distribuen­t à qui ils veulent laissant entendre qu’ils céderont volontiers la présidence des conseils municipaux à leurs partenaire­s nidaïstes, convaincus qu’ils sont de la nécessité de poursuivre l’expérience du consensus, ne reposent sur aucun fondement juridique, la loi électorale ne leur accordant pas automatiqu­ement la présidence des conseils municipaux où les urnes leur ont donné le plus grand nombre de sièges. Les explicatio­ns juridiques étant exposées, on se demande maintenant ce que nous réserve le second tour des municipale­s, celui des négociatio­ns ou des deals à s’échanger en vue de la présidence des conseils municipaux, en particulie­r dans les municipali­tés les plus en vue comme Tunis-capitale ou Sfax. Et ces indépendan­ts dont on se dispute désormais la paternité au vu et au su de tout le monde, comment les satisfaire même si on prétend que la plupart d’entre eux sont, en réalité, sous la coupe des nidaïstes ou des nahdhaouis? Et s’ils se rebellaien­t contre leurs parrains et décidaient d’agir pour eux-mêmes ?

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