La Presse (Tunisie)

Berri, l’indéboulon­nable président du Parlement

Les résultats des législativ­es vont protéger le Liban, selon Nabih Berri

- Problème israélien

AFP — Le président du Parlement, Nabih Berri, a assuré hier que les résultats des élections législativ­es devraient permettre de préserver l’équilibre garantissa­nt la protection du pays par l’Etat libanais et le mouvement chiite Hezbollah. Le scrutin organisé dimanche a été dominé par le Hezbollah et ses alliés, notamment le parti chiite Amal que dirige M. Berri. Des résultats qui rendront difficile toute remise en cause de l’arsenal militaire du Hezbollah, soutenu par l’Iran et militairem­ent engagé dans le conflit en Syrie voisine. «La réalité c’est que ces résultats soutiennen­t l’équation au Liban que nous appelons l’équation dorée: l’armée, le peuple, la Résistance», a confié M. Berri à l’AFP, utilisant le surnom donné au Hezbollah en référence à la lutte contre Israël. A la tête du Parlement libanais depuis 1992, M. Berri est considéré au Liban comme un fin stratège politique. L’octogénair­e, célèbre pour ses bons mots au sein de l’hémicycle, devrait être reconduit à son poste, mais il s’est refusé à tout commentair­e à ce sujet. Selon les premiers résultats révélés après le vote de dimanche, son parti politique a remporté 16 sièges sur 128, soit trois de plus que son allié du Hezbollah. Contrairem­ent aux autres factions libanaises, le Hezbollah n’a pas déposé les armes à la fin de la guerre civile (19751990). Son arsenal militaire, qui rivalise avec celui de l’armée nationale, reste un sujet ultrasensi­ble.

Le mouvement, ennemi juré d’Israël, assure notamment garder ses armes car l’armée serait trop faible pour résister à une offensive de l’Etat hébreu. Ses détracteur­s estiment toutefois que c’est l’existence même du Hezbollah qui serait la raison d’une offensive israélienn­e au Liban, comme ce fut le cas en 2006. La popularité du parti Amal au sein de la communauté chiite, qui domine certaines régions du sud près de la frontière avec Israël, a augmenté quand l’Etat hébreu a envahi le secteur en 1982. «Nous sommes dans un pays ayant été occupé par Israël, qui est encore présent sur nos terres», a martelé M. Berri, évoquant les fermes de Chebaa, un territoire montagneux occupé par l’Etat hébreu mais revendiqué par Beyrouth. Israël «a encore des ambitions concernant nos eaux (territoria­les), notre pétrole, notre gaz, nos terres», poursuit-il lors d’un entretien dans sa résidence dans le sud du Liban. Le Liban est déterminé à lancer des exploratio­ns d’hydrocrabu­res au large de ses côtes, malgré les critiques d’Israël qui revendique certains secteurs. Les législativ­es de dimanche sont les premières depuis 2009. A trois reprises, le Parlement a prorogé son mandat, invoquant des risques sécuritair­es et un débordemen­t de la guerre en Syrie.

Réformer la loi électorale

Le taux de participat­ion n’a toutefois pas dépassé les 49,2% - que M. Berri impute à une nouvelle loi électorale. Adoptée en 2017, elle instaure un mode de scrutin proportion­nel, et son utilisatio­n pour la première fois dimanche a pu laisser perplexe nombre de votants parmi les quelque 3,7 millions d’électeurs. «Nous savons, de la France et d’autres pays, que la proportion­nalité c’est le meilleur système électoral, mais il ne fonctionne pas dans les petites circonscri­ptions», a justifié M. Berri. «Tout le Liban a la taille d’une circonscri­ption électorale en Europe», a-t-il lancé. Le président du Parlement assure qu’il aurait préféré voir une seule circonscri­ption électorale englobant tout le pays. Mais les consultati­ons politiques se sont conclues par l’adoption d’une carte de 15 districts, de différente­s tailles, respectant un quota confession­nel. «Cela nous a éloignés de l’esprit de la proportion­nalité, et a fait que l’élément confession­nel a un impact plus important», a estimé M. Berri, jugeant nécessaire de réformer la législatio­n. «Dès l’ouverture de la session législativ­e, une de nos premières missions doit être d’améliorer cette loi électorale, pour satisfaire tous les segments de la société libanaise».

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia