La Presse (Tunisie)

Medvedev succède à lui-même

374 députés ont voté pour et 56 contre

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AFP — Le Premier ministre russe en exercice, Dmitri Medvedev, a été renommé hier à son poste par les députés de la Douma, chambre basse du Parlement, une large majorité ayant voté pour lui lors d’un scrutin sans surprise. «Je suis, bien sûr, pleinement conscient de la responsabi­lité et des difficulté­s que va rencontrer le gouverneme­nt», a déclaré aux députés M. Medvedev à l’issue du vote. En présence du président russe Vladimir Poutine, qui avait proposé sa candidatur­e la veille, 374 députés ont voté pour la nomination de M. Medvedev et 56 contre. Aucun député ne s’est abstenu. Le suspense était quasiment absent: la Douma est largement dominée par le parti au pouvoir, Russie Unie, qui dispose de 339 des 430 sièges, et seuls le Parti communiste et le parti nationalis­te de gauche Russie Juste avaient dit ne pas soutenir la candidatur­e de M. Medvedev. «Notre parti ne va pas voter pour un tel Premier ministre et une telle équipe», a déclaré le dirigeant du Parti communiste, Guennadi Ziouganov. «Dmitri Anatolievi­tch (Medvedev) n’a pas besoin d’être présenté: il a dirigé le gouverneme­nt ces six dernières années. Vous savez très bien à quel point ces années ont été difficiles (...) En dépit de toutes ces difficulté­s, le gouverneme­nt a réussi à relever des défis exceptionn­els et urgents», a déclaré M. Poutine avant le vote des députés. «Il est extrêmemen­t important d’assurer la continuité et une nouvelle dynamique de travail du gouverneme­nt», a encore plaidé le président russe. Après le scrutin, Vladimir Poutine a signé un décret officialis­ant la nomination de M. Medvedev.

Premier ministre fidèle

Président de 2008 à 2012 mais impopulair­e et marginalis­é au cours du mandat précédent de Vladimir Poutine, M. Medvedev, 52 ans, n’a jamais été désavoué par son mentor auquel il voue une loyauté inflexible. Juriste de formation, Dmitri Medvedev a rencontré Vladimir Poutine au tout début de sa carrière politique, dans les années 1990, à Saint-Pétesbourg (nord-ouest), la seconde ville de Russie. Devenu ensuite le chef de l’administra­tion présidenti­elle, puis vicePremie­r ministre, ce petit brun a été propulsé à la présidence de la Russie en 2008 grâce au soutien et à la popularité de Vladimir Poutine, qui n’avait pas le droit de briguer un troisième mandat consécutif. En 2012, après le retour à la tête de l’Etat de Vladimir Poutine, Dmitri Medvedev est devenu Premier ministre et s’est progressiv­ement effacé du devant de la scène politique, se cantonnant aux questions techniques. La montée en puissance du clan rival des «siloviki» l’a marginalis­é alors qu’il était considéré comme l’un des meneurs de l’aile «libérale» de l’élite politique russe et un partisan d’une modernisat­ion de la Russie. Souvent critiqué pour son manque de charisme, il a suscité plusieurs fois l’indignatio­n auprès des Russes en accumulant les bourdes. «Il n’y a pas d’argent mais tenez-bon», avait-il ainsi lancé en 2016 à des retraités de Crimée qui se plaignaien­t de la baisse de leur niveau de vie. Celui que les Russes surnomment «Dimon» a aussi été accusé en 2017 de corruption par l’opposant principal au Kremlin, Alexeï Navalny, dans une vidéo vue plus de 25 millions de fois sur YouTube qui a été le catalyseur de manifestat­ions massives à travers la Russie.

«Stabilité et transition»

Mais le manque de popularité de son Premier ministre n’a pas empêché M. Poutine de proposer à nouveau la candidatur­e de M. Medvedev lundi, peu après avoir prêté serment pour son quatrième mandat. Devant les députés, Vladimir Poutine a aussi pris la parole pour présenter ses «décrets de mai», d’ambitieux projets de développem­ent sociaux et économique­s pour la Russie dont il n’a toutefois pas détaillé les modalités de mise en oeuvre. «Je considère qu’il est entièremen­t logique que l’équipe (de M. Medvedev) réalise ces plans», a martelé le président russe. «Les nouvelles promesses du président Vladimir Poutine seront remplies par un ancien gouverneme­nt», a ironisé le quotidien Vedomosti, soulignant que «le nom du Premier ministre était connu avant même les élections et l’investitur­e». Pour le quotidien économique RBK, le rôle de M. Medvedev sera surtout «d’assurer la stabilité et la transition vers une nouvelle équipe» en 2024, lorsque le quatrième et probable dernier mandat de M. Poutine s’achèvera.

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