Macron «l’Européen» récompensé par Merkel
Le prix Charlemagne 2018 lui sera remis demain matin par la chancelière, les deux dirigeants se retrouvant ainsi seulement trois semaines après une visite du président français à Berlin
AFP — Emmanuel Macron retrouve Angela Merkel demain à Aix-la-Chapelle (Allemagne), où le président recevra de ses mains le prestigieux prix Charlemagne récompensant «sa vision forte pour une nouvelle Europe», une ambition qui peine à décoller. Cette visite de 24 heures, ce soir et demain, dans la capitale de l’empereur Charlemagne donnera l’occasion à Emmanuel Macron de soigner son image d’Européen convaincu, sur laquelle il a bâti sa victoire à l’élection présidentielle il y a juste un an. Le prix Charlemagne 2018 lui sera remis demain matin par la chancelière, les deux dirigeants se retrouvant ainsi seulement trois semaines après une visite du président français à Berlin. «Merci pour cet honneur. L’Europe mérite qu’on la défende et qu’on la refonde!», avait réagi le chef de l’Etat à l’annonce de l’obtention du prix en décembre. Il est le deuxième président français en exercice, après François Mitterrand en 1988, à recevoir ce prix décerné à une personnalité pour sa «contribution à l’unification européenne». Ont déjà été récompensés Mme Merkel en 2008, le pape François en 2016, et précédemment les Français Simone Veil ou Jacques Delors. La cérémonie se tient chaque année le jeudi de l’Ascension dans la salle de couronnement de l’hôtel de ville d’Aix-la-Chapelle, après la tenue d’une messe. Accompagné de son épouse Brigitte, Emmanuel Macron y prononcera son quatrième grand discours européen après ceux d’Athènes, de l’université de la Sorbonne et, récemment, du Parlement européen, qui ont rythmé sa première année de présidence. Ce sera «un discours de projection» tourné sur «le rêve et l’utopie européenne» à l’horizon «2030/2050», indique l’Elysée. Car il s’agit de «ne pas répéter les messages déjà passés», notamment à la Sorbonne où M. Macron avait dévoilé ses 80 initiatives pour «refonder l’Europe» en septembre.
Divergences
Huit mois plus tard, le bilan est maigre. Notamment à cause de la paralysie du couple francoallemand liée aux longues trac- tations pour accoucher d’un gouvernement de coalition à Berlin à la suite des législatives de septembre. Sortie affaiblie de cette crise, Angela Merkel a affirmé lundi sa confiance de trouver des solutions avec M. Macron avant le prochain grand rendez-vous européen, le sommet des 28 et 29 juin. En dépit de leurs différences, la France et l’Allemagne trouvent «toujours des solutions communes», a-t-elle assuré. Berlin et Paris peinent à avancer sur plusieurs questions, y compris celles considérées comme les plus urgentes et les plus faciles à faire aboutir: l’Union bancaire et la réforme du Mécanisme européen de stabilité (MES), dont la mission est d’aider les pays de la zone euro en grande difficulté. Emmanuel Macron souhaite aussi la mise en place d’une capacité budgétaire pour la zone euro, une idée qui fait peur en Allemagne. Dans ce contexte, l’Elysée préfère mettre en exergue les dossiers ayant progressé ces derniers mois: travailleurs détachés, harmonisation fiscale, financement de la défense ou plus grande maîtrise des flux migratoires. Paris suit parallèlement de près le débat politique en Allemagne, parfois vif sur les propositions françaises. «Les sensibilités différentes ne vont pas disparaître» mais «c’est avec la chancellerie que nous discutons sur la base des engagements» proeuropéens pris à la formation du gouvernement, indique l’Elysée. Et la présidence de souligner, en contre-poids, «le travail» fait en France depuis un an, à savoir le passage du déficit budgétaire sous les 3% du PIB et les réformes structurelles, «que personne ne conteste en Europe». Demain après-midi, Emmanuel Macron se livrera à l’un de ses exercices préférés à l’étranger : le débat sans filet avec des jeunes. Il discutera de l’Europe avec un millier d’étudiants d’Aixla-Chapelle, l’une des villes «les plus européennes» d’Allemagne, car elle est située à quelques kilomètres des frontières avec la Belgique et les Pays-Bas. Ce déplacement lui donnera en outre l’occasion de discuter avec Mme Merkel du dossier ukrainien en présence de son homologue Petro Porochenko, 15 jours avant sa visite en Russie.