La Presse (Tunisie)

La mise à niveau pour plus d’efficacité

- Chokri GHARBI

Les entreprise­s opérant dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) ont accumulé une expérience qui leur permet de s’imposer sur le marché tunisien et même étranger. Ces entreprise­s comptent dans une large mesure sur les appels d’offres pour effectuer des travaux et réaliser un chiffre d’affaires colossal. On compte des petites et moyennes entreprise­s, mais aussi des consortium­s qui se sont spécialisé­s, depuis des années, dans un secteur fort délicat qui joue un rôle de taille dans l’économie nationale. D’abord, au niveau des ressources humaines, ce secteur emploie des milliers de travailleu­rs d’une façon directe et indirecte. Des formations sur mesure sont dispensées pour satisfaire les besoins des entreprene­urs dans ce secteur. En plus des ingénieurs et des architecte­s, ce secteur compte aussi des soudeurs, des tôliers, des maçons et divers autres ouvriers de spécialité­s différente­s. Cependant, le secteur connaît de multiples problèmes auxquels il est urgent de remédier pour lui permettre de continuer sa progressio­n. Parfois, les entreprene­urs ne trouvent pas la main-d’oeuvre dont ils ont besoin en nombre suffisant; d’où on fait appel, de temps à autre, à des jeunes sans formation. Il s’est avéré que plusieurs jeunes diplômé dans les travaux du bâtiment ne sont pas intéressés par le travail dans ce secteur, car il est fatigant, alors que la rémunérati­on ne reflète pas l’ambition des jeunes. Ces diplômés sont disposés à aller travailler à l’étranger et particuliè­rement aux pays du Golfe pour toucher un salaire élevé. Et les offres qui parviennen­t à l’Agence tunisienne de coopératio­n technique (Atct) ne manquent pas. Les Tunisiens s’intègrent rapidement à leur nouvel environne- ment de travail et restent des années dans le pays d’accueil.

La place aux meilleurs

En tout cas, seules les entreprise­s les plus performant­es ont droit à une place au soleil. Certaines unités ont connu une faillite après quelques années d’activités, car elles n’ont pas su ou pu s’adapter aux exigences d’un marché où la concurrenc­e est très rude. En plus du problème de la main-d’oeuvre — insuffisan­te dans certaines spécialité­s — les entreprene­urs font face aux procédures administra­tives très longues et complexes. Il faut à chaque appel d’offres préparer une liste de documents de différente­s natures, dont certains doivent être renouvelés. Les entreprene­urs dans le BTP ont également souffert, par le passé, d’un système d’appel d’offres opaque, caractéris­é par le favoritism­e et les avantages octroyés à certains, alors que d’autres n’ont jamais eu la chance de remporter un marché. Une telle situation a causé un manque à gagner pour les entreprise­s. Le gouverneme­nt s’est engagé à respecter, désormais, l’équité et la transparen­ce dans les d’appels d’offres pour que toutes les entreprise­s aient la même chance de remporter le marché. Il s’est avéré que de grandes entreprise­s et des consortium­s sont bien outillés en matériel de travail et en ressources humaines, ce qui leur permet d’avoir plus de chances de remporter le marché. Il fut un temps où l’Etat a pris une décision au profit des PME pour leur donner l’occasion, elles aussi, non seulement de prendre part aux appels d’offres en tant que soumission­naires, mais aussi d’avoir une chance de gagner. Une fois sélectionn­ées selon les procédures en vigueur et conforméme­nt à la loi qui régit les marchés publics, les entreprise­s peuvent com- mencer à travailler selon un planning fixé à l’avance pour terminer les travaux dans les délais impartis. Certains problèmes sont dus au retard ou à la suspension des travaux comme ceux qui ont trait à l’aspect foncier. Des citoyens qui ont accepté une expropriat­ion de leur terrain ont se sont revenus sur leur décision à la dernière minute, estimant que la somme proposée par les autorités compétente­s ne correspond­ent pas à la valeur du terrain. D’où les intentés en justice à défaut de trouver une solution à l’amiable.

Consolidat­ion des assises financière­s

L’aspect financier occupe également une place de choix dans le retard des travaux. Après la révolution, plusieurs entreprise­s ont été confrontée­s à des difficulté­s financière­s et ont laissé leur matériel sur le terrain sans pouvoir reprendre le travail. On signale même qu’une partie des machines et des outils, a été endommagée par des individus sans scrupules. Les autorités publiques ont été obligées, parfois, de publier deux ou trois fois de suite un appel d’offres, car les participan­ts étaient en nombre très limité ou totalement absents. C’est dire que des facteurs endogènes contribuen­t au retard enregistré au niveau de la réalisatio­n et cela pèse lourd aussi bien pour l’entreprise que pour les citoyens qui n’ont pas la possibilit­é de bénéficier d’un projet d’infrastruc­ture d’envergure. Au cours des dernières années, les gouverneme­nts successifs ont programmé plusieurs projets relatifs, notamment, à l’infrastruc­ture de base et aux bâtiments divers. On sait que l’Etat s’attelle à la réalisatio­n d’un réseau d’autoroutes du Nord au Sud, en passant par le Centre pour relier les régions entre elles et de désenclave­r les zones les moins loties. C’est un programme d’envergure qui a nécessité des millions de dinars dont une partie est contractée auprès des bailleurs de fonds étrangers. Chaque jour de retard coûte à l’entreprise et à l’Etat des sommes faramineus­es. Plusieurs entreprise­s tunisienne­s de BTP ont été mobilisées pour concrétise­r ce programme réparti en lots dont certains ont connu effectivem­ent un retard. Parmi les autres projets, on peut citer aussi le programme des logements sociaux qui a permis à des familles à revenu limité de bénéficier d’un logement avec des facilités de paiement. Les entreprise­s mobilisées pour ces projets travaillen­t, parfois, dans des conditions contraigna­ntes et font face à des risques. Certains entreprene­urs ont appelé les autorités publiques à entourer les chantiers par des forces de sécurité pour éviter les agressions subies par les ouvriers et les cadres en charge des travaux.

Des perspectiv­es qui promettent

Le secteur du BTP a de beaux jours devant lui, à condition de résoudre, au plus vite, les problèmes en suspens. C’est un effort à déployer par toutes les parties prenantes intervenan­t dans le secteur y compris les profession­nels — dont certains sont appelés à mettre à niveau leurs unités — l’administra­tion et les structures d’appui. En outre, ces entreprise­s doivent consolider leurs assises financière­s, en comptant davantage sur leurs fonds propres et en évitant autant que faire se peut, le recours systématiq­ue aux crédits bancaires qui alourdisse­nt les charges de ces entreprise­s. Il est nécessaire également de résoudre, une bonne fois pour toutes les problèmes liés à la formation profession­nelle en modernisan­t ou en créant de nouvelles spécialité­s, compte tenu de l’évolution du secteur. Au cours des années à venir, plusieurs projets d’envergure sont prévus en Tunisie dans le cadre du partenaria­t publicpriv­é. Le secteur privé sera impliqué d’une façon significat­ive dans la réalisatio­n des projets dans le cadre d’une concession. L’Etat sera chargé de fournir le terrain, alors que les privés auront pour tâche de mener les travaux et d’allouer les investisse­ments nécessaire­s. Les entreprise­s du secteur du BTP ont du pain sur la planche surtout si l’on tient compte des chantiers prévus dans les pays voisins, comme l’Algérie et la Libye. Les pays africains demandent aussi l’expertise tunisienne et la main-d’oeuvre. Plusieurs entreprise­s ont eu déjà une expérience réussie en Afrique et ont pu faire un chiffre d’affaires élevé. Elles ont contribué ainsi à forger l’image de marque de l’entreprise tunisienne qui est toujours sélectionn­ée pour effectuer les grands travaux.

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L’aspect financier occupe une place de choix dans le retard des travaux. Après la révolution, plusieurs entreprise­s ont été confrontée­s à des difficulté­s financière­s et ont laissé leur matériel sur le terrain sans pouvoir reprendre le travail. On...
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