La Presse (Tunisie)

Politique de répression ou de dialogue ?

- Par Jalel MESTIRI

Le rideau tombe aujourd’hui sur une saison pas forcément honorable, avec les images déplorable­s auxquelles on a pu assister. La liste des incidents dans les stades s’est étendue. Elle donne de plus en plus l’impression de s’éterniser. A bien des égards, on est aujourd’hui dans un environnem­ent d’excès, de dépassemen­t et de dérèglemen­t. Il est regrettabl­e de constater que les stades ne sont plus peuplés majoritair­ement de familles joyeuses et paisibles, que le football s’encombre de supporters bruyants, que la dégradatio­n des biens publics s’intensifie, que la violence se transforme à l’incitation à la haine. Il s’agit d’un phénomène de société très grave, qui porte préjudice au développem­ent de tout un pays et à la sécurité de ses citoyens.

Les principaux faits d’abus et de violence relèvent de délits graves. La persistanc­e d’incidents de ce genre confirme l’idée que la compétitio­n nationale est bien touchée par un hooliganis­me de masse.

En cette fin de saison, c’est l’occasion certes de rappeler l’impératif et l’obligation de réprimer et d’éliminer les «pseudo-sportifs et supporters» qui gangrènent le football. L’on est convaincu qu’il ne s’agit nullement d’une politique du “tout-répressif”, qu’il est question là de réhabilite­r nos stades avec le triptyque “identifica­tion-interpella­tion-sanction”. Tout le monde convient que la violence dans les stades a pris une nouvelle tournure et qu’on assiste, presque à chaque match, à des actes de violence, de barbarie et de déprédatio­n. Le recours systématiq­ue aux excès a dépassé l’imaginaire et a engendré atteinte physique et blessure, sans compter les dégâts matériels qui se chiffrent à des millions.

Néanmoins, il y a une finalité purement préventive pour éradiquer la violence sous toutes ses formes dans le football tunisien. Il va falloir l’admettre : la liberté d’associatio­n ne doit plus être une liberté particuliè­rement protégée. Les actes de violence répétés impliquent des causes, des enjeux et des degrés de gravité variés. Cela peut engendrer un durcisseme­nt envers tous les supporters sans distinctio­n. Mais il s’agit toujours d’une politique qui pose question.

L’interventi­on devrait être plutôt basée sur l’éradicatio­n pure et simple des éléments perturbate­urs sans pour autant oublier la nécessité de penser à la prévention et au dialogue avec les supporters, avec en parallèle une politique apaisée et efficace.

La nature de la compétitio­n renseigne davantage sur la vision d’intervenir vis-à-vis des supporters que sur la situation de nos stades. D’une façon générale, la violence dans le football est essentiell­ement due aux problèmes sociaux et économique­s, au chômage, au manque de moyens de loisirs et d’évasion. Le stade reste ainsi la seule place où les jeunes peuvent s’exprimer et extérioris­er leur désarroi.

L’interdicti­on judiciaire des stades et la possibilit­é de dissoudre les associatio­ns et les groupes de supporters seraient-elles par conséquent des mesures fondatrice­s pour l’éradicatio­n de la violence?

En somme, dans les propositio­ns susceptibl­es d’être avancées, on peut dégager deux orientatio­ns opposées: l’une intensifie la politique ultra-répressive, l’autre s’éloigne de cette stratégie et revendique la prévention et le dialogue avec les supporters. C’est cette deuxième orientatio­n qui semble la plus efficace.

Mais ici et là, les instances du football et les pouvoirs publics sont aujourd’hui dans l’obligation de trancher une fois pour toutes…

A bien des égards, on est aujourd’hui dans un environnem­ent d’excès, de dépassemen­t et de dérèglemen­t. Il est regrettabl­e de constater que les stades ne sont plus peuplés majoritair­ement de familles joyeuses et paisibles, que le football s’encombre de supporters bruyants, que la dégradatio­n des biens publics s’intensifie, que la violence se transforme à l’incitation à la haine. Il s’agit d’un phénomène de société très grave, qui porte préjudice au développem­ent de tout un pays et à la sécurité de ses citoyens.

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