La poterie, une passion chevillée au corps
Comme toutes les artisanes, Marwa rencontre des difficultés pour écouler ses créations en argile.
Elle a 32 ans, dont huit dans le métier de la poterie. Ce métier, elle l’a appris dans le centre de la fille rurale de sa région. Etre à la tête d’une famille nombreuse ne l’a pas empêchée cette année de participer à la seconde édition du Salon de la création artisanale qui s’est tenu du 26 avril au 5 mai. Elle, c’est Marwa, une jeune potière originaire de Sejnane qui est nostalgique. «Avant, Sejnane était incluse dans les circuits touristiques. Les visiteurs et les touristes venaient nous voir. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on n’accorde plus autant d’importance à notre poterie» , déclare-t-elle sur un ton plein d’amertume. Et de continuer : «Les journées sont dures, la vie est chère. Les potières de Sejnane rencontrent des difficultés pour écouler leurs produits. La matière première est excessivement chère, elle coûte environ 80 dinars. Il est également question d’apprentissage et de manque de moyens pour se procurer la matière servant à fabriquer l’emballage» , note, par ailleurs, l’artisane. Contacté par téléphone, le délégué régional de l’artisanat de Bizerte, Imad Chakroun, nous en dit plus : «Nous assurons l’encadrement dans le contexte du développement continu du secteur et de l’amélioration du produit. Nous assurons, en outre, la formation d’autres artisanes car le métier se transmet de mère en fille» . Marwa a, en fait, quitté l’école après un échec scolaire. D’après ses dires, son échec est dû à la distance qui sépare l’école de la maison. Passionnée par la poterie depuis son jeune âge, elle n’a pas hésité, après avoir interrompu ses études, à se consacrer à l’amour de l’argile transmis par sa mère et sa grand-mère. Selon ses dires, elle vit pour la poterie et par la poterie. Modeste, elle ne veut pas trop parler d’elle. Sa vie est celle de ses personnages qu’elle fabrique. Ainsi la tortue et le poisson figurent parmi sa collection exposée au stand qui attire beaucoup de visiteurs. Visage fin aux yeux malicieux, Marwa nous révèle qu’elle ne dispose pas de beaucoup de temps à cause de ses enfants et qu’elle a du mal à concilier sa vie de mère et d’artisane.