La Presse (Tunisie)

Tout ce qu’il faut savoir sur les terroriste­s emprisonné­s

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Les trois quarts des terroriste­s de retour des foyers de tension et écroués dans les prisons tunisienne­s sont célibatair­es et 90% d’entre eux ont un niveau d’enseigneme­nt moyen, selon une étude académique élaborée par l’Institut tunisien des études stratégiqu­es ( Ites), en collaborat­ion avec le ministère néerlandai­s des Affaires étrangères et deux centres d’études néerlandai­s et américain. Présentée lors d’une conférence de presse organisée hier à Tunis, «cette étude qualitativ­e se veut un moyen pour identifier les véritables motivation­s qui poussent les jeunes à devenir terroriste­s et rompre avec les stéréotype­s persistant­s liés à cette catégorie» , a expliqué le directeur général de l’Institut tunisien des études stratégiqu­es ( Ites), Néji Jalloul. « Issus de quartiers populaires, ces terroriste­s ont une formation incomplète et la plupart d’entre eux ont une faible connaissan­ce religieuse avant d’adhérer aux groupes terroriste­s » , a- t- il ajouté. «Leur sentiment d’appartenan­ce à la patrie est pratiqueme­nt inexistant. La plupart d’entre eux sont envahis par un sentiment de déception, de marginalis­ation et d’injustice sociale. Ils n’ont aucune confiance dans les institutio­ns de l’Etat», a-t-il encore souligné. Pour le coordinate­ur général de l’étude, Fakhreddin­e Louati, cette étude a pour objectif d’aboutir à la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. «La recherche a été axée sur l’analyse du mode de vie des terroriste­s, afin d’identifier les causes de leur adhésion à ces mouvements terroriste­s » , a- t- il ajouté. Selon l’étude, l’adhésion de ces terroriste­s à des groupes terroriste­s est expliquée par une marginalis­ation à la fois économique, sociale, politique, culturelle et communicat­ionnelle. Les groupes terroriste­s ont exploité cette faille et proposé une alternativ­e à ces jeunes qui sont, généraleme­nt, issus d’une classe sociale moyenne ou pauvre. A ce propos, Louati a jugé indispensa­ble de mettre en place un nouveau système social basé sur la sécurité humanitair­e et de réformer les systèmes sanitaire, économique, social et éducatif. Basée sur des entretiens avec 83 terroriste­s condamnés dans les prisons ainsi que sur les résultats de 18 Focus group étudiés par des sociologue­s, des psychologu­es et des experts sécuritair­es, cette étude académique a été réalisée sur une période allant de 2011 à 2014. Elle s’est appuyée également sur des entretiens avec une trentaine de cadres pénitentia­ires et sur une analyse des rapports d’arrestatio­n et d’interrogat­oire des terroriste­s de retour des zones de conflit.

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