Une finale de paradoxes !...
Cette transformation ne reflète pas seulement les exigences qui empêchent les acteurs du football d’accéder à un mode de comportement de niveau respectable, mais cela traduit aussi et surtout une défaillance caractérisée dans tout ce qui a rapport à la privation, aux insuffisances et au renoncement. L’usage qui perdure, faute d’éducation sportive, et le sens exacerbé des uns et des autres, surmultipliés par le milieu ambiant, ont transformé ce qui n’était qu’un sport, en moyen d’expression des réactions les plus violentes, les plus inconséquentes...
Le phénomène de la violence s’est rapidement développé dans les stades pour inspirer les supporters de presque tous les clubs. C’est la conséquence d’un contexte et d’une situation sociale bien particulière. D’oppositions bon enfant, on serait passé à de véritables conflits qui dégénèrent à la moindre défaillance. Même en finale de coupe, l’apothéose de la compétition. Il ne faut surtout pas réduire les fauteurs de troubles à une catégorie de supporters parmi d’autres. Ils se caractérisent, en effet, par un mode de vie et une sous-culture qui s’expriment sous différentes formes, et pas uniquement dans le stade le jour du match. Il est indéniable que ces groupes de supporters soient impliqués de près ou de loin dans des épisodes de violence de plus en plus répétés. Mais la manière radicale d’assimiler la culture des groupes au hooliganisme pourrait renforcer l’image négative et sans nuances véhiculée un peu partout. L’on n’est pas censé ignorer que si des groupes commettent aujourd’hui des actes de violence, c’est aussi et en grande partie à cause des préjugés dont ils ont été victimes dès le départ. Longtemps, les instances dirigeantes du football et les pouvoirs publics ont traité les questions relatives aux supporters sans que ceux-ci soient associés au débat. Ils étaient, en effet, principalement considérés comme la source du problème, et non pas comme un élément essentiel de la solution. Les études réalisées sur les supporters de football démontrent qu’ils représentent assez bien la composition sociologique de l’équipe qu’ils soutiennent. Il s’agit d’une spécificité du football, qui est à la fois un spectacle sportif et culturel. Un spectacle qui draine le plus grand nombre d’individus issus des milieux populaires, lesquels impriment forcément leur marque à l’atmosphère qui règne dans les stades. Le plus souvent, ils cherchent une forme de reconnaissance. Pour ceux qui se présentent en tant que tels, supporter leur équipe est une part essentielle de leur identité. Le club auquel ils appartiennent tient une grande place dans leur vie quotidienne, laquelle tourne autour de l’environnement sportif auquel ils sont attachés et qui va même jusqu’à l’identification. Ils ne se voient pas seulement et simplement comme animateurs de stade, mais ils tiennent aussi à développer une vision critique du football et de ses responsables. Face à une population footballistique en mutation constante, on doit aujourd’hui savoir entretenir l’ambiance dans les stades et le comportement des supporters. Surtout ceux qui développent les réactions les plus conséquentes. Si on concède que l’avenir du football tunisien devrait être mieux pris en compte, on regrette qu’il ne favorise plus la plénitude, l’épanouissement et la bonne ambiance dans les stades. Cette transformation ne reflète pas seulement les exigences qui empêchent les acteurs du football d’accéder à un mode de comportement de niveau respectable, mais cela traduit aussi et surtout une défaillance caractérisée dans tout ce qui a rapport à la privation, aux insuffisances et au renoncement. L’usage qui perdure, faute d’éducation sportive, et le sens exacerbé des uns et des autres, surmultipliés par le milieu ambiant, ont transformé ce qui n’était qu’un sport, en moyen d’expression des réactions les plus violentes, les plus inconséquentes...