La portée d’une consécration
Grande équipe montée de joueurs pas exceptionnels, un entraîneur-révélation et une âme retrouvée en cette fin de saison, le CA peut être fier de ce titre.
Grande équipe constituée de joueurs pas exceptionnels, un entraîneur-révélation et une âme retrouvée en cette fin de saison, le CA peut être fier de ce titre.
Gagner 4-1 au bout d’une finale agitée et très tendue sur le terrain et sur les gradins est quelque chose d’inoubliable pour le CA. C’est très peu commode de voir un classique en finale se terminer sur ce score large. Une énorme joie dans le camp du CA après cette folle saison et tous ces événements au début. En octobre dernier, les Clubistes visaient à s’éloigner de la zone du danger et à pallier le départ du «raté» Simone et de celui d’un certain Slim Riahi qui a tout fait pour ridiculiser ce grand club. Qui aurait cru un instant que ce groupe qui a vu le départ de Ben Mustapha, Meniaoui, Ghandri, Darragi, Zemzemi, Chenihi allait gagner la Coupe devant l’ESS et se qualifier en Ligue des champions ? C’est ça la grande signification de ce titre. Un grand club, une grande équipe courageuse, et pas forcément de grands joueurs, c’est l’équation qu’un certain Kamel Kolsi, qui n’a rien montré d’extraordinaire avant de débarquer au CA, a su résoudre.
Kolsi, Marchand et Simone
Cette finale a été bien gérée par Kolsi qui a «corrigé» les erreurs du match du CSS. Trois jours avant, Kolsi a trop pensé à la finale en prenant le risque de s’exposer au danger du CSS mais heureusement que Ben Guerdane l’a sauvé. Kolsi a appris de ce match, et a mis les grands moyens pour redonner la flamme à ses joueurs. Il a sacrifié Belaïd pour mettre d’entrée Chammakhi. Le 4-3-3 a assommé l’Etoile avec un jeu sur les couloirs et la recherche de la profondeur. Avec des choix techniques restreints, et un banc qui n’offre pas de grandes solutions, il a su motiver ses joueurs et leur rendre la «mentalité clubiste», le concept qui explique la réussite. C’est un enfant du CA, il connaît tous ses rouages, ses maux, la façon dont les choses fonctionnent. Il a réussi, contrairement à Simone et à Marchand aussi, à obliger ses joueurs à suivre son modèle et à s’intégrer dans le moule du club. Et non le contraire. Lui qui a fourni un grand travail de sape qui a aidé Marchand, mais ce dernier, qui cherchait un contrat ailleurs après une période de chômage, a tout fait pour l’éloigner. Justice faite pour Kolsi, entraîneur tunisien, qui n’a pas réussi à l’ASM au début de la saison, mais qui, après ce titre, ne sera plus l’éternel formateur qui ne peut pas gagner. C’est une victoire pour l’école tunisienne des entraîneurs formateurs qui ont un grand savoir théorique. Kolsi a fait mieux, il a repris un grand club en pleine crise pour l’aider à gagner. Pas donné à n’importe qui.
Une équipe unie
Il n’y a pas de très grands joueurs au CA qui vient de gagner. On a de grands noms qui 5 et 7 années en arrière faisaient la une comme Ben Yahia, Khelifa, Belaïd et Dhaouadi. Et on a de jeunes joueurs qui se corrigent encore, tels que Khelil, Ayadi, Charfi (quel apport!), Khefifi, et d’autres joueurs «moyens» mais entreprenants, tels que Abdi, Tka (un grand coeur pour un joueur ignoré depuis trois années), Agrebi, Chammakhi ou Opoko. Si on mettait individuellement les joueurs du CA devant ceux de l’ESS, les Etoilés sont supérieurs. Mais sur le terrain, ce groupe fort dans sa tête et appliqué a joué avec intelligence, avec solidité et cherchait à clore le match d’entrée. C’est ce qui a fait la différence. Les équipiers de Khelil n’ont pas commis de grandes erreurs à part le passage à vide à 3-1, et ont su profiter de leurs moments forts. Ils ne sont pas les noms que Riahi a ramenés à la pelle mais qui sont partis après, ils ne sont pas des joueurs exceptionnels mais ils sont solides et gagneurs. C’est le profil type d’un joueur qui évolue au CA
L’argent ne fait pas toujours le bonheur
Quand le folklorique Slim Riahi a mis des dizaines de milliards sur de grands noms que les agents voraces lui proposaient pêle-mêle, les résultats étaient catastrophiques vers la fin. Il n’y avait pas de politique, de gens qui travaillaient, il n’y avait pas de discipline. Rien. Quand Riahi et un grand nombre de stars sont partis, le CA a compté sur un groupe moyen mais solidaire. Moins d’argent, oui, des problèmes de liquidités avec des grands du club qui regardaient sans intervenir, mais une énorme volonté de réussir. Sans argent, et avec un esprit solide et beaucoup d’ambition, le tout soutenu par un public qui en avait marre des échecs, la formule était payante. Le CA a besoin dans le futur de beaucoup de renforts s’il veut rejouer pour les titres de champion surtout. Il a besoin de liquidités, oui, mais pas n’importe comment. Cet encadrement, malgré tous les reproches et les difficultés, a donné quelque chose. Le nouveau comité élu devra garder cette gestion «solide» et basée sur la passion pour les couleurs du club. De l’argent, le CA va en avoir besoin, mais aussi, il aura besoin de gens dévoués, de moins de problèmes internes, et surtout de garder beaucoup de ces joueurs qui ont progressé. Le modèle clubiste a fonctionné cette saison, mais doit être renforcé prochainement. Il n’y aura plus l’effet surprise. Tout le monde va attendre cette équipe.