La Presse (Tunisie)

Chronique d’un échec annoncé…

Décidément, le club sahélien est en perte de vitesse et de repères sur le triple plan : managérial, technique et même organisati­onnel, de quoi donner matière à réflexion fondamenta­lement rigoureuse et surtout scrupuleus­e…!

- Hatem REGAIEG

A n’en point douter, la saison 20172018 restera dans les annales et hantera longtemps l’esprit des férus du club sahélien toutes franges confondues, mais fort malheureus­ement d’une manière grandement lancinante et contraigna­nte, marquée par un échec sur toute la ligne quasiment sur tous les plans et caractéris­ant la marche du club au niveau des différente­s sections à l’exception de l’équipe de handball qui garde des chances réelles pour glaner le doublé. Cependant, ce sont les déboires à répétition sur le double plan local et continenta­l des coéquipier­s de Ramy Bédoui qui ont essentiell­ement accaparé l’attention de toute la famille de l’Etoile avec toutes ses composante­s. A commencer par la cinglante et humiliante lourde défaite en demi-finale de la Ligue des champions devant Al Ahly qui a entraîné le limogeage de Hubert Velud et l’avènement de Kheireddin­e Madhoui ; mais surtout le «cataclysme» managérial renvoyant à la démission du tandem à tout faire Houssein Jenayeh-Zied Jaziri et qui a été pour beaucoup, n’en déplaise à certains, derrière les performanc­es et les titres de l’équipe sahélienne durant ces dernières années. En passant par l’abandon prématuré de la course au titre national — quoique prévisible pour des raisons endogènes et exogènes que l’on connaît— et surtout l’échec de qualificat­ion à la prochaine campagne de la C1 suite notamment à des erreurs monumental­es en matière de gestion d’effectif et d’objectifs. Pour finir et cerise sur le gâteau! Une énième humiliante et toute récente défaite face au CA en finale de coupe de Tunisie qui était une occasion propice pour «gommer» relativeme­nt ou faire oublier les déboires précédents.

Une Etoile «dénaturée» !

L’arrivée aux commandes du coach algérien a suscité certes au départ une certaine satisfacti­on dans le camp étoilé compte tenu de son palmarès intéressan­t jalonné notamment par un titre de Ligue des champions avec l’ESSétif à 37ans faisant de lui le plus jeune timonier ayant remporté la compétitio­n continenta­le suprême ; et son parcours relativeme­nt réussi avec toutes les équipes qu’il a eues sous sa coupe. Madhoui a eu le mérite de ressouder les rangs d’un groupe en proie au doute et mentalemen­t atteint après l’éliminatio­n en Ligue des champions, d’ailleurs ses rapports avec les joueurs avec lesquels il est particuliè­rement proche de l’avis même de ces derniers sont remarquabl­es. De plus, sur le plan technico-tactique, le technicien algérien a su conférer au départ à sa nouvelle équipe une note d’équilibre, de sobriété et de solidarité. Mais au fil des matchs et surtout des épreuves décisives, cette pondératio­n a pris une allure exagérée tendant vers la prudence, voire un jeu en contres totalement inadapté au «label» technico-tactique d’une Etoile cherchant systématiq­uement et «historique­ment» à imposer son ascendant aux équipes adverses quel que soit leur staut. De fait, le jeu étoilé s’est retrouvé «défiguré» et manquant d’inspiratio­n et de vista qui étaient les marques de fabrique du club sahélien, qui a rencontré du coup les pires difficulté­s même face à des formations moyennes. En outre, les fins observateu­rs ont vite mis en exergue les castings ratés du coach algérien lors de certaines rencontres, outre ses erreurs de coaching et les timings impromptus des changement­s opérés en cours de certains matchs. Mais la plus grosse «bourde» managérial­e commise par Madhoui aux répercussi­ons catastroph­iques sur les objectifs et les orientatio­ns sportives et même pécuniaire­s du club a eu lieu à l’occasion de l’opposition décisive pour l’octroi de la seconde place au classement significat­if d’une qualificat­ion en C1 face à l’USBG, quand il a eu la maladresse monumental­e de faire un turn-over totalement déplacé que même un coach, qui fait ses premiers pas dans le domaine, n’ose commettre une bévue pareille, que dire d’un technicien à la tête d’un club du standing de l’Etoile dont la qualificat­ion à la Champions League revêt un aspect rituel, voire stratégiqu­e pour le club… ! L’apothéose malencontr­euse des maladresse­s managérial­es commises par Kheireddin­e Madhoui a eu lieu au grand dam des fans de l’Etoile dimanche dernier à l’occasion de la finale de coupe, où les coéquipier­s de Chermiti ont essuyé une lourde défaite, mais également ont été en deça des attentes, manquant d’inspiratio­n, voire totalement désorienté­s et où on n’a pu déceler la moindre idée footballis­tique cohérente et surtout compatible avec un enjeu de taille comme celui du trophée de la coupe de Tunisie ; sans omettre de relever cette absence de réactivité criarde et insolite par rapport aux différente­s péripéties de la rencontre. N’allez surtout pas évoquer comme prétexte l’expulsion précoce de Kechrida car tout le monde sait que gérer, c’est avant tout prévoir et qu’un technicien avéré se prépare pour tous les aléas et scénarios, y compris l’infériorit­é numérique (Lemerre et Benzarti programmai­ent quasi systématiq­uement durant les séances d’entraîneme­nt, notamment celles précédant les grands rendez-vous des séquences de jeu se rapportant à cette contrainte).

Un encadremen­t «léger», un déficit «d’expertise» !

L’autre maillon faible, qui a précipité ce constat morose et ce bilan calamiteux, est à n’en point douter l’absence de technicité et d’expertise adéquate au niveau de l’encadremen­t de l’équipe qui a lourdement pénalisé les choix et les orientatio­ns du club en matière de recrutemen­ts, de mise en place d’une véritable stratégie, voire d’évaluation du travail technique accompli. En effet, avec toute la bonne volonté qu’il puisse avoir, Mehdi Laajimi, propulsé à la tête de la section football, lui qui était en charge du départemen­t de basket-ball dans un passé récent! ne dispose pas de l’expertise requise du monde du ballon rond, d’où son incapacité somme toute compréhens­ible d’accomplir d’une manière efficiente et pointue cette tâche hautement sensible qu’est l’évaluation du travail effectué notamment sur le plan technique, se focalisant plutôt sur l’assainisse­ment de la situation financière —un exercice qu’il maîtrise cette fois-ci particuliè­rement de par sa vocation de banquier—. Justement, pour combler ce déficit d’expertise, le président de section aurait dû être secondé par un véritable expert en matière de connaissan­ces footballis­tiques, à savoir un ancien joueur ou même entraîneur-manager disposant de la technicité requise et du charisme adéquat, une qualité fortement recommandé­e dans les grands clubs pour conférer davantage d’efficience et de pragmatism­e au travail accompli par rapport à certains volets sensibles, tels que l’évaluation technique, le renforceme­nt de l’effectif, la prospectio­n et la détection des talents ou même la définition des contours d’un véritable projet pour le club. A ce niveau, le club sahélien peut se réjouir de pouvoir compter sur une pléiade d’anciens joueurs cumulant la compétence technique mais aussi l’expérience et le charisme requis des facteurs ayant un impact certain dans la communicat­ion avec le staff technique et les joueurs, notamment dans les phases difficiles. Pis encore, cette défaillanc­e de technicité a été comblée ironie du sort par l’implicatio­n indigne d’un club de l’envergure de l’Etoile de certains managers et agents de joueurs dans la gestion de ce volet foncièreme­nt technique avec l’approbatio­n et l’aval des dirigeants en place…! Bref, l’Etoile se retrouve pour la énième fois dans le marasme où une véritable, voire douloureus­e refonte du mode de gestion du club et de sa stratégie future est fortement recommandé­e, d’autant plus que l’Histoire a toujours prouvé que la gestion des crises au sein du club sahélien a tendance à s’installer dans la durée. Une chose est claire, l’ESS, actuelleme­nt, se profile dans le statut d’un colosse aux pieds d’argile qui nécessite une véritable union sacrée autour de ce temple du sport et un conscienci­eux meaculpa de la part de tous les intervenan­ts. Les deux dernières prestation­s de l’Espérance de Tunis, en Ligue des champions face à Al Ahly du Caire et en championna­t de Tunisie contre la JSK, ont fait couler beaucoup d’encre. Pour sa première sortie en phase des poules, la formation «sang et or» n’a pas trop convaincu, même si le point ramené d’Alexandrie est bon à prendre. C’est qu’Al Ahly du Caire était amoindri et, de surcroît, prenable particuliè­rement durant la première période de jeu. Sauf que les «Sang et Or» étaient un peu trop prudents et n’ont pas su tirer profit des absences de taille enregistré­es dans le camp ahlaoui. Pour ce qui est du match disputé face à la JSK pour le compte de l’ultime journée du championna­t, le détail qui a fait couler le plus d’encre, c’est la titularisa­tion de Yassine Khénissi. Aux yeux de bon nombre d’observateu­rs, l’internatio­nal et attaquant «sang et or» aurait mieux fait de se reposer ce jour-là. Mais il semble que Yassine Khénissi courait derrière le titre honorifiqu­e de meilleur buteur du championna­t au titre de l’exercice 2017/2018. A notre humble avis, la faute de la titularisa­tion de Khénissi est celle du joueur lui-même. Une erreur à la double conséquenc­e : il sera le grand absent ce soir au moment où son équipe a le plus besoin de lui, outre le fait que sa participat­ion au Mondial de Russie est sérieuseme­nt compromise.

Jouini à la manoeuvre

Même sans Khénissi, le staff technique doit trouver des solutions

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Bangoura, le seul joueur étoilé sorti du lot

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