Bruxelles met au point une réponse aux sanctions américaines
«Nous lançons le processus de la loi de blocage, le ‘blocking status’ de 1996, qui vise à neutraliser les effets extraterritoriaux des sanctions américaines», explique le président de la commission
AFP — Les Européens ont annoncé hier leur première réplique concrète aux tentatives des Etats-Unis de Donald Trump d’isoler économiquement l’Iran, dans le sillage des pions avancés par les Russes et les Chinois pour maintenir leurs liens avec Téhéran. Le retrait américain de l’accord sur le programme nucléaire iranien, accompagné du retour des redoutées sanctions américaines, fait brusquement planer des risques financiers considérables sur les entreprises voulant investir en Iran depuis la signature de ce document historique en 2015. «Nous devons maintenant agir», a déclaré le président de la Commission européenne Jean Claude Juncker, à l’issue d’un sommet des dirigeants européens avec leurs homologues des Balkans à Sofia, éclipsé par le «front uni» que les Européens ont voulu afficher face à Washington. «C’est la raison pour laquelle nous lançons le processus de la loi de blocage, le ‘blocking status’ de 1996, qui vise à neutraliser les effets extraterritoriaux des sanctions américaines», a-t-il déclaré devant la presse. «Nous devons le faire et nous le ferons demain matin à 10h30», a-t-il ajouté. L’outil évoqué est un règlement européen datant de 1996, créé à l’origine pour contourner l’embargo sur Cuba et qu’il s’agit désormais d’adapter. Il permet aux entreprises et tribunaux européens de ne pas se soumettre à des sanctions prises par des pays tiers. Le désaccord avec les EtatsUnis sur l’embargo cubain avait toutefois été résolu au niveau politique, et donc l’efficacité de ce règlement n’a jamais été éprouvée. Son effet pourrait être plus symbolique qu’économique, selon une source européenne. «Le cas iranien va probablement impliquer le renforcement de la Chine dans la région», s’est inquiétée hier une source diplomatique à Sofia, illustrant les craintes de voir les Russes et les Chinois tirer avantage de la situation.