«Rabbi Maâya», nouveau titre de Bendirman
Bendirman explore de nouvelles pistes avec un nouveau son plus proche du trip hop de l’électro, tout en gardant ce lien très étroit avec les mélodies si particulières de la musique chaâbi tunisienne.
A chaque fois qu’il disparaît, on s’attend au pire mais il revient avec le meilleur. Bendirman s’est accordé une pose bien laborieuse pour mieux réapparaître et voici le troisième titre de son prochain album «Chaâbi», «Rabbi Maâya» qui le réunit avec Phenix, Chaima Mahmoud et Rush. Troisième titre et troisième clip d’une longue série qui a commencé avec «Allah ysamhek» avec Fahmi Riahi et «cha3bi» avec Asma Othmani et se poursuivra avec 7 autres featuring dont un qui sera marqué par la participation de Abderrazek Kliou et sa chanson «Dhag el khater». Avec «Rabbi Maâya», Bendirman explore de nouvelles pistes avec un nouveau son plus proche du trip hop de l’électro tout en gardant ce lien très étroit avec les mélodies si particulières de la musique chaâbi tunisienne. Le nom de cha3bi n’est pas anodin car le but de ce projet est de réconcilier notre jeunesse avec un nouveau cha3bi, une musique tunisienne 2.0 qui peut s’exporter à l’étranger d’où le choix de l’anglais avec Chaïma Mahmoud. Cette chanson parle d’une jeunesse tunisienne perdue, qui se cherche, une jeunesse symboliquement castrée, usée par les traditions et les pathologies de ses aînés et qui vit un doulou- reux tiraillement entre le sens du péché et le poids du religieux. Cette chanson est loin d’être moralisatrice, bien au contraire ; les paroles disent clairement : «Dieu est avec nous tous et ce n’est pas aux êtres humains de porter des jugements…» . Et comme Bendirman nous a toujours habitués à des clips bien soignés, ce dernier n’est pas une simple illustration des paroles, mais un scénario bien ficelé avec un jeu d’acteurs très prenant. L’image en noir et blanc donne une certaine esthétique à l’ensemble et un univers si spécial d’une belle facture. Bendirman aime s’entourer de ses ami(e)s dans ses projets, il collabore d’une manière si généreuse avec d’autres voix. Il connaît bien l’apport de chacun d’entre eux. Les incrustes de Chaïma Mahmoud apportent fraîcheur et douceur, et les interventions de Phenix donnent du punch, force et vitalité. Quand Bendirman propose un titre nouveau, c’est une histoire qu’il raconte, sa voix s’apparente à celle d’un narrateur qui, avec la mélodie proposée nous envahit d’une douce et tendre cruauté. Ce troisième album, qui vient après un premier produit clandestinement en 2011, et «Zoufri» en 2014, sera bouclé en juillet 2018, et sera suivi d’un album solo qui sort en septembre avec un tout nouveau spectacle. La production de ce spectacle se fera parallèlement à un channel youtube qui va diffuser des live sessions de duos entre jeunes artistes traditionnels, qui se produiront par la suite dans le nouveau théâtre «kafichanta» qui ouvrira ses portes fin juin à Gammarth.