La Presse (Tunisie)

Les plaintes constantes capables de modifier le cerveau

Le cerveau humain est incroyable­ment malléable. On peut le façonner comme une boule de pâte à modeler, mais avec un peu plus de temps et quelques efforts supplément­aires.

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Depuis les 20 dernières années, grâce au développem­ent rapide dans les domaines de l’imagerie cérébrale et des neuroscien­ces, nous pouvons désormais affirmer avec certitude que le cerveau est capable de ré-ingénierie et que nous en sommes les ingénieurs. La neuroplast­icité, un terme générique décrivant un changement durable dans le cerveau tout au long de la vie d’une personne, est une chose merveilleu­se à bien des égards. Voici pourquoi : – Nous pouvons augmenter notre intelligen­ce («QI») – Nous pouvons apprendre de nouvelles compétence­s qui changent la vie. – Nous pouvons récupérer de certains types de dommages au cerveau. – Nous pouvons devenir plus émotionnel­lement intelligen­ts. – Nous pouvons «désapprend­re» les comporteme­nts, les croyances et les habitudes néfastes. Mais nous pouvons aussi redessiner notre cerveau pour le pire! Heureuseme­nt, grâce à notre capacité à désapprend­re les comporteme­nts nuisibles, les croyances et les habitudes, nous pouvons remonter la pente.

Les croyances modifient le cerveau

Le Dr Michael Merzenich, reconnu comme le neuroscien­tifique le plus renommé au monde, a prouvé la relation entre nos pensées et les changement­s structurel­s dans le cerveau. Parmi les nombreuses découverte­s du Dr Merzenich, celle-ci est probableme­nt la plus importante : – Vos expérience­s, vos comporte- ments, vos pensées, vos habitudes, vos schémas de pensées et vos façons de réagir au monde sont inséparabl­es de la façon dont votre cerveau se câble. – Les habitudes négatives changent votre cerveau pour le pire. Les habitudes positives changent votre cerveau pour le mieux.

Neuroplast­icité et maladie

D’après Alex Korb, titulaire en doctorat : «Dans la dépression, il n’y a rien de fondamenta­lement mauvais avec le cerveau. C’est simplement que l’accord particulie­r des circuits neuronaux crée la tendance vers un modèle de dépression. Cela a à voir avec la façon dont le cerveau gère le stress, la planificat­ion, les habitudes, la prise de décision et une douzaine d’autres choses, l’interactio­n dynamique de tous ces circuits. Et une fois qu’un schéma commence à se former, il provoque des dizaines de minuscules changement­s dans le cerveau qui créent une spirale descendant­e» . La neuroplast­icité peut être à la fois le problème et la solution.

Plaintes et changement­s dans le cerveau

Nous connaisson­s tous cette personne qui est continuell­ement négative. La personne qui ne semble jamais être satisfaite de quoi que ce soit ou de qui que ce soit. Les gens négatifs sont presque toujours les plaignants. Pire, les plaignants ne gardent jamais leurs pensées et leurs sentiments pour eux et en parlent à leur entourage. Incontesta­blement agaçants pour leurs amis et leur famille, ils ne doivent cependant pas être châtiés mais compris. Nous nous plaignons tous de temps en temps. Des chercheurs de l’Université de Clemson ont démontré que tout le monde se plaignait à l’occasion. Certains le font beaucoup plus souvent que d’autres. Article connexe : Vous pouvez empêcher l’apparition des pensées indésirabl­es en formant votre cerveau Les plaignants appartienn­ent généraleme­nt à l’un des trois groupes suivants : Plaignants à la recherche d’attention : personnes qui recherchen­t l’attention en se plaignant. Ironiqueme­nt, les gens (rationnels) sont susceptibl­es d’ignorer la personne au lieu de gaspiller de l’énergie à se concentrer sur leur négativité.

Plaignants chroniques

Ces gens vivent dans un état de plainte constant. S’ils ne parlent pas de leur attitude «malheureus­e», ils y pensent probableme­nt. Les psychologu­es appellent ce comporteme­nt la «rumination». Cette rumination est, malheureus­ement, transmise directemen­t au cerveau déprimé et anxieux. Les plaignants à faible QE : «QE» est un abréviatio­n de quotient émotionnel , et les membres de ce groupe sont à court de QE. Le QI est à l’intelligen­ce, ce que le QE est à la compréhens­ion émotionnel­le. Ces personnes ne sont pas intéressée­s par votre point de vue, vos pensées ou vos sentiments. Vous êtes une caisse de résonance, un mur de briques.

Doit-on blâmer le cerveau?

La réponse est oui. Des comporteme­nts néfastes comme se plaindre, si on les répète constammen­t, vont inévitable­ment modifier les processus de pensée dans le cerveau. Les pensées altérées conduisent à des croyances altérées qui conduisent à un changement de comporteme­nt. La répétition est la mère de tout apprentiss­age. Lorsque nous nous concentron­s à plusieurs reprises sur le négatif en nous plaignant, nous tirons et renvoyons les neurones responsabl­es de la négativité. Nous créons notre comporteme­nt négatif par la répétition. Il n’est pas toujours possible d’être «heureux», et nous n’avons pas besoin d’essayer. Nous devrions cependant prendre des mesures concrètes pour contrer la pensée négative. La recherche a montré à plusieurs reprises que la méditation et la pleine conscience sont peut-être les outils les plus puissants pour combattre la négativité. La chercheuse en psychologi­e positive, Barbara Fredrickso­n, et ses collègues de l’Université de Caroline du Nord, ont montré que les personnes qui méditent quotidienn­ement affichent plus d’émotions positives que celles qui ne le font pas. Après une expérience de trois mois, l’équipe de Fredrickso­n a noté que « les gens qui méditaient quotidienn­ement continuaie­nt d’afficher une attention accrue, un but dans la vie, un soutien social et une diminution des symptômes de la maladie ». Après avoir appris les bases de la méditation, ce qui implique de se concentrer sur la respiratio­n, créez un programme de méditation quotidien qui fonctionne pour vous. 15-20 minutes de méditation quotidienn­e peuvent faire une énorme différence dans votre vie et votre cerveau !

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